Dans le dictionnaire Le Robert, à la définition du mot « travail », on trouve l’explication suivante : « Le travail est l’ensemble des activités humaines organisées, coordonnées en vue de produire ce qui est utile ; activité productive d’une personne ». À l’heure de la crise climatique, où chacun se questionne sur le sens de son travail, quelle signification ce mot a-t-il vraiment ?
C’est la question, parmi d’autres, que la journaliste d’Arte Laura Raim pose à son invitée, Marie-Anne Dujarier, sociologue du travail et autrice du livre Troubles dans le travail, dont le point de départ de la réflexion est précisément la définition de ce mot.
Le travail, une construction sociale
Dans ce livre, elle explique par exemple que « le travail n’existe pas en soi. C’est une catégorie de pensée, une construction sociale qui a émergé à partir du 11ᵉ siècle et qui est valorisée moralement et socialement depuis le début du capitalisme ». C’est aussi un mot qui a toujours été entendu de manière polysémique. Dans le documentaire d’Arte, on découvre par exemple que le mot « travail » peut avoir plusieurs sens, comme le prouve l’existence de 88 synonymes, tous porteurs de valeurs complètement différentes.
Dès lors, y a-t-il véritablement une façon de le définir ? Et quel est son sens ? « Travail » vient-il vraiment du mot « tripalium », qui désignait autrefois un instrument de torture ? Pas vraiment, selon la sociologue. « Il semblerait qu’il soit plus proche d’une autre étymologie, qui est l’idée de transe, de traverser, d’avancer en surmontant des obstacles. Le ‘tra’ que l’on retrouve dans travel, en anglais, serait probablement plus proche du mot travail » explique-t-elle.
Travail domestique, gratuit, GPA et accouchement… un enjeu éminemment féministe
Accorder un seul sens au mot « travail » relèverait, selon la sociologue, d’une « arnaque morale », citant la philosophe Judith Butler : « L’intérêt de dénaturaliser un mot qui est aussi central que celui de travail, c’est de s’émanciper à la fois de la confusion morale que charie ce terme-là et de s’autoriser à déplier le mot pour le repenser à nouveau ».
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Ainsi peut-on questionner le travail à travers de multiples facettes, dont certaines sont éminemment féministes. On pense évidemment aux inégalités salariales, mais bien sûr aussi au travail domestique, « une peine que l’on se donne pour faire des choses utiles, précise Marie-Anne Dujarier, mais qui se réalise hors emploi et donc hors rémunération ». Mais aussi le travail du sexe, ou encore l’accouchement, dont l’emploi du terme « travail » prouve bien qu’il en est un. Quid des relations sexuelles, ou encore de la GPA, qui prévoit par ailleurs l’établissement d’un contrat de travail, et est donc inscrit dans le Code du travail.
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