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Culture G – Olympe de Gouges

Aujourd’hui, je vais te parler d’Olympe de Gouges. Tu dois certainement te demander qui c’est et pourquoi je parle d’elle. En fait, elle et moi sommes nées dans la même ville : Montauban. Jolie petite ville de 60 000 habitants du Tarn-et-Garonne, créée au Moyen âge au XIIe siècle par le Compte de Toulouse Alphonse Jourdain et chef lieu des protestants aux XVI-XVIIe siècles, Louis XIII qui vient les déloger, etc.. Ouais, je sais, je ne suis pas là pour faire la promo de la ville rose (oui parce que Montauban est plus rose que Toulouse, là au moins on en voit partout des briques!).

Non en fait, Olympe, Marie Gouzes de son vrai nom, est une des premières féministes de France, elle a écrit en 1791 les Droits de la femme et de la citoyenne et s’est faite décapiter en 1793, l’année même où couic le roi Louis XVI.

Son origine

Olympe de Gouges est née à Montauban le 7 mai 1748 sous le nom de Marie Gouze. Elle est la fille de Pierre Gouze, bourgeois montalbanais, et de Anne-Olympe Mouisset, fille d’un drapier. Certains rapportent qu’elle serait la fille naturelle du poète Le Franc de Pompignan. A l’âge de 17 ans, elle épouse un traiteur parisien, Louis-Yves Aubry, officier de bouche de l’Intendant qui meurt peu de temps après et lui laisse une expérience conjugale décevante. Elle ne se remaria pas mais ne manqua pas de relations, notamment une avec un haut fonctionnaire de la marine pendant de longues années. Rien ne la rattachant à Montauban, elle part à Paris.

Sa vie à Paris et la dénonciation de l’esclavage

Olympe de Gouges a reçu une bonne éducation et s’adapte aisément aux usages de l’élite parisienne. Dans les salons, elle rencontre plusieurs hommes de lettres, et s’essaye à l’écriture. Sa filiation supposée avec Le Franc de Pompignan est également un mobile probable à son entrée dans la carrière littéraire.

Le théâtre demeure à cette époque sous le contrôle du pouvoir alors qu’il est le support privilégié des idées nouvelles. Olympe de Gouges monte un théâtre itinérant avec sa propre troupe, avec décors et costumes. Indépendamment de son théâtre politique qui fut joué à Paris et en province pendant la Révolution, la pièce qui rendit célèbre Olympe de Gouges est l’Esclavage des Noirs, publié en 1792 mais inscrite au répertoire de la Comédie-Française en 1785 sous le titre de Zamore et Mirza, ou l’heureux naufrage. C’est une pièce audacieuse dans le contexte de l’Ancien régime. Le Code Noir édicté sous Louis XIV était alors en vigueur. Elle a publié en 1788 des Réflexions sur les hommes nègres, qui lui ont ouvert la porte de la Société des amis des Noirs dont elle fut membre. Avec la Révolution française, la Comédie devient plus autonome. Olympe continue à faire face aux harcèlements, aux pressions et même aux menaces. En 1790, elle composa une autre pièce sur le même thème, intitulée le Marché des Noirs.

Les « tricoteuses » et la Révolution

La participation politique des femmes aux événements s’est affirmée durant la Révolution française, occupant le terrain de l’action militante Dans la rue, dans les tribunes des clubs, sociétés ou assemblées. Elles sont souvent surnommées péjorativement les « tricoteuses », en référence à leur travail manuel qu’elles continuent à exercer dans les tribunes publiques, tout en participant activement aux délibérations politiques. Elles s’engagent sur tous les fronts : lutte contre la misère et la faim, contre la Gironde à la Convention, et parallèlement, un mouvement de défense des droits de la femme apparait, revendiquant la liberté de la femme et l’amélioration de sa condition sur le plan civil, social ou économique. Olympe de Gouges fait partie de ces « tricoteuses » avec Etta Palm d’Aelders ou Théroigne de Méricourt.

Déjà engagée dans la Révolution, Olympe soutient également les Girondins à travers ses écrits, rédige des pamphlets contre Marat et Robespierre. et défend le roi Louis XVI.

Les Droits de la Femme et de la Citoyenne

Elle prône dans son ouvrage, calqué sur la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, l’émancipation féminine, notamment au travers de l’égalité entre les sexes.

Le préambule du texte s’adresse à Marie-Antoinette, à qui elle implore de défendre jusqu’au bout le « sexe malheureux ». Pour Olympe, la femme doit être considérée comme une citoyenne à part entière : droit au vote et à la propriété privée, pouvoir prendre part l’éducation et à l’armée, et exercer des charges publiques, en arrivant même à demander l’égalité de pouvoir dans la famille et dans l’Église. La phrase la plus célèbre de sa Déclaration est : « La Femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune ». Ironie du sort ?

Ce document n’a aucune valeur légale car refusé par la Convention mais il a toutefois une importance historique : il s’agit de la première déclaration universelle des droits humains qui élève une exigence universellement valable à la fois pour les hommes et les femmes. La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 n’a été arrêtée que pour une moitié de l’humanité, sans avoir été légitimée par l’autre moitié, et pourtant, elle continue à être transmise, dans la conscience historique moderne, comme la base des droits de l’homme. La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne constitue un brillant plaidoyer radical en faveur des revendications féminines et une proclamation authentique de l’universalisation des droits humains.

Sur l’échafaud

Ses agissements, notamment en défendant les Girondins, l’ont amenée à être guillotinée en 1793. Par son combat, Olympe de Gouges est néanmoins considérée comme l’une des toutes premières « féministes ».


Les Commentaires

2
Avatar de Pantoufle
3 octobre 2009 à 14h10
Pantoufle
J'adore les personnages de la Révolution, surtout les personnages féminins. Et honte à moi, je ne connaissais que très peu Olympe de Gouges ! Merci
0
Voir les 2 commentaires

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