Il y en a qui ont vraiment du mal à encaisser les défaites. Mardi 3 août, la joueuse de tennis Alizé Cornet a partagé sur Twitter les propos haineux qu’elle a reçus en messages privés, sur Instagram, de la part de parieurs sportifs — la Française, tête de série numéro 1, venait de perdre son match face à l’Égyptienne Mayar Sherif (119e mondiale) au premier tour du tournoi roumain de Cluj-Napoca.
Une cinquantaine de personnes auraient glissé dans ses DM pour la couvrir d’insultes.
Habituée à recevoir ce type de messages, la sportive de 31 ans a choisi l’humour « à la Julien Doré » pour recaler les haineux anonymes du Web — le chanteur français a en effet pris le parti de tacler publiquement ses détracteurs en ligne.
Seulement, là, on parle de menaces de viols et de mecs qui souhaitent la mort d’une joueuse de tennis (59ème mondiale) car elle a perdu un match. « Respire un coup monsieur patate », rétorque Alizé Cornet à un certain « Patate » qui enchaîne les insultes dans un pavé imbuvable. Rappelons que l’injure, même privée, et les menaces de mort sont punies par la loi.
Les parieurs, ces harceleurs du dimanche
On le sait, les réseaux sociaux facilitent la diffusion de propos violents sous couvert d’anonymat. Les sportifs, et surtout les sportives, n’y échappent pas. « Vive les parieurs sportifs », ironise Alizé Cornet à la fin de son tweet, en référence aux personnes qui misent lors des matchs et s’acharnent sur les athlètes en cas de perte de leurs gains.
Plusieurs figures du tennis, dont Gaël Monfils et Caroline Garcia, ont déjà dénoncé la cyberviolence des parieurs qui les poussent parfois à quitter les réseaux. Cette dernière confiait en 2020 à L’Équipe :
« Les mots et les phrases sont violentes. Dans la vie de tous les jours, les gens ne se permettraient jamais de dire ça. Ça ne vient que des parieurs mais c’est quotidien. »
La Fédération française de tennis a pris conscience de l’ampleur du problème et a créé une cellule d’écoute pour venir en aide aux joueurs et joueuses harcelées et menacées : elle a signé un accord de partenariat avec la société Net Ecoute afin d’apporter un soutien psychologique — et dans certains cas juridique — aux victimes de cyberviolences.
« Il paraît que la santé mentale des athlètes est dans l’air du temps… On comprend mieux pourquoi ! », souligne Alizé Cornet dans son tweet. Le retrait de Simone Biles des Jeux olympiques de Tokyo et celui de Naomi Osaka à Roland-Garros ont récemment remis sur la table la question du bien-être psychologique des sportifs et sportives de haut niveau.
En finir avec la violence en ligne
D’après l’ONU, 73% des femmes ont déjà été exposées à de la violence sur Internet. Le documentaire #SalePute, diffusé sur ARTE, met très bien en lumière le caractère systémique des violences en ligne qui touchent les femmes dès qu’elles s’expriment publiquement. Surtout, il témoigne de la banalisation du sujet, et la difficulté pour les victimes d’en parler.
En affichant publiquement les messages qu’elle a reçu, Alizé Cornet prouve encore une fois que c’est le lot commun de beaucoup de femmes de recevoir des menaces de viol. Mais pas question d’accepter que des blaireaux se défoulent derrière leurs écrans sans réagir.
Pour rappel, le cyberharcèlement est un délit passible de deux ans d’emprisonnement et 30.000€ d’amende ; ceci dit, très peu de personnes portent plainte, vu le peu de chances que celles-ci ont d’aboutir, notamment à cause de l’anonymat des harceleurs. Et là-dessus, les solutions manquent : la question de la levée de l’anonymat, notamment dans le cadre d’une enquête, fait encore débat chez les parlementaires.
En attendant que le gouvernement se bouge sur la question, nous vous proposons plusieurs comportements à adopter en cas de cyberharcèlement.
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Crédit photo : Christian Mesiano / CC BY-SA 2.0
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