C’est l’histoire d’une relation qui n’était pas secrète, mais cautionnée par tout un milieu. Alors qu’elle était âgée de 14 ans, l’actrice Judith Godrèche a eu une liaison avec le réalisateur Benoît Jacquot, de 26 ans son aîné. Pour ELLE, l’actrice est revenue sur ce moment douloureux, qui la poussa, peut-être inconsciemment, à se mettre en retrait du cinéma français, après des débuts très prometteurs.
« On peut faire des films sublimes sans aller jusqu’à coucher avec son actrice mineure »
Après une longue absence, l’actrice et réalisatrice reviendra à la fin du mois sur Arte avec une série intitulée Icon of French Cinema. Une version fictionnalisée de sa vie, dans laquelle on retrouve néanmoins des bribes de son histoire. Notamment des références à son couple avec Benoît Jacquot, réalisateur du film Les Mendiants, dans lequel elle avait décroché son premier grand rôle en 1988. Leur relation, démarrée alors que la jeune femme était mineure, s’étalera sur six ans et ne sera un secret pour personne, à tel point que « les journalistes de l’époque l’évoquent en interview », retracent nos consœurs de ELLE.
Interrogée sur cette liaison, Judith Godrèche répond, non sans émotion : « J’étais une jeune fille très solitaire, très idéaliste. Je vivais à travers les livres, ma mère est partie de la maison quand j’avais 9 ans, j’ai été élevée par un homme seul, j’étais vulnérable malgré une certaine maturité. »
Dans sa série, c’est sa fille qui tombe amoureuse d’un chorégraphe bien plus âgé. Le personnage principal, également nommé Judith, va à sa rencontre et lui explique « sur le ton de l’humour » qu’il risque la prison s’il couche avec elle. Au sujet de cette scène, la réalisatrice abonde auprès de nos consœurs : « Si un homme de 40 ans approche ma fille, je le tue. C’est parce que j’ai une fille adolescente que je parviens à réaliser ce qui m’est arrivé, à me dire que j’ai navigué seule dans un monde sans règles ni lois. »
Son histoire n’est pas sans rappeler celle de Vanessa Springora, dont la liaison avec l’écrivain Gabriel Matzneff était connue et cautionnée de tous. Judith Godrèche regrette le mutisme, voire la complicité, du milieu artistique :
« Il faut dire aux jeunes filles de faire attention. On peut se faire prendre dans les filets d’une personne plus puissante, et l’art est un tremplin extrêmement favorable à ça. En tant qu’actrice, on a besoin d’être aimée, regardée. C’est comme si, en vous choisissant, le réalisateur vous donnait vie. C’est extraordinaire de filmer la jeunesse. La puissance cinématographique d’une adolescente est inépuisable. Mais on peut faire des films sublimes sans aller jusqu’à coucher avec son actrice mineure. Pour moi, cela devient de la perversion. La position de l’adulte dans la société, c’est de savoir où mettre les limites, même quand il s’agit d’art. Quand on a 15 ans et qu’on fait une scène torse nu, qu’il y a quarante-cinq prises, qu’on doit embrasser un homme de 45 ans et que cet homme c’est votre réalisateur, c’est fou qu’il n’y ait aucun adulte sur le plateau pour dire ‘On va s’arrêter là’. »
Judith Godrèche dans ELLE
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