Le budget des familles fond, le prix de l’immobilier s’envole. Dans un contexte d’inflation, les ménages déjà fragilisés par la crise Covid rencontrent de plus en plus de difficultés pour se loger. Face à eux, des mesures gouvernementales qui accablent les plus pauvres et compliquent d’autant plus leur accès à un logement décent. Les femmes et plus particulièrement les mères sont les premières concernées.
La crise du logement en France
Le prix de l’immobilier est déconnecté de la réalité financière des foyers hexagonaux. Entre octobre 2021 et octobre 2022, l’inflation a augmenté de 6 %. Malgré tout, le coût du logement continue d’augmenter sur l’ensemble, ou presque, du territoire. Le 28e rapport sur l’état du mal logement en France publié par la fondation Abbé Pierre révèle que les ménages gagnant moins de 2 500 euros par mois ne peuvent plus se loger dans les métropoles françaises. La fondation s’est également penchée sur les parcs locatifs privés de 11 villes petites ou moyennes comme Annecy, Melun ou encore Pornic. Aucun n’est accessible aux revenus inférieurs à 900 euros par mois.
Des règlementations qui affaiblissent les plus précaires
Malgré les difficultés croissantes des moins privilégiés pour accéder au logement, les réglementations sont de plus en plus strictes. Dorénavant, les squats pourront être évacués sans décision de justice, même si les bâtiments et locaux sont destinés à l’usage professionnel et / ou vides. Ces occupations illégales sont passibles de trois ans de prison et 45 000 d’amende. Les squatteurs ne sont pas les seuls concernés par le durcissement des réglementations. En situation d’impayé, les délais d’expulsion des locataires se réduisent et la justice ne peut plus leur accorder de délais de paiement ni le maintient dans leur logement. Si ces « mauvais payeurs » refusent de quitter les lieux malgré tout, ils risquent jusqu’à six mois de prison et 7 500 euros d’amende.
Les femmes et les enfants en première ligne
Dans ce contexte de crise du logement, les femmes sont les premières concernées puisque ce sont toujours elles les plus précaires en France. Les emplois à temps partiels sont occupés à 88 % par des femmes et à 51 % par des mères. Elles sont également beaucoup plus nombreuses à s’arrêter totalement de travailler pour s’occuper de leurs enfants. Ces ajustements impactent négativement leurs revenus et leur accès au patrimoine. Parmi les couples propriétaires, 54 % d’entre eux ont acquis leur bien à part égal et 27 % des hommes l’ont acquis seuls contre 15 % des femmes.
Quand le couple leur assure une certaine protection financière, leurs revenus baissent de 20 % en moyenne après une séparation. Elles se retrouvent souvent contraintes de quitter un domicile conjugal que leur ex-partenaire peut continuer de financer, contrairement à elle. Malgré tout, elles conservent généralement la garde exclusive de leurs enfants puisque les mères représentent 83 % des familles monoparentales, et 36 % de ces familles vivent en dessous du seuil de pauvreté. Ces mères célibataires sont 29 % à obtenir un logement social, mais pour 18 % d’entre elle, la petite taille de ce logement n’est pas adaptée à la composition familiale.
Un manque de solutions pour les familles fragilisées
Si les foyers précaires sont particulièrement concernés par cette crise du logement, les femmes en situation d’urgence absolue ne bénéficient pas toujours de solutions permettant d’assurer leur sécurité. Dans 80 % des cas, les victimes de violences conjugales ne disposent pas de conditions d’hébergement adaptées, et 40 % des victimes ayant demandé de l’aide se retrouveraient sans alternatives leur permettant de quitter leur foyer. Lorsque le départ est possible, ces victimes sont à la merci d’un ex-compagnon mauvais payeur pour peu que le bail soit aussi à leur nom.
Aujourd’hui, plus de 2000 enfants vivent dans la rue. Lors de la vague de froid en décembre dernier, plus de 4 000 familles se sont vues refuser un hébergement d’urgence par manque de place. Parmi elles, on comptait 1 172 enfants, dont 300 avaient moins de trois ans.
En France en 2023, le marché de l’immobilier se porte à merveille. On ne peut pas en dire autant des nombreux ménages qui ne peuvent plus se loger.
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