On présentait la jeune génération comme désabusée par le couple, ayant renoncé au sexe malgré une utilisation intense des applis de rencontre. Il n’en est en réalité rien.
C’est ce que démontre une étude de l’Ined (Institut national d’études démographiques ) dévoilée mercredi 19 juin et qui s’intitule « Couples, histoires d’un soir, sexfriends : diversité des relations intimes des moins de 30 ans ». Il s’agit de la première étude tirée de l’enquête « Envie », réalisée en 2023 auprès de 10 000 jeunes âgés de 18 à 29 ans.
« Alors qu’on a dit que cette génération a peu d’intérêt pour la sexualité, il apparaît que quatre sur cinq ont eu une relation intime dans l’année précédente », souligne auprès de l’AFP Marie Bergström, responsable scientifique de l’enquête Envie.
Pas de génération « no sex »
Premier enseignement de l’étude de l’Ined : les jeunes n’ont pas tiré un trait sur la vie de couple ou sur les relations amoureuses. Ainsi, 79 % des jeunes adultes interrogés déclarent avoir connu au moins une forme de relation intime ou sentimentale au cours des douze derniers mois. Il peut s’agir de relations de couple « classiques », d’une histoire d’un soir ou de « relations suivies », dans toute leur pluralité : « sexfriend », « plan cul », « amitié avec un plus », « flirt », « aventure »… 19 % d’entre eux ont même connu les trois types de relation, même si la majorité (60 %) n’en ont connu qu’un seul , c’est-à-dire soit un ou plusieurs couples, soit une ou plusieurs histoires d’un soir, soit une ou plusieurs relations suivies. Enfin, 21 % des jeunes adultes n’ont connu aucune de ces relations durant l’année 2023. C’est plus souvent le cas des hommes (24 %) et surtout des personnes non binaires (38 %) que des femmes (17 %).
Le couple reste la norme
Même si les moins de 30 ans sont ouverts aux autres formes de relations, plus floues, l’étude montre qu’ils restent encore majoritairement attachés au couple « traditionnel » : deux tiers déclarent ainsi avoir été en couple au cours de l’année écoulée, que cette relation soit terminée ou non.
Mais, contrairement à leurs aîné·es, les jeunes sont peu à cohabiter avec leur partenaire (moins d’un tiers des répondant·es), 9 % seulement sont pacsés et 7 % mariés. Ce qui ne les empêche pas de se déclarer « très » amoureux·se de leur conjoint·e (77 %). 17 % se déclarent « plutôt » amoureux·se et seulement 6 % « pas du tout » ou « pas vraiment » amoureux·se.
« Cette diversité relationnelle s’oppose aux discours convenus, tant ceux qui présagent la mort du couple que ceux annonçant une génération ‘no sex’ devenue prude ou prudente », analysent les chercheuses de l’étude. La jeunesse contemporaine est au contraire un moment relationnel intense. Le couple y occupe une place centrale mais coexiste avec des histoires éphémères et des relations qui brouillent les frontières entre amitié et sexualité. »
Des aventures éphémères et sans attache
Autre leçon à tirer des résultats de l’étude : les histoires d’un soir, ou de quelques jours, prennent une place de plus en plus importante dans la vie intime des 18-29 ans. 21 % d’entre eux disent en avoir fait l’expérience au cours des douze derniers mois. C’est notamment le cas des personnes ayant vécu une rupture dans l’année.
Les personnes concernées peuvent même avoir vécu plusieurs histoires brèves : deux (21 %), trois à cinq (27 %) ou six et plus (20 %), contre 32 % n’en ayant vécu qu’une seule.
Une place relative des applis dans la part des rencontres
Si les applis de rencontre font désormais partie du quotidien des jeunes adultes, ces dernières ne constituent pas encore le lieu principal où se forment les couples. Selon les résultats de l’étude, les relations engagées via les apps restent surtout passagères : 21 % des jeunes adultes ayant connu une histoire d’un soir dans les douze derniers mois ont rencontré leur partenaire via une application de rencontres. La proportion est moitié moindre pour les personnes en couple (cohabitant ou non), parmi lesquelles seules 11 % ont connu leur partenaire par ce biais. Les relations suivies sont, elles, dans une position intermédiaire : 16 % des répondant·es ont rencontré leur « sexfriend », leur « plan cul régulier » ou un autre partenaire de ce type via une application.
En réalité, c’est plutôt IRL (in real life, « dans la vraie vie » en anglais) que les relations, éphémères ou non, naissent. Ainsi, les lieux d’études et de travail restent un espace de rencontre majeur, notamment pour les couples (34 %). Les lieux comme les bars, les boîtes de nuit, les concert et les festivals sont aussi des lieux propices aux rencontres comme, dans une moindre mesure, la rue, les commerces et d’autres espaces publics. C’est particulièrement le cas des histoires d’un soir. S’ajoutent à ces contextes de rencontres, d’autres plus minoritaires comme les soirées entre ami·es, les réseaux sociaux ou les jeux en ligne, les domiciles (chez soi, chez un·e ami·e ou chez le ou la partenaire) ou la famille. Ces autres contextes ne dépassent jamais 10 % mais témoignent de la diversité des modes de rencontres des jeunes adultes.
Des expériences contrastées selon le genre, l’âge et la catégorie sociale
Dernier enseignement de l’étude de l’Ined : il existe de grandes disparités de situations entre les personnes sondées. Ainsi, les femmes sont plus nombreuses que les hommes et les personnes non binaires à déclarer avoir été en couple. Les hommes, eux, parlent plus volontiers de « plan cul » que les femmes, tandis que celles-ci décrivent davantage que les hommes ces relations comme « de l’amitié avec un plus ». Les personnes non binaires sont celles qui déclarent le plus souvent des relations suivies : le questionnement du genre semble s’accompagner de celui des normes conjugales et sexuelles.
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Les Commentaires
Combien de filles se retrouve sur le carreau quand le gus a fini son affaire ? (pas toutes, heureusement, mais quelque-chose me dit que cela leur arrive plus qu'aux garçons...)
Sinon Madmoizelle, pour info, les mots crush, plan cul et sexfriends ne datent vraiment pas d'hier !