J’ai longtemps fait des crises d’angoisse de manière random. Ça m’arrive encore parfois, mais ça a fini par passer. La plupart du temps, ce n’est plus qu’un simple malaise que je parviens à gérer.
Mais il est une situation dans laquelle les crises d’angoisse peuvent resurgir violemment : lorsque je fais l’amour.
Une crise d’angoisse pendant le sexe, comment ça se passe ?
Je vais te donner un exemple précis, pour que tu puisses te figurer ce à quoi ça ressemble. Sache toutefois que les choses se déroulent environ toujours de la même manière.
Je suis avec ma meuf. Je suis bien. Nous discutons, et comme à environ chaque seconde de ma vie depuis que je l’ai rencontrée, j’ai envie d’elle.
Des caresses à la crise d’angoisse pendant le sexe
Nous nous étreignons, nous caressons, nous commençons à faire l’amour. Et soudainement, j’ai comme un flash. Mes muscles se crispent, je ne ressens plus aucun plaisir, j’ai un besoin imminent de fuir.
À peine le temps de souffler un « attends » à ma dulcinée pour lui signaler que quelque chose ne va pas, avant de perdre contact avec la réalité.
Là, je ne contrôle plus rien, mes réactions peuvent être multiples, mais se résument la plupart du temps par :
- l’accélération de ma respiration associée à un sentiment de manquer d’air
- la crispation de mes muscles, jusqu’à la douleur pour moi, et pour peu que je n’aie pas pris le temps d’éloigner mes mains, je peux aussi faire mal à ma copine
- des mouvements brusques, saccadés, de rejet, dangereux pour moi comme pour autrui
- une perte partielle ou totale de contact avec la réalité
- l’apparition d’images et de sensations irréelles, des flashs back à la limite de l’hallucination.
Tu peux ajouter à cela l’envie comme la sensation imminente de mourir, une douleur psychique insoutenable, un besoin de fuir, un épuisement, la perte totale de force dans mes membres, la disparition de toute volonté, et le sentiment profond d’être minable, pathétique, ridicule, et d’être à l’origine de tous les maux de la Terre.
Bonne ambiance, donc, alors qu’il s’agissait de se culbuter joyeusement et de jouir bruyamment.
Yes.
Après une crise d’angoisse, difficile d’être excitée à nouveau
Même si l’attirance que j’ai pour ma copine est forte, une fois la crise passée, je suis éteinte, éreintée, épuisée, et il m’est difficile de repartir immédiatement à la charge, comme si de rien n’était.
De toutes manières ce n’est pas rien. Une crise d’angoisse, pour moi, c’est un passage éprouvant, humiliant et infiniment douloureux sur tous les plans.
Même si j’en ai vécu des centaines, peut-être des milliers, même si aujourd’hui elles sont moins fortes, même si j’ai appris à y réagir, ce ne sont toujours pas des moments anodins.
Cependant, ça passe. Et si je souhaite partager mon expérience, c’est parce que je me dis que peut-être que toi, qu’un ou une de tes partenaires un jour, ou qu’une de tes potes traverse ou traversera cela.
J’ai envie d’apporter aux personnes qui connaissent ces difficultés un peu d’espoir, et de leur expliquer comment j’arrive, doucement mais sûrement, à dépasser cela.
Si ça se trouve, ça pourra aider l’une d’entre vous. Et ça rendra ce chemin, que j’ai arpenté avec difficulté, utile.
Pourquoi j’ai des crises d’angoisse pendant le sexe
Ces crises sont là pour certaines raisons bien précises, que je connais en partie. Elles auraient aussi bien pu arriver de manière random — c’était le cas lorsque j’étais au lycée. Mais je sais plus ou moins pourquoi elles sont là.
Connaître ces raisons ne suffit pas à éviter ces moments difficiles, mais me permet d’identifier les facteurs aggravants, les moments à risques, et de réduire leur fréquence.
Le syndrome post-traumatique (SPT), déclencheur de mes crises d’angoisse
L’une des raisons les plus évidentes pour moi, c’est que j’ai vécu un viol, un événement traumatique duquel je n’ai toujours pas réussi à guérir.
Le stress post-traumatique a donc tendance à s’insinuer un peu partout dans mon quotidien, surtout là où je suis le plus vulnérable, surtout dans les situations qui me rappellent au trauma.
C’est l’aspect « flashs backs » des crises, mais c’est aussi un aspect sur lequel je peux directement travailler, je le sais, et je vais voir des spécialistes pour cela.
L’impossibilité à lâcher prise, ennemie de mon plaisir
Si tu me suis un peu sur madmoiZelle, ce ne sera pas une surprise pour toi d’apprendre que je suis complètement incapable de lâcher prise.
Ça signifie aussi que je ne peux pas me lâcher totalement lorsque je suis au lit.
Je ne peux pas laisser le plaisir prendre le dessus. Je ne peux pas me donner à l’autre sans avoir toujours une once de résistance au fond de moi, comme s’il me fallait cela pour me protéger.
Imaginer que cela cède me terrifie.
C’est donc un autre des vecteurs de mes crises d’angoisse : lorsque le plaisir devient suffisamment fort pour que je sente qu’il pourrait terrasser mes défenses, mon corps, en un ultime sursaut de protection, me force à me fermer et à me préserver.
Et boum, c’est la crise.
Mon inconscient vecteur de crises d’angoisse depuis 2013
Ce sont là deux raisons que j’identifie, mais si c’était « si simple », ça ne me poserait pas autant problème.
Je sais bien que derrière cela se cache quelque chose de plus profond. Quelque chose que je protège si bien que moi-même je n’y ai pas accès.
Je fais des crises d’angoisse même quand je ne fais pas l’amour, parfois pour juste aucune raison.
Si je peux agir dans l’immédiat en tentant de les apaiser autant que possible, je sais que pour régler ce problème sur du plus long terme, il faut que je fasse un réel travail sur moi.
Donc ce n’est pas parce que je te donne ici mes solutions à moi qu’elles sont universelles, et encore moins qu’elles sont suffisantes. Prends en compte le fait que je vais consulter des professionnelles de santé de manière régulière et récurrente.
Par contre, on est un peu moins intenses que dans Will Hunting.
Cependant, en attendant de faire le chemin suffisant pour ne même plus avoir à songer aux crises d’angoisse, j’ai trouvé quelques remèdes, qui m’aident à mieux les vivre.
Peut-on faire l’amour quand on a des crises d’angoisse ?
Ma réponse est « oui ». Je finis par pouvoir, même si c’est parfois compliqué. J’arrive même à aimer ça.
Attention, j’ai dit que je pouvais, pas que tout le monde y arrive, ni que qui que ce soit doit faire l’amour malgré des crises d’angoisse.
Se forcer n’aidera à rien, et si toi, tu n’y arrives pas, ça n’est pas grave. J’arrive à aimer faire l’amour, mais pas toujours. Parfois, je sens que je me ferais plus de mal qu’autre chose à essayer.
Ça n’est pas grave. Je remets à une fois suivante.
Ce qui est important, c’est de te respecter, et de d’exiger de ton ou ta partenaire qu’elle te respecte, tout en restant à son écoute.
Et s’il ou elle ne le fait pas, voilà ce qu’il te reste à faire…
Cela est vrai aussi lorsque ta partenaire, c’est toi-même. Il m’arrive de sentir la crise d’angoisse venir lorsque je me masturbe. Voilà un moment où j’essaie de m’écouter, et me respecter.
Si en plus du risque de crise d’angoisse je me rajoute la pression de la performance, les choses finiront nécessairement mal.
Avec le temps, j’ai réussi à espacer les crises, presque jusqu’à ce qu’elles disparaissent.
J’ai développé des techniques, et appris à faire attention à certains points en particulier, pour être dans les meilleures conditions possibles lorsque je couche avec quelqu’un.
Je t’expliquerai tout cela plus en détails dans un second article, pour que, si tu es sujette aux attaques de panique pendant le sexe notamment, tu puisses trouver quelques pistes pour t’aider !
Clique ici pour lire la 2ème partie de mon témoignage !
D’ici-là, n’hésite pas à me raconter dans les commentaires si tu as déjà vécu cette expérience, ou tes partenaires.
À lire aussi : La sexualité positive, c’est l’avenir : voici comment vous y mettre !
Pour témoigner sur Madmoizelle, écrivez-nous à :
[email protected]
On a hâte de vous lire !
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Les Commentaires
Chez moi, j’arrive de plus en plus facilement à identifier les éléments déclencheurs (le plus évident est la méfiance, si j’ai le moindre doute ou ressentiment ou colère envers mon partenaire, c’est pas une bonne idée car cela se retourne contre moi quasiment à tous les coups)
C’est comme un signal d’alarme, néanmoins ce n’est pas toujours simple à vivre...
Heureusement, la maturité, la thérapie, la confiance en moi, la rencontre de partenaires ouverts et à l’ecoute Ont fortement réduit la fréquence et l’incidence des crises. Et j’en suis heureuse :-)
Elles m’ont apporté bien des désagréments mais également m’ont forcé à apprendre le consentement et à l’intégrer totalement dans ma vie sexuelle. Si je dis oui, c’est un vrai oui sans doute et c’est tellement plus simple :-)
Merci à vous toustes pour cela !