Si l’on ne rechigne jamais à taper allègrement sur les productions Netflix françaises — et même internationales (cf Emily in Paris et autres Bridgerton soporifiques) — il convient d’admettre qu’en ce début d’année 2021, la plateforme a fait fort !
Exit les problématiques sucrées des Plan Cœur
et autres excentricités historiques type La Révolution, l’heure est à la réécriture moderne du mythe façonné par Maurice Leblanc en 1905.
Lupin, c’est un programme ambitieux, dense et social qui cartonne en France et s’exporte même très bien à l’international.
Lupin, sur Netflix, de quoi ça parle ?
Il y a 25 ans, la vie du jeune Assane Diop est bouleversée lorsque son père meurt après avoir été accusé d’un crime dont il était innocent.
Aujourd’hui, le jeune Assane a bien grandi et décide de s’inspirer de son héros, Arsène Lupin — connu comme le Gentleman Cambrioleur — pour venger l’injustice dont a été victime son père.
Employé comme agent d’entretien au Louvre, il va rapidement développer des techniques très approfondies pour se rapprocher de son idole et mener à bien sa mission intime…
Lupin, une production grandiloquente
Créée par le Britannique George Kay, cette nouvelle série Netflix — superbement emmenée par un Omar Sy qui décidément ne s’économise aucun succès — a vu ses trois premiers épisodes réalisés par le prolifique Louis Leterrier. Ce dernier est coutumier des productions conséquentes puisqu’il a notamment donné vie à Dark Crystal : Le Temps de la Résistance, Insaisissables, Le Choc des Titans, et autres Le Transporteur.
Les premiers épisodes de Lupin sont à l’image des longs-métrages du cinéaste : grandiloquents. Pas d’esbroufe ici mais du vrai spectacle, un peu lisse peut-être, mais franchement divertissant.
Scènes d’action à l’américaine, scénographie soignée, tout est fait pour qu’on en prenne plein la gueule ; aucune place n’est laissée à l’ennui, et ça fait du bien. Parce que bordel, qu’est ce qu’on se faisait chier d’ordinaire devant les productions Netflix France !
Lupin (Netflix), un succès colossal
Cette transposition de la Belle Epoque à l’ère des smartphones et autres plateformes de SVoD a cela de prenant qu’elle a été savamment écrite.
Et ça se ressent dans l’appréciation du programme par une partie des critiques français — cf. Le Monde, Écran Large et Les Inrocks (l’autre partie déplorant une certaine consensualité) — comme par les abonnés de la plateforme.
Lupin est en ce lundi 11 janvier, c’est à dire trois jours après sa sortie, toujours numéro 1 du classement hexagonal. Et s’il séduit les Français, le programme fait quelques infidélités à son pays d’origine pour conquérir aussi le cœur des Américains !
Outre-Atlantique, la série surprend en effet, et se paye quelques critiques élogieuses, notamment de la part de médias prestigieux comme Variety qui souligne l’efficacité de cette réécriture, cette fois-ci débarrassée de monocle et de moustache.
Un succès qui redore l’image des productions françaises de Netflix !
Lupin, une fable plus sociale qu’il n’y parait
S’il est évident que les scènes d’action et l’ambiance « thriller » de la série lui confèrent une dimension immédiatement divertissante, le vrai gros atout du programme, c’est sans doute la construction sociale de son personnage central.
Assane est fils d’immigré qui parvient à être efficace comme cambrioleur car il est notamment invisibilisé en tant qu’homme noir.
Lupin, ça parle vol de bijoux hors de prix, pour coller au plus près des intrigues originelles de Maurice Leblanc, mais ça évoque aussi les discriminations touchant les personnes racisées tout comme celles qui appartiennent aux classes populaires.
Un socle riche à exploiter, qui permet la revisite d’un mythe du siècle dernier avec un filtre actuel !
À la croisée de deux mondes qui s’affrontent trop souvent lorsqu’ils devraient s’embrasser, action et social ne font plus un dans le réjouissant Lupin. En espérant que Netflix France continue sur cette belle lancée !
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Les Commentaires
Ça se laisse bien regarder franchement. Sur l'échelle des séries françaises et par rapport à ce que le grand public est habitué à voir à la tv, les séries Netflix françaises sont quand même d'un niveau au-dessus ! Mais c'est sûr qu'on part de siiiii loin, que comparativement aux milliers de séries étrangères que l'on consomme sur les plateformes ou internet, ça ne fait pas très abouti
Le véritable point faible des séries françaises, je trouve, c'est qu'elles n'arrivent pas à être bonne sur la réalisation et sur le scénario, soit c'est l'un, soit c'est l'autre, soit c'est moyen sur les deux comme pour Lupin. Par ex, j'aime beaucoup Dix pour Cent (qui n'est pas Netflix), ça cartonne à l'étranger grâce à une idée originale d'autodérision des acteurices mais en terme de réalisation, c'est quand même assez plat visuellement. A l'inverse, j'ai trouvé audacieuse La Révolution, avec de très beaux plans, quelques idées nouvelles, des bonnes musiques ou références placées +/- subtilement de manière volontairement anachronique (la Marseillaise sifflotée l'air de rien) ou le Bazar de la Charité (pas Netflix) qui offrait une belle esthétique et quelques plans intéressants... mais pour les deux, les scénario étaient cousus de fil blanc, ce qui peu lasser assez vite.
Pour Lupin, ça reste bien réalisé, on sent qu'il y a de l'argent pour filmer de beaux plans, des décors sympa, des actions intéressantes mais bon, il n'y a pas non plus une seule scène qui laisse le souffle coupé. Et en terme de scénario, si ça rend assez bien hommage au personnage d'Arsène, ce n'est pas non plus original, ni surprenant et le manque de crédibilité pour certaines choses (voire l'impression de déjà-vu ou de mater Insaisissables) ne rend pas particulièrement impatient de connaître la prochaine saison ^^
Je note quand même deux points très positifs : Omar Sy qui joue très bien et un casting de gens lambdas.
Mine de rien, il y a de tous les âges et de tous les physiques et, franchement, ça ne fait pas du bien de voir des riches qui ne sont pas des quinquagénaires et quadragénairesContenu spoiler caché. bien gaulés, charismatiques façon Clooney, d'avoir une journaliste qui n'est pas une pure mannequin dans l'âge d'Omar Sy pour y caler une pseudo attirance romantique/sexuelle durant l'histoire, d'avoir une "Juliette Pelligrini" de 41 ans et pas 25 pour faire 35 ? Moi, j'ai apprécié