Il y a quelques mois, on vous parlait de cette équipe de recherche à Lyon qui avait entrepris de collecter des tampons usagés, pour étudier le lien entre ces protections périodiques, et le Syndrome du Choc Toxique.
Pour rappel, le Syndrome du Choc Toxique (SCT) est une infection due à certaines souches de staphylocoques dorés qui peut atteindre l’organisme de manière globale en ayant des conséquences pas jo-jo.
Clémence vous expliquait très bien ce dont il s’agissait dans l’article qui présentait cette étude, si vous n’êtes pas familièr·es avec le terme je vous invite à y jeter un oeil : c’est très instructif.
La coupe menstruelle, « plus dangereuse que les tampons » ?
Passons à ce qui nous intéresse aujourd’hui : l’équipe médicale chargée d’étudier tous ces tampons usagés a rendu les conclusions de son étude.
Et on a pu voir dans la presse fleurir ce genre de titres :
Ça fait flipper non ? Surtout lorsqu’on est passé•e des tampons à la cup en espérant justement que ce soit
- plus écolo
- moins risqué en terme de santé.
Du coup j’ai voulu en avoir le coeur net. Je me suis penchée sur ces résultats et j’ai contacté Gérard Lina, le chercheur à l’origine de cette étude.
« Aucune protection testée ne favorise » les Syndromes du Choc Toxique
La première chose qui m’a rassurée est le titre du bilan de l’étude (qui est courte et accessible, n’hésitez pas à jeter un oeil) :
« Choc toxique lié aux règles : aucune protection testée ne favorise la croissance et la production de la toxine. »
Good news donc ! En regardant plus en détail, il y est bien dit que finalement, les tampons ne favorisent pas le syndrome du choc toxique menstruel :
« L’équipe n’a pas observé de relargage par les tampons de produit ayant un impact sur le staphylocoque. »
C’est à dire que la composition des tampons ne favorise pas le développement ni du staphylocoque, ni de la toxine qu’il produit ! En tous cas, pas ceux qui ont été testés, choisis parce qu’ils sont « les plus utilisés » selon le labo : Nett, Tampax, Natracare, Ob.
Gérard Lina m’explique :
« Il y a 20 ans avec les tampons Rely, les staphylocoques se reproduisaient 10 fois plus et produisaient 10 fois plus de toxine. Aujourd’hui, avec les tests qu’on a effectués, on observe soit un effet neutre, soit ça peut même inhiber.
Ce qui est rassurant, c’est que nous avons de bons produits. »
Les coupes menstruelles et le Syndrome du Choc Toxique
En regardant le graphique qui illustre les résultats, on remarque que deux types de cup ont également été testées : Meluna et Be’Cup.
Il faut savoir que ces tests ne mettent pas encore à profit toute la collecte de tampons qui a eu lieu, ceux-ci seront réalisés à partir de septembre.
L’équipe n’a d’ailleurs pas collecté de cup, cette première expérience in vitro a été effectuée dans des sachets stériles qui visaient à reconduire le plus fidèlement possible les conditions vaginales.
Mais sur l’utilisation des cups, il est effectivement précisé la chose suivante :
« Les coupes menstruelles, en ayant un diamètre plus important que les tampons, elles permettent une arrivée d’air et donc d’oxygène plus importante et favorisent plus la croissance du staphylocoque et la production de la toxine.
Les règles d’utilisation des coupes menstruelles doivent s’inspirer de celles des tampons. Ne pas les porter la nuit pendant son sommeil et le jour plus de 6 heures. »
Gérard Lina me précise que si ce développement un peu plus rapide du staphylocoque est bien dû à l’oxygène, ce n’est pas dans des proportions inquiétantes si l’on compare au témoin sans cup.
Le Syndrome du Choc Toxique, une question d’hygiène
En fait, il me confirme que l’occurence du SCT est en réalité davantage une question de bonnes pratiques.
Si tu changes ou rinces tes protections toutes les 4 à 6h, en te lavant les mains avant, que tu stérilises ta cup : c’est bon !
« Le système de stérilisation est très bien, c’est une bonne pratique : on ne retrouve pas le staphylocoque derrière. »
Un autre point sur lequel il attire mon attention est vis-à-vis de l’utilisation de la cup la nuit :
« Quand on est debout le flux menstruel n’est pas en contact avec le vagin puisqu’il est dans la cup, le souci c’est quand ça va déborder ou qu’on est à l’horizontale.
C’est pour ça qu’une utilisation nocturne des cups comporte les mêmes risques que les tampons périodiques.
C’est d’ailleurs pendant la nuit que la majorité des jeunes femmes développent leur SCT, ce qui n’arrive pas si on utilise des protections externes. »
Les bonnes pratiques, c’est d’ailleurs ce sur quoi l’équipe médicale souhaite continuer à travailler : c’est la raison pour laquelle elle a lancé une « grande enquête nationale sur l’usage des tampons périodiques pour la prévention du choc toxique menstruel ».
Je vous incite donc à y répondre :
« Il faut plusieurs milliers de réponses pour que l’on puisse avoir des résultats représentatifs. Le but est d’étudier la manière dont les jeunes et moins jeunes sont éduqué·es à ce sujet-là. »
Le Syndrome du Choc Toxique, un risque à relativiser
Pour finir, il faut bien avoir conscience également que ce risque lié aux SCT est faible.
« C’est une pathologie virulente mais rare », confirme Gérard Lina.
Même si l’on a vu le nombre de cas recensés augmenter, l’équipe elle-même a émis une « mise au point » qui indique que cette augmentation est en réalité due au fait que davantage de médecins signalent les cas de SCT :
« Les données du CNR ne mettent pas en évidence, malgré une augmentation croissante des déclarants, d’augmentation significative du nombre de cas rapportés de SCT d’origine menstruelle au cours des 6 dernières années (2011 à 2016), avec une moyenne de 20 cas recensés chaque année »
Il y a donc 20 cas recensés chaque année, et ce n’est pas forcément dû au fait qu’il y ait davantage de cas, mais plutôt au fait que les professionnel·les sont plus sensibilisé·es et les signalent mieux, pour pouvoir davantage les étudier.
De plus, ces 20 cas ne se terminent pas tous par la mort de la patiente, même si cela peut avoir des conséquences au long terme sur la santé des personnes touchées.
Alors juste pour prendre un peu de recul : cela signifie qu’en France, vous avez plus de chances de mourir d’un accident de la route, que d’un SCT.
3469 personnes meurent chaque année sur les routes de France, c’est beaucoup plus que les personnes victimes d’un SCT.
N’hésite pas à partager tes réflexions sur cette étude dans les commentaires !
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Les Commentaires
Tu as des pochettes imperméables (et jolies) qui sont vendues en même temps. Sinon, un ziplock ou un sac plastique ça passe aussi. J'ai aussi une très grande pochette en tissu imperméable pour les ranger en attendant de faire la grosse machine de fin de cycle mais certaines personnes préfèrent les laver tous les jours/soirs au fur et à mesure.
C'est justement beaucoup plus confortable que des serviettes classiques : tu ne sens pas l'humidité, ça ne sent pas et n'irrite pas. Quand j'utilisais des serviettes jetables, j'avais
Bref, je suis convaincue de chez convaincue, pour rien au monde je ne reviendrais aux serviettes jetables.