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TPMP : Jean-Michel Maire visé par une plainte après avoir embrassé le sein de Soraya Riffy

Soraya Riffy a porté plainte contre Jean-Michel Maire, qui lui avait embrassé le sein en direct, sans son consentement. Elle explique sa décision, et ce qu’est devenue sa vie depuis cette émission.

Mise à jour du 29 mars 2018 — Jean-Michel Maire fait l’objet d’une plainte, un an et demi après avoir embrassé le sein de Soraya Riffy, invitée sur le plateau des 35h heures de Baba, émission spéciale de Cyril Hanouna sur C8.

La comédienne et danseuse marseillaise a décidé de porter plainte en janvier 2018. La prescription des agressions sexuelles étant de 6 ans, le dépôt de plainte était encore possible.

Elle s’est confiée dans les colonnes de TV Mag :

« Depuis un an, ma vie est devenue un vrai calvaire.

Je reçois de nombreuses critiques, des menaces de mort, des allusions vraiment malsaines me concernant. »

Soraya Riffy avoue avoir très mal vécu l’après-émission. « J’ai fait une dépression, précise-t-elle. » Elle raconte aussi que les messages de haine ont énormément affecté sa vie sociale ainsi que sa famille.

Si elle a attendu presque dix-huit mois avant de déposer plainte, c’est parce qu’au début, elle a eu de la peine vis-à-vis de Jean-Michel Maire. « Je n’ai pas pensé à moi, déclare-t-elle. »

À lire aussi : Pourquoi je n’ai pas porté plainte après mon viol

Soraya a finalement compris que le comportement de l’animateur a été inapproprié et suite à des insultes et des agressions en pleine rue, elle a fait le choix, enfin, de se rendre au commissariat.

L’interview est à lire en intégralité ici.

Titre original de l’article :

Cyril Hanouna et le consentement : et si on crevait l’abcès ?

Cyril Hanouna est à l’antenne sur C8 pour les très médiatisées #35hDeBaba (son petit surnom). Le public est au rendez-vous, mais le respect du consentement, moins. Qu’est-ce que ce succès raconte sur notre société ?

Mise à jour du 14 octobre à 18h — Le CSA, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, a reçu plus de 250 signalements au sujet des 35h de direct de Cyril Hanouna. Le Conseil dispose d’un pouvoir de sanction, et a annoncé sur Twitter s’être saisi du dossier. Affaire à suivre…

Article initialement publié le 14 octobre à 11h45 — Octobre 2016. Cyril Hanouna, alias « Baba », est en direct pendant 35 heures à la télévision. Ça fait une semaine de boulot, deux Nuits Originales bout à bout, un jour et demi sans pause.

Chez Hanouna, c’est la kermesse. Le public déguste des sucreries, gagne des lots. Un chien défèque sur le plateau. Les musiques, les rires et les jeux s’enchaînent.

Et puis le rire devient aussi jaune que les emoji « trop mdr » qui accompagnent les comptes-rendus de l’émission.

Quand Kim Kardashian inspire un sketch

Un sketch met en scène le braquage de Kim Kardashian, survenu récemment à Paris. Pour mémoire, elle a été séquestrée et ligotée pendant qu’on lui volait plusieurs possessions personnelles. Je pense que tout le monde, peu importe son opinion sur la star, peut imaginer l’aspect traumatisant d’un tel évènement.

Mais à la télévision, on en rit. Soit, ce n’est pas la première ni la dernière fois qu’on tourne en dérision les malheurs d’une célébrité — surtout une qui a une réputation de bimbo écervelée.

Un faux serrurier et le chroniqueur Jean-Michel Maire forcent une fausse porte. Une figurante incarnant Kim Kardashian est encouragée à embrasser le chroniqueur, son « sauveur » ambiance conte de fées. Elle refuse, à plusieurs reprises. Cyril Hanouna n’a pas la patience pour ce genre de considérations, engueule son collaborateur.

La jeune femme ne veut pas tendre ses lèvres ? Qu’à cela ne tienne, Jean-Michel Maire outrepasse son consentement et l’embrasse sur les seins.

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Capture via Slate, qui a fait un compte-rendu d’une nuit avec Hanouna

« Mignonne, mais coincée »

Une autre invitée, plus tard, vient sur le plateau : c’est l’amie d’un membre de la production, également présent. Cyril Hanouna tire un papier, façon Action ou Vérité. Elle doit embrasser quelqu’un sur la bouche. Immédiatement, la jeune femme refuse.

« Non, ça me gêne, mes parents pourraient le voir, j’ai pas envie, je peux pas faire une autre option ? »

Hors de question. Les jokers ne sont pas bienvenus. Totalement sérieux, sans faire mine de plaisanter, Cyril Hanouna tente de la convaincre. « C’est juste un smack ! ». Les autres invité•es aussi. Jean-Michel Maire, visiblement toujours en manque de baiser sans consentement, lui suggère de l’embrasser lui.

Niveau de forçage : soirée pyjama en 4ème B. Sauf que tout le monde est adulte, ici.

La jeune femme tient bon. Le jeu est fini pour elle, elle quitte le plateau en compagnie de son ami à qui Cyril Hanouna lance « mignonne, ta nouvelle meuf » (cette dernière dément toute relation amoureuse). « Mignonne mais coincée », précise Jean-Michel Maire, boudeur.

Les 35 heures de direct ne sont pas finies, et je compte au moins deux fois où le consentement n’a pas été le bienvenu. Qu’est-ce qui cloche, bon sang ?

La télévision, reflet d’une société avec ses fêlures et ses zones d’ombre

Ce qui cloche, déjà, c’est que cette attitude n’est pas inédite. Ces mecs qui insistent lourdement pour « un p’tit bisou » étaient à la télévision hier, mais ils sont aussi dans nos écoles, dans nos collèges, dans nos lycées, dans nos universités, dans nos soirées, dans nos entreprises, dans la rue, bref : dans nos vies.

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Je pense que, comme moi, beaucoup d’entre vous se sont déjà retrouvé•es dans une situation où dire « non » faisait de vous un•e rabat-joie, une personne « qui n’a pas d’humour », un•e prude, un•e coincée. Si l’attitude de Cyril Hanouna et de ses chroniqueurs m’a fait penser à des collégiens, c’est que j’ai eu ma dose d’Action ou Vérité gênants, de jeux de la bouteille où quitter la partie signifiait se sacrifier socialement.

J’ai admiré, avec un pincement au cœur, cette jeune femme qui n’a pas eu peur de refuser et de s’y tenir, alors qu’elle était en direct devant des milliers de téléspectateurs, et que tout le monde autour d’elle insistait lourdement.

Le consentement, les agressions sexuelles et la France de 2016

Selon l’article 222-22 du Code Pénal :

« Constitue une agression sexuelle toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise. »

Mais dans l’imaginaire collectif, une agression, ça ne se passe pas en direct à la télévision, sous les projecteurs et devant un public. Ça arrive quand on est isolé•e, à la merci d’un pervers planqué dans la nuit.

Ce n’est pas la première fois qu’on assiste à des actes violents tournés en dérision à la télé en général, et chez Cyril Hanouna en particulier. Rappelez-vous de la claque assénée par Joey Starr au chroniqueur Gilles Verdez pendant Touche Pas à Mon Poste.

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Mais c’est qu’on enseigne mal le consentement en France. Voire pas du tout. Jamais, pendant ma scolarité, on ne m’a expliqué précisément ce que c’était. Et on ne l’a pas non plus enseigné à mes camarades de classe de genre masculin.

Ça commence par tirer les nattes des filles dans la cour de récré, « parce qu’il t’aime bien, tu comprends », et ça finit peut-être en direct, le nez dans le décolleté d’une femme qui n’a rien demandé.

À lire aussi : La culture du viol et le sexisme se portent (toujours) bien dans nos écoles

Cyril Hanouna, toujours plus loin, toujours plus fort, toujours plus populaire

Je n’aime pas lire des articles, entendre des propos qui méprisent le public de Cyril Hanouna. Je me souviens des débuts de Touche Pas à mon Poste, un genre d’observatoire décomplexé des médias qui ne se privait pas de tacler le système télévisuel, avec ses magouilles et ses grosses ficelles.

À l’époque, dans mon souvenir, l’humiliation n’y était pas monnaie courante.

J’ai beaucoup d’empathie, et sachant ce qu’a vécu Matthieu Delormeau sur le plateau de « Baba », j’ai vraiment eu un pincement au coeur quand il a dit à l’invitée refusant le bisou « Elle est pas prête à être chroniqueuse à TPMP ». Pas prête à renoncer à ses droits, peut-être. À lécher la main qui nourrit, mais qui tape, aussi.

Tu regardes les émissions de Cyril Hanouna ? Viens nous en parler !

Les émissions de Cyril Hanouna sont devenues de plus en plus trash, dépassant toujours plus de limites, et le public est au rendez-vous. Au vu de ce succès, je m’interroge, alors je finis cet article en forme d’appel à témoins. Y a-t-il dans ce spectacle un aspect cathartique ? Une façon, peut-être, de dédramatiser la violence du quotidien ?

Pour comprendre ce qui te plaît dans ces émissions, dis-moi, madmoiZelle ou demoiZeau qui regarde les programmes de Cyril Hanouna, qu’est-ce que tu y trouves qui te plaît ? Est-ce un moment de détente, une occasion de te marrer, un plaisir de retrouver des chroniqueurs que tu apprécies ? Autre chose ?

Ça me semble évident, mais ça va mieux en le disant : je ne suis pas là pour regarder à la loupe le « grand public » qui aime Hanouna, et je peux te promettre qu’il n’y a aucun jugement de valeur dans ces questions, simplement une volonté de comprendre.

N’hésite pas à m’écrire à jaifaitca[at]madmoizelle.com avec « Cyril Hanouna » en objet.


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

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Avatar de Sadala
4 avril 2018 à 14h04
Sadala
Je n'ai jamais dit qu'il ne devait pas y avoir de poursuites pénales ou d'actions militantes, ou qu'on devrait passer l'éponge dès que la victime dit "stop" unno: A titre d'exemple, j'ai toujours dit que je trouvais normal de poursuivre Polanski mais pas qu'on ramène toujours ça à sa victime, en prêtant d'ailleurs très souvent à cette dernières des pensées et une expérience qu'elle rejette.

Ce que je critique c'est simplement de balancer sous les feux des projecteurs des victimes qui n'ont rien demandé, comme c'est le cas de la jeune femme ici.
Porter plainte pour agression sexuelle ou viol est un choix difficile, parce que dans notre société ça va souvent avec son lot d'ostracisations, de menaces etc. On ne devrait jamais imposer ça à une victime, et c'est un peu ce qui a été fait pour celle de TPMP. On a décidé à sa place que le bien commun était supérieur à sa tranquilité d'esprit et que les menaces, manifestations de haine, réputation sordide qu'elle allait probablement récolter n'était qu'un dommage collatéral. Moi j'ai l'impression que cette jeune femme n'a pas franchement eu le choix, la plainte est devenu indispensable : puisqu'elle subit déjà les conséquences négatives d'un procès au final, autant se faire reconnaitre comme victime!
En fait, on n'est pas forcément obligé de tout ramener à la victime quand on vut dénoncer un comportement, mais c'est trop souvent la narration autour des agressions sexuelles, pour de bonnes raisons mais parfois un peu aveuglément, et dans le cas de TPMP tout était loin de se focaliser sur Hanouna et le CSA!

Ce que je critique c'est qu'on tient un peu un discours à double standard finalement. La parole de la victime est méééééga-importante donc on l'interroge sur comment elle a vécu les choses. Mais quand elle dit "non mais moi je pense que c'est pas la peine d'en faire tout ce battage médiatique parce que je le vis pas si mal au final", ben on déclare "ouais mais non, elle est en mode syndrome de Stockholm donc on va pas du tout écouter ce qu'elle raconte et continuer notre campagne". Et c'est ce qui a été fait ici. On a demandé son avis à la jeune femme, à l'époque elle disait "moi je trouve pas ça grave", et on a décidé à sa place que sa parole n'avait finalement pas tant de valeur ou qu'elle n'avait pas encore réalisé etc., bref on lui a volé son histoire. Pourquoi lui avoir donné la parole à la base, du coup?

Rien que le fait de mettre des photos d'elle et des extaits vidéos de l'agression pour illustrer l'affaire, on l'a placée sous les projecteurs de l'agression sans qu'elle ait rien demandé! Et on voit bien qu'on a souvent l'impression de se "battre pour la victime" et non "pour la société" dans ce genre de cas : même sur ce topic, une partie des débats, notamment dans les derniers messages, porte sur le ressenti qu'on attribue à la victime, son expérience, comment elle aurait dû/n'a pas pu réagir etc., et non sur la diffusion des images, la culture du viol et le CSA (et c'est pas une critique, c'est une philosophie très louable de placer la victime au centre) ! Donc si on veut parler pour défendre les droits de la victime, il faut aussi prendre son intérêt en compte lors des actions militantes... ou reconnaitre clairement que la victime n'est qu'un numéro au sein d'une lutte beaucoup plus importante qu'elle.

Il y a une interview très intéressante (en anglais) de Samantha Geimer (victime de Polanski) qui parle un peu de cette question des victimes qu'on utilise sans réellement se préoccuper d'elles. Je ne suis pas d'accord avec certaines de ses positions qui peuvent même un poil déranger (son soutien à la lettre ouverte des femmes françaises anti-balance ton porc par exemple) mais je trouve néanmoins sa réflexion extrêmement enrichissante, ne serait-ce que parce qu'elle donne un point de vue assez peu entendu et qu'elle a l'air d'avoir l'esprit très clair :
http://quillette.com/2018/01/31/nobodys-victim-interview-samantha-geimer/

En gros, je ne dis pas qu'on ne doit pas poursuivre des gens identifiés comme des agresseurs mais qu'on doit réfléchir à la manière dont on utilise leur crime pour servir une cause, à la manière dont on présente l'affaire, au type de campagne qu'on mène et à l'impact que tout ça aura sur les victimes.

Oui enfin concernant Soraya Riffy, Elle a quand même été agressée en public, dans une émission qui à une grande part d'audience. Donc étant donné le nombre de témoins, c'était inévitable. Elle a été médiatisée de facto par celui qui l'a agressé.

D'ailleurs si lis ses déclarations :
https://www.public.fr/News/TPMP-Sor...inte-si-tard-contre-Jean-Michel-Maire-1465179

Elle raconte qu'elle s'est fâchée avec des membres de sa famille quant à "l'image qu'elle renvoie", elle a reçu des insultes et des menaces à connotation sexuelle de la part d'inconnu... Et que c'est pour ça qu'elle a porté plainte. Donc heureusement que des voix se sont élevées pour dire que ce qu'elle avait vécu n'était pas normal, qu'elle n'avait rien à se reprocher...
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