En attendant la sortie de Nope au cinéma le 10 août, les hypothèses continuent de fuser autour du nouveau film de Jordan Peele. Après avoir dévoilé une bande-annonce remplie de surprises inattendues, le maître de l’horreur sociale s’est exprimé.
Une expérience immersive
De Get Out à Us, les films de Jordan Peele sont toujours des masterclass du genre. Ils brillent par leur capacité à nous mettre les chocottes tout en déployant des pistes d’interprétations passionnantes. Si l’on sait que Nope s’attaquera aux mystères de la science-fiction et des OVNI, on se demande déjà quels thèmes sociétaux et philosophiques le traverseront.
Lors d’un entretien avec le magazine américain Empire, Jordan Peele a évoqué quelques pistes en avant-première. « J’ai commencé par vouloir faire un film qui plongerait le public dans l’expérience immersive de la présence d’un OVNI ». Mais il a expliqué qu’à partir de ce point de départ, le propos du film s’était élargi :
Je voulais créer un spectacle, quelque chose qui mettrait en avant ma forme d’art préférée, mais aussi ma façon préférée de consommer cette forme d’art : l’expérience cinématographique. Lorsque j’ai commencé à écrire le scénario, j’ai commencé à creuser la nature même du spectacle, notre dépendance au spectacle et la nature insidieuse de l’attention. Voilà de quoi parle mon film. »
L’effacement des personnes noires dans l’histoire du cinéma
La puissance du cinéma de Jordan Peele est de révéler l’omniprésence du politique et surtout du racisme, y compris dans ses formes les plus insidieuses. Ainsi, parler de l’histoire du spectacle cinématographique, c’est aussi interroger l’éviction des personnes noires de cette histoire. Il explique : « La partie de l’histoire afro-américaine dont il est question est la « spectacle-isation » des Noirs, ainsi que notre effacement, de l’industrie et de beaucoup de choses. » :
« Je pense qu’à bien des égards, ce film est une réponse au clip de Muybridge, qui était la première série de photographies mises en ordre séquentiel pour créer une image en mouvement. C’était un Noir sur un cheval. Nous savons qui est Eadweard Muybridge, l’homme qui a créé le clip, mais nous ne savons pas qui est ce type sur le cheval. Il est la première star de cinéma, le premier dresseur d’animaux, le premier cascadeur jamais filmé, et personne ne sait qui il est ! Cet effacement fait partie de ce que les personnages principaux de ce film tentent de corriger. Ils essaient de revendiquer la place qui leur revient dans le cadre du spectacle. Et ce dont traite également le film, c’est la nature toxique de notre dépendance au spectacle. »
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Crédit de l’image à la Une : © Unviversal Studios
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