Il suffit, avec les licornes. Fi ! N’avez-vous donc d’yeux et d’admiration pour ce cheval auquel on a collé un symbole phallique sur le front ? Si au moins il volait, tel un pégase triomphant. Mais non, vous vous émerveillez devant un équidé que « seule peut voir la pucelle non corrompue ». Vous savez pourquoi, d’ailleurs ? Parce que cette saloperie bute les autres. Alors, oui, si elle est encore vivante, la pucelle peut voir la licorne. Magiiie.
Non, je vous le dis en toute franchise : aimer les licornes, c’est dépassé. Et si vous avez besoin de paillettes et d’animaux fabuleux dans votre vie, je vous en trouve d’autres, bien plus originaux, c’est promis ! En plus, croyez-bien que la chose me dépasse, mais ils sont justement un peu en manque de reconnaissance.
À lire aussi : Trois créatures légendaires qui méritent d’être aussi connues que les zombies
Alors si à la fin de cet article, vous avez envie de vous faire un t-shirt cocatrice, des chaussettes léchi ou un Petit Poney bonnacon… Je vous en prie, ne vous retenez pas. Lancez une nouvelle mode.
La Cocatrice, le coq qui rêvait d’être un dragon
La cocatrice, ou cocatrix, n’a clairement pas eu le destin dont elle rêvait. Née d’un coq, et couvée par un crapaud, ni sa gestation, ni son arrivée dans le monde ne se sont faites avec facilité. Il faut dire qu’un anus de coq n’est pas réputé pour être bien large. Ça a dû coincer quelque peu. (Et puis que vient faire le crapaud avec la choucroute, je vous laisse deviner.)
Le résultat a donné un début de dragon à deux pattes, avec une tête de coq qui tire la tronche. Ah ben oui, dites : ça partait bien cette affaire, avec un bon corps de reptile mythique bien solide, et puis au moment d’arriver sur les ailes puissantes et la gueule féroce d’un dragon… c’est un bec et des ailes de poulet qui se profilent. Avouez qu’il y a de quoi se constiper dans la contrariété.
Mais si c’était la seule chose qui pouvait justifier le mauvais caractère de la cocatrice… Figurez-vous qu’en plus, on la confond avec le basilic dans les bestiaires du Moyen-Âge. Pas le basilic la plante, que je n’arrive même pas à faire pousser sur mon balcon. Le basilic, le serpent monstrueux né du sang de la tête tranchée de Méduse… et qui, avec le temps, s’est retrouvé affublé d’attributs de coq.
Je pense qu’on avait très peur du coq, au Moyen-Âge. Il faut avouer que se faire courser par un poulet, ce n’est peut-être pas très glorieux, mais ça fait peur.
À lire aussi : Trois monstres (toujours) cachés sous votre lit
Alors, oui, tout ça donne la cocatrice, un poulet vaguement croisé avec un dragon, qui est tellement de méchante humeur qu’il peut tuer d’un regard. On peut dire qu’elle a les yeux revolver, en somme.
Le léchi, esprit de la forêt polyvalent
Non, le léchi n’a rien à voir avec le litchi. Le premier est issu de la mythologie slave, et le second est un fruit originaire de Chine. On remarque une certaine distance d’entrée de jeu.
À part ça, le léchi est une créature assez vague. Disons que tu sens bien que les slaves avaient besoin d’un esprit de la forêt, qui remplisse toutes les fonctions d’un esprit de la forêt, mais que comme ils n’étaient pas tous d’accord sur les tenants et les aboutissants d’une telle fonction, ça a donné un joyeux bordel mélange. Quand tu te lances dans la création d’une légende, c’est tout de même bien pratique de pouvoir tirer la ficelle scénaristique de l’esprit de la forêt qui s’adapte à toutes les situations !
Déjà, il est assez passe-partout. D’apparence vaguement humanoïde, il fait aussi très bien l’arbre avec ses cheveux en mousse (non vraiment, en mousse), sa barbe d’herbes et de racines, sa peau pâle, ses yeux verts, et sa capacité à changer de taille comme bon lui semble.
À lire aussi : Un monstre découvert dans une forêt chinoise
Il ne projette aucune ombre, mais on entend parfois son cri résonner en écho dans la forêt. Il se fait seigneur et gardien des arbres et des animaux (et les oiseaux gazouillent autour de lui quand il danse), mais il n’est jamais aussi heureux que lorsqu’on lui dépose un bout de pain quelque part. Il n’est pas méchant, mais peut chatouiller jusqu’à la mort les âmes qui se perdent dans la forêt.
Le léchi, quoi. Il ne sert à rien, mais il est là.
Le Bonnacon, parce qu’une vache qui pète de l’acide est légendaire
Parfaitement, le bonnacon pète de l’acide. Ou fait caca de l’acide : c’est pas très clair, mais un certain nombre de textes semblent pencher en faveur de la diarrhée de l’enfer, tel qu’un passage consacré à la bête par Pline l’Ancien dans son Histoire Naturelle.
À lire aussi : 3 monstres marins mythiques qui ne cessent de nous fasciner
Il y décrit une drôle de vache, ou taureau, ou bison mutant… que l’on pouvait trouver en Péonie, une région antique de la Macédoine actuelle, et dont la caractéristique principale – du moins en apparence – était ses cornes : celles-ci, incurvées vers l’arrière, lui donnaient non seulement un air de bonhomie trop appuyé, mais lui étaient en prime totalement inutiles en cas de combat.
Mais le bonnacon avait plus d’un tour dans son sac. Heureusement, parce que s’il fallait compter sur le potentiel de son nom et de ses cornes pour faire crever de rire ses ennemis, ça pouvait prendre du temps. Non, le bonnacon mettait la misère au monde entier en terme de transit intestinal. Littéralement.
Un mot, un geste de travers, et vous pouviez vous faire chier (ou péter, selon les versions) dessus. Et alors, en soi, se faire chier dessus, c’est pas particulièrement agréable. Mais là, c’était carrément une attaque bactériologique : le caca était acide. Vous pouviez vous brûler avec du caca (ou une émission de gaz nauséabond). Avouez que ça pète. Si j’ose dire.
À lire aussi : Des pets préservés dans des bocaux, le cadeau du futur ?
Après, vous avez le choix. Soit vous considérez que le bonnacon est une créature légendaire capable de déféquer de l’acide. Soit vous versez du côté pragmatique de la force, et décidez que Pline l’Ancien décrivait une bonne vieille vache mais que, s’étant fait chier dessus un jour (il dormait tranquillement dans un pré, quand soudain…), il a accusé l’étron insolent de lui avoir brûlé la face.
C’est vous qui voyez.
À lire aussi : Test — Quelle créature mythologique es-tu ?
Ajoutez Madmoizelle à vos favoris sur Google News pour ne rater aucun de nos articles !
Les Commentaires
Ode au poulet