« Le Cycle d’Avalon » par Marion Zimmer Bradley — Références de l’imaginaire

— Publié initialement le 26 février 2015

Tu as déjà fini de lire tout L’Assassin royal (ou tu as essayé mais Fitz t’a gonflé•e) ? Tu te retrouves à nouveau seul•e devant la trop grande masse de romans de fantasy, démuni•e, sans savoir où aller ni par où commencer pour poursuivre ta quête à travers les Terres Inconnues de la littérature de l’imaginaire ?

N’aie crainte, jeune Padawan. Tel le vieillard barbu qui fait des références sans rapport avec la choucroute et t’attend au sommet de la plus haute montagne pour te délivrer une énigme, je suis là pour te montrer la voie. Ou au moins pour te parler de quelques bouquins que je trouve très, très bien, et puis après tu fais ce que tu veux, hein.

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Cette fois, j’aimerais te parler du Cycle d’Avalon, une saga écrite par Marion Zimmer Bradley, une référence en matière de fantasy et science-fiction. Cette œuvre monumentale est composée de plusieurs romans qui retracent la légende arthurienne, du mythe d’Atlantis et de la conquête romaine de la Bretagne à l’histoire du roi Arthur… Avec ceci de particulier que tout est raconté du point de vue des femmes.

Le Cycle d’Avalon presque par Marion Zimmer Bradley, dans l’ordre

Si je te lâchais avec le seul titre « Le Cycle d’Avalon » (Avalon series) alors que tu n’y connais rien, tu serais bien perdu-e devant les étagères de ta librairie préférée. Pourquoi ? Parce que la série est composée de plusieurs livres qui se suivent d’un point de vue chronologique mais n’ont pas été écrits dans l’ordre… ni forcément par Marion Zimmer-Bradley. Oui, je sais, ça commence bien.

Ne me regarde pas comme ça, enfin.

Le noyau de la série, ce sont Les Dames du lac et Les Brumes d’Avalon, deux ouvrages qui n’en sont qu’un dans la version originale et la nouvelle réédition, The Mists of Avalon. Il s’agit du premier roman, publié en 1979 et signé de la main seule de Bradley, et aussi à mon sens du plus intéressant — si vous ne devez en lire qu’un (ou deux en version française), commencez par là.

The Mists of Avalon relate le règne du roi Arthur, des drames et manigances qui ont entouré son enfance, avant sa montée sur le trône et jusqu’à sa mort. À la différence près qu’il s’agit d’une réécriture du mythe, qui se place du point de vue des femmes : Viviane la Grande Prêtresse d’Avalon, Morgane la demi-soeur d’Arthur, Igraine leur mère et épouse de Pendragon, et Guenièvre aux blanches fesses qui deviendra la reine de Camelot.

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Et cette perspective est fascinante. À partir de la naissance de Morgane (car si plusieurs de ces dames ont droit à leurs chapitres, l’histoire est focalisée sur elle), Bradley retrace la matière de Bretagne en comblant les vides qu’ont laissés à la fois l’Histoire et le mythe. Morgane, partagée entre son lien avec Arthur et son statut d’enfant d’Avalon, représente la montée du christianisme en des temps où règne le culte païen de la Grande Déesse mère.

Cet article est à 98% illustré par l’adaptation en téléfilm de The Mists of Avalon.

Note importante : J’avais découvert à mon grand désarroi, après avoir lu la version originale, que les deux versions françaises de The Mists of Avalon, Les Dames du lac et Les Brumes d’Avalon, omettaient des détails de l’intrigue, et étaient ainsi plus des adaptations que des traductions. Mais la réédition 2016 des éditions Pygmalion a retravaillé la traduction, et les deux tomes sont aujourd’hui disponible en VF en un seul ! Vous pouvez désormais y aller sans crainte.

Et le reste de la série de Marion Zimmer Bradley ?

Passé ce(s) roman(s), si tu as aimé au point d’avoir envie d’aller plus loin, c’est possible — et ça c’est beau. Marion Zimmer-Bradley a écrit trois autres romans se situant dans cet univers, et après sa mort en 1999, son amie l’écrivain Diana L. Paxson avec qui elle avait collaboré a poursuivi son travail à partir de ses notes.

Marion dans la place.

Bien sûr, l’ordre d’écriture n’a absolument rien à voir avec l’ordre chronologique des évènements fictifs, sinon ce serait trop facile. Alors pour que tu puisses t’y retrouver (je t’avoue que ça m’a aidée aussi), je te dévoile les romans en deux listes.

D’abord, dans l’ordre de publication :

• The Mists of Avalon (Les Dames du lac/Les Brumes d’Avalon) – 1979
• The Forest House (La colline du dernier adieu) – 1993
• Lady of Avalon (Le Secret d’Avalon) – 1997
• Priestess of Avalon (La Prêtresse d’Avalon) – 2000 (écrit avec Diana L. Paxson)
• Ancestors of Avalon (Les Ancêtres d’Avalon) – 2004 (écrit par Paxson à partir des notes de Bradley)
• Ravens of Avalon (Non Traduit) – 2007 (écrit par Paxson à partir des notes de Bradley)
• Sword of Avalon (Non Traduit) – 2009 (écrit par Paxson)

Puis dans l’ordre chronologique de l’histoire :

• Ancestors of Avalon (Les Ancêtres d’Avalon) – 2004 (écrit par Paxson à partir des notes de Bradley)
• Sword of Avalon (Non Traduit) – 2009 (écrit par Paxson)
• Ravens of Avalon (Non Traduit) – 2007 (écrit par Paxson à partir des notes de Bradley)
• The Forest House (La colline du dernier adieu) – 1993
• Lady of Avalon (Le Secret d’Avalon) – 1997
• Priestess of Avalon (La Prêtresse d’Avalon) – 2000 (écrit avec Diana L. Paxson)
• The Mists of Avalon (Les Dames du lac/Les Brumes d’Avalon) – 1979

Pfiou, pas évident, hein ! Rassure-toi, il n’est pas indispensable de les lire dans un ordre précis pour bien suivre l’intrigue (à part Les Dames du lac/Les Brumes d’Avalon qui ne sont à l’origine qu’un seul roman). Tous ces livres retracent la grande toile de l’histoire mythique d’Avalon et de l’île de Bretagne… mais se concentrent à chaque fois sur la vie d’un ou plusieurs personnages.

Pour le coup, tu auras vraiment le sentiment de te plonger dans des manuscrits ancestraux sur l’histoire perdue des Terres Celtes. Avoue, ça en jette.

Pourquoi le Cycle d’Avalon est-il une référence ?

Quand on se penche sur le Cycle d’Avalon et tous les ouvrages qui la composent, on peut avoir l’impression que ça part dans tous les sens. C’est vrai, mais ce n’est pas un tort. Marion Zimmer-Bradley n’a pas écrit une seule fiction : elle a écrit un univers à part entière, et en tissant la toile des origines d’Avalon et de l’île de Bretagne, je dirais même qu’elle a construit un mythe.

Par ailleurs, son choix de revenir sur nos mythes fondateurs (l’Atlantide, le mythe arthurien) du point de vue de leurs femmes célèbres en offre une autre perspective qui n’est pas dénuée d’intérêt. Ces femmes de légende, Morgane, Viviane, Guenièvre… hantent le mythe depuis les manuscrits les plus anciens que l’on ait pu retrouver, et elles demeurent encore insondables. Qui sont-elles ? Quel(s) rôle(s) jouent-elles réellement ? On pressent qu’elles ont jadis été d’une importance cruciale dans la culture païenne, mais il n’en reste plus que des bribes.

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Bradley redonne une voix à ces femmes. Il s’agit d’une fiction de plus qui rejoint le vaste fleuve qu’est le mythe arthurien, mais qui déterre ce qui a été étouffé par des siècles de christianisme et, disons-le, de patriarcat.

Elles sont de retour, et elles ont 2-3 choses à vous dire.

Et si cette auteure vous intrigue, sachez qu’elle a été très prolifique, et que ce n’est pas pour rien qu’elle est un pilier de la fantasy et de la science-fiction. D’ailleurs, sa seconde saga la plus connue est La Romance de Ténébreuse, un formidable univers de science-fiction qui se suffit à lui-même… mais c’est une autre histoire.

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