Sortie le 4 octobre 2006
Au Festival de Cannes 2006 fut présenté, dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs, un film de Christophe Honoré : Dans Paris. Si le nombre de longs-métrages qu’il a réalisés se compte toujours sur les doigts d’une main, il avance néanmoins dans sa filmographie, après notammment Dix-sept fois Cécile Cassard et Ma Mère. Il a retrouvé pour Dans Paris deux acteurs avec lesquels il a déjà travaillé pour ses deux précédents films : respectivement Romain Duris et Louis Garrel. Est-ce la côte de ces deux acteurs devenus starlettes qui explique la dérive prise avec Dans Paris ? Est-ce le succès grandissant monté à la tête de Christophe Honoré ?
Le public regroupé aux deux diffusions parisiennes (post festival) de ce film annonce déjà de quoi il va s’agir. D’une, il y a foule ; de deux, sont réunis là tous les bobos-intellos en vogue dans la capitale qui exposent à tout vent leurs cartons d’invitation. Nous voilà dans Paris.
A l’image de son public : tel est ce film. Lamentations vides de sens, banalités pseudo existentielles, contemplation de soi dans un appartement à deux pas du Bon Marché avec vue sur la Tour Eiffel. Rien ne va, la vie est dure.
Guillaume (Romain Duris) est dépressif ; son frère (Louis Garrel) un chaud-lapin un peu clown qui tente de le réveiller, du moins quand il ne pense pas à autre chose (au cul !). La mère (Marie-France Pisier) est une bourgeoise exécrable – heureusement, on la voit peu – tandis que le père (Guy Marchand), peut-être le seul personnage susceptible d’être mis à part, traîne en robe de chambre, court après son fils cloîtré dans sa chambre et a l’air, aux yeux de ses proches, au bord de la ruine. Evidemment !
Il y a des histoires de filles, toujours idiotes et lamentablement pendues à nos héros, mais on n’essaie jamais de nous faire croire que c’est là l’essentiel. On en serait presque déçu ! Car ici seuls importent ces messieurs et leurs états d’âmes. Que de belles idées dans Paris !
Christophe Honoré tente de faire disparaître le vide essentiel de son film, ou du moins du propos de celui-ci, avec des originalités de la mise en scène : apostrophes au spectateur, ralentis, décalages entre le son et l’image… Oui mais : cela suffit-il à nous faire avaler tant de pédanterie, un tel étalage de réflexions et de symboles insignifiants ? Certainement pas. Où est passée la poésie des silences de Cécile Cassard ? Et si monsieur Honoré était finalement aussi mauvais pour le cinéma qu’il est mauvais écrivain ? En ce qui concerne les idées, cela ne fait aucun doute.
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