Le 1er octobre 2019
Mon mec, j’en suis tombée amoureuse à la seconde où il a ouvert sa bouche pour me faire une blague. Le coup de foudre, ça ne m’était jamais arrivé avant, et je sais que ça ne m’arrivera plus jamais.
Gabriel, l’homme de ma vie
Gabriel est l’homme le plus intègre et loyal que je connaisse. Il est la justice incarnée et interroge sa morale avant d’envisager toute action. Je l’aime pour ça, et pour tout le reste : pour sa tendresse, son amour infini, sa beauté, son sens de l’amitié, sa manière de nettoyer la table basse, de rouler une cigarette, de me prendre dans ses bras.
Partager son quotidien n’a jamais été difficile, au contraire, tout est plus simple avec Gabriel.
Depuis 8 ans, nous avons tout fait main dans la main, en cédant toutefois à la colère de temps en temps, qui me semble parfois nécessaire au sein d’un couple. Une colère saine, dirigée contre les défauts de l’autre et les nôtres aussi, qui encourageait toujours la discussion et les concessions. Gabriel et moi sommes meilleurs amis, meilleurs alliés et formons une famille au-delà d’une simple et basique notion de couple.
Mais voilà, il y a 1 an, je suis tombée amoureuse d’un autre homme, Zaac, qui faisait partie de mon environnement professionnel.
Un amour à la maison, un amour au travail
Ça m’est tombé sur le coin du museau sans que je voie quoi que ce soit venir. Mais au lieu de mettre un terme net et immédiat à cette relation, j’ai préféré l’alimenter, heureuse d’avoir un homme qui me courtisait, me regardait avec le feu des débuts.
Tout est parti d’une crise égotique je pense. Un besoin de séduire, comme souvent, et d’être désirée.
Au départ, je n’ai échangé avec cet autre homme que des regards, des rires et des repas à la cantine de notre entreprise. Mais ce qui était léger s’est vite transformé en un enjeu majeur dans ma vie.
Zaac m’apportait un nouveau souffle dont je n’étais pas consciente d’avoir besoin. Les déjeuners à la cantine se sont transformés en apéros le soir, en textos toute la journée et en coups de fil le week-end. Zaac me rendait heureuse, Gabriel me rendait heureuse.
Je pouvais jouir d’un amour à la maison et d’un amour au travail. Mais Gabriel me connaissait trop bien pour ne pas se rendre compte que quelque chose avait changé.
Rompre pour sauver son couple
Mes attentions envers lui n’étaient plus les mêmes, mes gestes étaient différents, mon envie de sexe plus récurrente, plus animale.
Il a su quasi-immédiatement que j’avais rencontré quelqu’un d’autre.
Alors j’ai dû « régler le problème » en dînant avec Zaac, et en lui précisant que rien n’était possible entre nous, puisque j’avais déjà quelqu’un dans ma vie et entendais bien l’y laisser. Je lui ai alors proposé de poursuivre notre belle amitié, en s’asseyant sur nos sentiments naissants.
Nous avons continué à nous voir, mais rien de ce que nous échangions, comme paroles et regards n’étaient caractéristiques d’une amitié. C’était bien le désir et l’amour qui régissaient nos corps, dirigeaient ce qui restait de nos neurones ramollis par l’insouciance. Gabriel s’en est rendu compte, et il a bien fallu prendre une décision. C’est d’un commun accord que Zaac et moi avons cessé de nous voir.
Nos adieux ont été déchirants mais nécessaires.
Toutefois, pendant l’année qui a suivi, j’ai souvent pensé à ce que ma vie aurait pu être avec lui. Il avait le beau rôle : celui du fruit défendu qui encourage le fantasme. Gabriel avait pour lui le quotidien et l’amour dont on sait qu’il ne mourra pas. Mais qu’est-ce que l’habitude quand on peut goûter au désordre plein et total ?
Je suis une femme impulsive, qui écoute son ventre, son bas-ventre surtout. J’ai toujours été dirigée par mes désirs, m’abaissant à les assouvir sans penser aux conséquences. Mon égoïsme, j’en suis consciente, et j’ai voulu lui trancher la gorge plusieurs fois, l’éviscérer, pour être une femme plus droite, dont j’aurais moins honte.
La nuit qui a tout fait basculer
Mais il y a quelques semaines, j’ai finalement cédé à mes pulsions, après un diner aves des amis, où Zaac était présent. Ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas vus, mais en dépit de mes certitudes, rien n’avait changé. Entre nous demeurait une connexion intellectuelle inédite, une électricité irrésistible et une entente parfaite. Zaac me fait rire comme personne, et je ne sais pas résister à son humour.
J’ai donc fini par coucher avec lui.
Ce qui aurait pu mettre un terme définitif à notre désir n’a fait que l’augmenter. Nos ébats ont été puissants, nos râles profonds et graves. J’ai su après avoir fait l’amour avec Zaac que ma vie allait prendre un autre tournant. Je ne pouvais plus ignorer les sentiments qui m’habitaient, mais je n’étais pas prête non plus à mettre un terme à la plus grande histoire d’amour de ma vie, d’autant que celle-ci était parfaite et éternelle.
J’ai finalement avoué à Gabriel ce qu’il s’était passé, et lui ai annoncé qu’il me fallait partir quelques semaines de la maison pour y voir plus clair.
Mais ce laps de temps dont je pensais avoir besoin pour MOI, pour MA GUEULE, je ne l’ai passé qu’à penser à l’amour de ma vie, Gabriel, et à l’autre homme que j’aimais aussi, Zaac. Dans une impasse, incapable de me séparer de l’un ou de l’autre, j’ai compris que la pluralité amoureuse existait.
Le polyamour, la solution miracle ?
Je pense sincèrement, depuis ma nuit d’amour avec Zaac et l’explosion des sentiments, que l’amour n’est pas divisible mais bien multipliable.
Mes sentiments pour Zaac ne diminuent en RIEN ceux que j’éprouve pour Gabriel. Alors, plutôt que de faire un choix, je me suis posée une question : pourquoi ne pas garder les deux dans ma vie ? Pourquoi choisir ?
J’en ai parlé à Zaac avant d’en parler à Gabriel, car je savais au fond de moi que c’est ce dernier qui s’opposerait à mon idée. Zaac m’a répondu :
« Qu’est-ce que je dirais aux gens ? Voilà, c’est Anna, ma meuf. C’est aussi celle de Gabriel. »
Ce que craignait Zaac c’était le regard des autres, la désapprobation de la société. Eh oui, ici on nous apprend depuis toujours qu’il n’y a qu’une addition possible : 1 + 1 = 2. L’ajout d’un autre chiffre à celui-ci est inenvisageable au regard de la société. Et pourtant, qu’est-ce qu’on s’en tape !
En tout cas, je me moque de ce que peuvent penser les autres de mon amour, de mes envies. Je n’ai jamais considéré autrui comme un facteur sérieux ou décisif dans mes relations amoureuses, amicales ou parentales.
De mon côté, ce problème n’existe pas.
Un dilemme bientôt résolu
Après m’avoir longuement écoutée lui dire qu’il avait été formaté pour ne penser qu’à deux, Zaac a considéré mon projet. Aujourd’hui, il me reste à en parler à celui dont je sais qu’il va être l’élément réfractaire : Gabriel qui m’aime, et pourra difficilement me partager.
Je le sais d’autant plus que de mon côté j’aurais toutes les difficultés du monde à accepter de le voir aimer une autre femme.
Est-ce que ça fait de moi une personne égoïste, régie seulement par ses petites envies ? Ou est-ce que cela fait de moi une femme qui veut vivre sa vie pleinement et selon ses conditions à elle ? Et est-ce que ça n’est pas la même chose ? Je compte en parler dès demain à Gabriel, l’homme que j’aime plus que tout au monde.
S’il me répondait par un non franc, alors je ferais un choix, et je sais qu’il se dirigera toujours vers Gabriel, celui que j’aime depuis le début à m’en déchirer le bide. Mais au fond, j’espère pouvoir garder près de moi ces deux hommes merveilleux, capables de tolérance extrême, d’intelligence émotionnelle et d’empathie.
Je rêve de les réunir à un même dîner, qu’ils deviennent amis et que l’on entame une vraie relation à trois, entre amour et amitié. Une relation plus libre, une forme de trouple.
Je sais que si l’on prend cette voie-là, le parcours sera ardu, puisque la jalousie et la compétition finiront par éclore, si elle n’ont pas déjà éclos. Le flou est pour l’instant total, mais j’espère y voir plus clair dans les semaines qui arrivent, avec la réponse de Gabriel et le démarrage d’une potentielle nouvelle vie.
En tout cas, je sais que cette situation ne découle que d’amours sincères, alors peu importe l’issue, elle sera la bonne. J’en suis persuadée.
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