Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant et féministe par certains aspects ! Dans Règlement de comptes, des personnes en tout genre épluchent leur budget, nous parlent de leur organisation financière en couple ou en solo, et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Cynthia qui a accepté de répondre à nos questions.
- Prénom : Cynthia
- Âge : 33 ans
- Métier : Enseignante en langues vivantes dans le secondaire, au Royaume-Uni
- Salaire mensuel net : 1 740 £, soit 2 044 € à la conversion au moment où Cynthia nous a fait parvenir son témoignage, en juillet 2022. Aujourd’hui, le montant en euro se situerait plutôt autour de 1 990 €.
- Vit avec : ses 2 chats Patoune et Frimousse
- Lieu de vie : une maison d’environ 70 m² dont elle est locataire à Leeds, Angleterre
Les revenus de Cynthia
Cynthia est prof dans un établissement public de niveau collège/lycée au Royaume-Uni. Elle y enseigne des langues vivantes, le français et l’espagnol, à temps plein et en CDI. Pour ce poste, elle touche 1 740 £ par mois, ce qui représentait environ 2 044 € au moment où elle nous a fait parvenir son témoignage. Aujourd’hui, le taux de change serait plutôt autour de 1 990 €.
Un salaire qu’elle n’estime pas à la hauteur des enjeux de son métier :
« Le travail d’enseignant a beaucoup de responsabilités et les heures de travail ne se comptent pas. Mon salaire est donc insuffisant si on le compare à d’autres secteurs d’activités ici : je me considère en bas de la moyenne. »
L’enseignante explique que son salaire lui permet de subvenir à ses besoins, mais qu’elle est amenée à faire des choix :
« Les prix sont très élevés, et mon salaire ne me permet pas d’économiser et d’avoir des loisirs à la fois. »
Les dépenses de Cynthia
Le premier poste de dépense de Cynthia est son loyer
Au regard de la crise économique et énergétique qui touche actuellement l’Europe et particulièrement le Royaume-Uni, les dépenses de Cynthia ne sont pas stables : depuis quelques mois, les prix augmentent, et elle s’ajuste.
Son poste de dépense principal se trouve dans son logement. Elle est locataire depuis environ 4 ans d’une petite maison, qui lui coûte 851 € par mois :
« Il s’agit d’une maison typique de Leeds qui s’appelle « back-to-back ». Mon quartier est très vivant, il y a des supermarchés, des cafés, des pubs etc. et je ne suis qu’à 40 minutes à pied du centre-ville ou 10 minutes en bus.
C’est un quartier mixte, il y a des étudiants, des familles, des jeunes professionnels en colocation ou en couple, quelques personnes qui ont la cinquantaine aussi. La superficie de mon logement doit être d’environ 70 m². »
À cela s’ajoutent 121 € de factures pour l’eau, le gaz et l’électricité, une dépense en hausse pour tous les ménages britanniques. Elle explique être très attentive à sa consommation, mais ne pas pouvoir la baisser encore pour réduire ses factures.
« J’ai dû réduire mes loisirs pour augmenter mon budget alimentaire »
« En Angleterre il y a Aldi, une chaîne de supermarchés discount où je fais des courses alimentaires basiques. Je vais aussi chez Asda, qui doit être l’équivalent d’Intermarché. Pour des achats un peu plus spécifiques, je vais à Morrisons qui doit être l’équivalent de Carrefour.
J’ai dû réduire mon budget loisir pour mettre plus dans mon budget alimentation : avec l’inflation à 9,4 %, tous les prix ont augmenté. »
Ses courses alimentaires représentent 340 € par mois dans son budget.
Cynthia explique qu’elle évite de se restreindre en ce qui concerne les victuailles :
« Je fais attention aux prix, mais je ne me restreins pas niveau alimentaire non plus. J’ai connu de grosses galères d’argent dans le passé alors aujourd’hui, la nourriture, c’est sacré.
Elle se déplace avec une voiture dont elle est propriétaire, et qu’elle rembourse à hauteur de 121 € mensuels. Son crédit prendra fin dans deux ans et demi. Elle consomme environ 150 € d’essence, et assure son véhicule pour 48 € par mois. En tout, ses déplacements lui coûtent donc 319 € toutes les quatre semaines.
Pour la nourriture, la litière et l’assurance de ses deux chats, elle dépense 86 € tous les mois. Elle paie aussi 28 € d’abonnements pour son téléphone et sa connexion internet. Enfin, elle est imposée tous les mois de 90 € au nom d’une council tax, un impôt local.
Les loisirs de Cynthia
Tous les mois, Cynthia s’autorise une allocation de 290 € pour ses loisirs. Elle en dépense la majeure partie dans des sorties :
« Sortir au pub voir des amis est mon loisir le plus régulier : j’y consacre presque tout mon budget loisir (250 € par mois).
N’ayant pas de famille ici et étant très sociable, c’est une dépense qui m’est nécessaire ! En fin de mois, on va chez les uns ou les autres. J’ai aussi un petit budget restaurant, ou pour aller passer du temps dans une autre ville. »
Elle explique ne pas vouloir réduire de poste de dépense dans son budget : tout est déjà optimisé et pensé pour ne pas dépenser trop, sans trop sacrifier.
« Si je ne suis pas sortie un week-end, il me reste parfois 50 € en fin de mois et dans ce cas soit je m’autorise à acheter des vêtements, soit à aller chez le coiffeur.
Si je n’ai besoin d’aucun des deux, je mets de côté sur un compte épargne pour un futur achat d’appart. Ce compte sert aussi en cas de pépin de type voiture ou dentiste (qui n’est pas remboursé ici). »
L’épargne de Cynthia
À l’avenir, Cynthia rêve d’acheter une maison ou un appartement. Une envie pour l’instant difficile à atteindre :
« Mon salaire ne me permet pas d’économiser et d’avoir des loisirs à la fois. Acheter seule est très difficile ici…
Pour le moment, j’attends la fin du prêt de ma voiture qui me permettrait d’économiser, et je croise les doigts pour que le prix des biens baisse et que mon salaire augmente bientôt. »
Les derniers changements dans le budget de Cynthia
Depuis juillet 2022, date à laquelle Cynthia nous a fait parvenir son budget, la situation économique au Royaume-Uni a évolué. En premier lieu, l’inflation a augmenté pour atteindre 10% en octobre.
« Le coût de l’alimentation a augmenté, et je dépense environ 50 € de plus par mois que ce que j’avais calculé il y a quelques mois. » explique l’enseignante.
Le gouvernement a par ailleurs mis en place des mesures pour aider les ménages à faire face à l’augmentation du coût de l’énergie :
« Le gouvernement nous fournit environ 70 € par mois pour couvrir l’augmentation du prix de l’énergie, ce qui soulage un peu. Ayant eu un automne plutôt doux, je n’ai pas mis le chauffage en octobre (une première !), mais je m’attends à des factures mirobolantes cet hiver et j’anticipe en réduisant déjà ma consommation (qui n’était pas excessive de base). »
Enfin, elle a reçu une augmentation de salaire :
« En tant que prof, nous avons reçu une augmentation du salaire de 5 %, ce qui aide avec l’inflation. Mais mon niveau de vie est bien en deçà de ce que j’espérais en tant que salariée en CDI. »
Selon Cynthia, le gouvernement conservateur prévoirait de réduire le budget de l’enseignement public. « Je m’attends à une diminution de mon budget loisirs, et à seulement vivoter. » Elle indique par ailleurs que sa profession, comme de nombreux autres corps de métiers, prévoit de faire grève dans les prochains mois.
Merci à Cynthia d’avoir répondu à nos questions !
Crédit photo : Chad Madden / Unsplash
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Les Commentaires
Habitante de Londres ici aussi Et je plussoie @A Kane, @Mayushi et @Grain de Café.
Je suis plutot chanceuse pour le loyer mais bon je suis en collocationet c'est pas du tout par choix... On a aussi eu du bol pour l'augmentation du loyer qui n'est que de 5% (et la proprio ne l'avait pas augmente depuis a peu pres 4ans) parce qu'une de mes collegues vient de se prendre une augmentation de 12% et elle vit seule. Je confirme aussi que remis en euros j'ai un bon salaire mais tres clairement pas du tout suffisant pour une ville comme Londres.
J'ajouterai aussi les vacances: 5 semaines minimum en France contre 4 semaines ici. Et les heures supplementaires... Tous les contrats que j'ai signe (y compris le contrat actuel mais on a plus ou moins reussi a contourner le probleme) avait une clause du style: "les heures supplementaire seront payees ou recuperer en TOIL a partir de 5 heures effectuees". En gros on peut faire 5 heures supplementaires par semaine benevolement... C'est soit disant pour eviter les abus d'employes qui se tourneraient les pouces pendant trois heures et feraient ensuite des heures sups pour recuperer le temps perdu mais moi c'est surtout du cote des employeurs que je vois des abus... (Par pitie, ne me parlez pas des cadres francais qui ne comptent pas leurs heures et n'ont pas de RTT: je ne suis pas cadre :sweatdrop