Qui dit cubisme dit Picasso, et qui dit Picasso dit bouche à la place des yeux et oreilles en dessous des bras. Mais pas seulement. Voici en quelques lignes et en images la petite histoire du cubisme, né d’une amitié entre deux artistes et mouvement clé du renouveau de l’art au vingtième siècle (à mon humble avis).
A ma droite : Pablo Picasso. Né en 1881 à Malaga (Espagne), fils d’un professeur de dessin. Personnalité irascible, qui s’emporte facilement, rempli d’angoisses et de sentiments contradictoires, le prolifique Pablo est un artiste difficile à cerner.
A ma gauche : Georges Braque. Né en 1882 à Argenteuil (Val-d’Oise), fils d’entrepreneur peintre en bâtiment. Homme posé, sagesse d’esprit et caractère très attachant font de lui un peintre très apprécié dans le milieu artistique.
Ces deux là n’ont a priori pas grand chose en commun et pourtant, une forte amitié va se créer entre ces deux artistes et en résulte la naissance du cubisme.
En 1907 a lieu une grande rétrospective de Paul Cézanne. C’est à cette occasion que vont se connaître Braque et Picasso. Ce dernier travaille déjà à la composition des Demoiselles d’Avignon (qui rappelons-le sont aussi avignonnaises que moi, puisque se sont des prostituées barcelonaises), pour lesquelles il ne fera pas moins de 800 esquisses et études !
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Picasso, Les demoiselles d’Avignon, 1909, huile sur toile.
Les deux artistes vont donc être fortement inspirés par Cézanne : perception du monde dans son étrangeté, paysage comme monde autonome, touche nerveuse, palette chromatique relativement froide. Tout y est.
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Paul Cézanne, Route tournante en haut du chemin des laves,
1904, huile sur toile.
Le cubisme analytique
Ils vont alors développer une peinture géométrisée, décomposée, l’espace va être réduit à un plan unique afin de mettre en avant les formes, qui vont elles-mêmes être simplifiées. C’est ce que l’on appelle le cubisme analytique.
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Braque, Viaduc à l’estaque, 1907, huile sur toile, Musée de Minneapolis.
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Picasso, Briquetterie à Tortosa, 1909, huile sur toile.
On retrouve dans ces tableaux des trouées d’ombres, typique du monde Cézanien, laissant entendre qu’il y a un monde derrière le tableau. On ressent une certaine inhabitabilité dans ces paysages.
Quant aux portraits et aux figures humaines, les cubistes les traitent de façon peu valorisante : monstruosité, créatures humanoïdes, distorsions… On devine également une influence directe de la statuaire africaine, qui était une véritable passion pour Picasso.
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Pablo Picasso, Nu dans la forêt, 1908, huile sur toile.
Le cubisme synthétique
A partir de 1912, on entre dans la période du cubisme synthétique qui se caractérise par la réapparition des couleurs vives et par quatre grandes révolutions :
– L’invention des papiers collés bien sûr, en 1912 par Georges Braque. Des fragments de réels s’invitent dans les œuvres cubistes, notamment des morceaux de journaux.
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Pablo Picasso, Compotier avec fruits, violon et verre, 1912,
huile et papiers collés sur toile.
– La nouvelle relation entre le format de la toile et la forme représentée. Les artistes n’hésitent plus à peindre dans un sens et présenter leur travail dans un autre. Par exemple : Picasso, Violon jolie Eva a été peint verticalement puis présenté horizontalement. Les formats panoramiques sont également de plus en plus utilisés.
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Picasso, Violon Jolie Eva « Ma jolie », 1912, huile sur toile.
– Les objets du réel collés à même la toile. Le plus souvent, des objets venant tout droit des nobles poubelles de Picasso, qui donnent une certaine noblesse au matériau « du peuple ».
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Picasso, Nature morte à la chaise cannée, 1912,
huile et objets sur toile, Musée Picasso de Paris.
– Enfin, l’apparition des « assemblages », nom donné aux sculptures réalisées par Picasso à partir de 1912. Aucun souci de ressemblance au point de se demander si cela s’approche plus du bricolage plutôt que de l’art…
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Pablo Picasso, Guitare, 1912, carton, Musée Picasso de Paris.
En août 1914, Braque est mobilisé pour la Première Guerre Mondiale. Touché à la tête et trépané, il ne pourra repeindre qu’en 1917 et sa peinture va beaucoup évoluer (encore plus colorée, moins anguleuse et plus proche du réel). La collaboration avec Picasso s’arrête alors ici car ce dernier va lui aussi évoluer et se rapprocher des surréalistes un temps et se consacrer davantage à la sculpture.
Les mouvements comme le tubisme et le purisme (fondé par Charles-Edouard Jeanneret, retour à la pureté absolue des formes) vont découler directement du cubisme et s’en inspirer.
A voir par exemple pour le tubisme :
Fernand Léger, Nus dans la forêt, 1909.
A voir par exemple pour le purisme :
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Amédée Ozenfant, Verres et bouteilles, 1922, huile sur toile.
En conclusion, le cubisme aura engendré énormément de choses. Du négatif : nombreuses ont été les critiques (Jean Paulhan dira que ces artistes nous « séparent des choses ») vis-à-vis de ces artistes qui ont littéralement fait exploser tout les codes académiques (cf. la peinture de la Renaissance). Mais aussi du positif : une véritable révolution au sein de l’art qui ouvrira grand la porte à toutes les autres avant-gardes artistiques.
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Les Commentaires
Ben merci Nadja et .Flo., vous me donnez un nouveau point de vue sur l'appréciation de l'art pictural beaucoup plus intéressant et profond que le seul esthétisme apparent, il est vrai... J'vais tester ça
(et Nadja, à te lire je pense que tu n'as pas à t'inquiéter sur le bien-fondé de ton choix d'études, si tu t'en tiens au critère de l'intérêt )
Euh, je sais pas trop si je dévierais du sujet en me lançant sur l'intellectualisation de l'art... Je trouve cette position intéressante, mais du coup me rendre compte de son existence m'amène à me rendre compte de l'existence de l'appréciation brute et superficielle du "beau" (ouais, ou du "sublime", une amie m'a fait un topo là-dessus... Bref) à laquelle je n'avais pas fait attention jusque là, puisque je différenciais pas les points de vue que l'on pouvait avoir sur une oeuvre. Du coup je vais dire que je suis pas d'accord avec toi, .Flo., là-dessus : Parce que l'art ça touche aussi et avant tout l'âme, c'est transcendant, c'est direct et inconscient, c'est sur un autre plan. La première impression, qu'elle soit fausse ou non, qu'elle doive être amenée à changer ou non, est toujours importante et conditionne la relation que l'on entretiendra ensuite avec la chose (ou la personne, ou autre). Ensuite, tant qu'à intellectualiser, on peut aussi être amené à réfléchir sur l'impression produite par l'oeuvre, au-delà d'elle-même, mais on se retrouve dans un processus beaucoup plus psychologique et personnel.
En fait, je pense qu'on peut trouver une complémentarité dans ces deux approches (réflexion sur le contexte et la genèse de l'oeuvre / l'oeuvre elle-même et son impact), ou les dissocier totalement, mais chacune trouve son importance. Dans des plans différents.
Merci à vous en tout cas ^-^