Vous connaissez le point commun historique entre une montgolfière, la gomme au bout d’un crayon, des pneus, ou encore les semelles de chaussures ? C’est le caoutchouc !
De l’Amérique du Sud à l’Indochine, le caoutchouc raconte la colonisation et la mondialisation
Dès le XVe siècle, des colons européens commencent à observer comment les peuples autochtones d’Amérique du Sud utilisent la sève (le latex) de certains arbres comme l’hévéa pour fabriquer ou améliorer des objets : rendre étanche une toile ou créer l’ancêtre de la balle rebondissante, par exemple.
Mais ce n’est qu’à partir du XVIIIe siècle qu’ils comprennent comment exploiter cette matière appelée en quechua (langue autochtone) « caotchu » qu’on pourrait traduire par « bois qui pleure ». Plusieurs chimistes développent différentes techniques pour en multiplier les usages possibles : gomme de crayon, enduit imperméabilisant pour des montgolfières ou des vêtements de pluie, vulcanisation pour résister aux températures extrêmes, etc.
Et c’est en 1899 que des colons français introduisent la culture de plus en plus intensive de l’hévéa en Indochine française (le Vietnam, le Laos et le Cambodge, ainsi qu’une portion de territoire chinois située dans l’actuelle province du Guangdong). Soit une région du monde où sont aujourd’hui produites tant de chaussures et de sneakers…
C’est dire à quel point cette matière multi-usage cristallise beaucoup des enjeux coloniaux d’hier, et postcoloniaux d’aujourd’hui. Car elle nous entoure encore maintenant, sur les pneus des voitures, des vélos, des avions, et même à nos pieds sur beaucoup de chaussures. Alors pour bien comprendre comment on passe de la sève d’arbres à la semelle de nos baskets, j’ai fait appel à un expert : Sébastien Kopp, cofondateur de la marque de baskets éthiques Veja
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Quelles différences entre caoutchouc naturel, sauvage et synthétique ?
Ces chaussures ont révolutionné le marché conventionnel de la sneaker, habitué à nous faire payer des campagnes marketing plutôt que le coût des matières premières souvent de piètre qualité. Chez Veja, c’est l’inverse : le prix des baskets sert vraiment à payer les matières premières et à rémunérer les travailleurs et travailleuses à leur juste valeur.
Et pour s’en assurer, les fondateurs de cette marque responsable française passent beaucoup de temps au Brésil, aux côtés des séringuéros, les personnes qui cultivent le caoutchouc. C’est parce qu’il a pris le temps de remonter et comprendre vraiment cette filière que Sébastien Kopp est si bien placé pour nous en parler.
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Dans Matières Premières, le co-fondateur de Veja nous explique comment on récolte le latex pour le transformer en caoutchouc, avant que ce dernier ne devienne des semelles de chaussures. Est-ce que ça cause de la déforestation en Amazonie ? Qu’en est-il en Asie du Sud-Est ? Existe-t-il des certifications pour s’assurer que nos baskets n’abîment pas la planète ? Est-ce que le caoutchouc synthétique serait la solution plus écologique, même si c’est du plastique ? Que peut-on faire pour prolonger la durée de vie de nos baskets qu’on change souvent à cause des semelles ? Sait-on recycler du caoutchouc ?
Matières Premières, tous les lundis sur « Les mini-séries podcasts de Madmoizelle »
On répond à tout ça dans le nouvel épisode de Matières Premières, dédié au caoutchouc naturel, sa culture, ses certifications, et ses alternatives, disponible sur le flux « Les mini-séries podcasts de Madmoizelle » !
Cette mini-série en sept épisodes raconte six familles de matières dans la mode : cuirs, laines, soies, cotons, caoutchoucs, polyesters. L’épisode final traitera de la seconde main, souvent présentée comme la panacée à tous les problèmes de l’industrie de la mode.
À lire aussi : Dans « Matières Premières, Soies », on se demande comment on passe d’un ver à un joli chemisier
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