Cet automne, un drôle de mouvement s’est mis en place, un truc assez rare : les entrepreneurs et créateurs d’entreprise ont pris de leur temps pour s’unir et créer le mouvement des « Pigeons ».
La raison de ce soulèvement ? La nouvelle législation fiscale introduite par le gouvernement annonçait la taxation de l’argent gagné lors de la vente d’une entreprise (« les plus-values de cessions ») à plus de 60%. En gros, vous prenez des risques pour monter une entreprise, créer des emplois et si vous avez un jour assez, que vous souhaitez changer de métier ou de voie et que vous avez la chance de trouver un acheteur, l’État vous ponctionne plus de la moitié de l’argent de cette revente. Patrick Robin, multi-entrepreneur de l’Internet, a bien décrit ce malaise dans une chronique publiée fin juillet sur le Huff Post.
Mais surtout, au-delà du simple aspect pécunier, il y avait derrière cette décision un vrai symbole : en taxant de la sorte les créateurs d’entreprises — et de start-ups, la France n’encourageait pas du tout ses entrepreneurs à ouvrir leur boîte dans l’Hexagone. Boris Johnson, le maire de Londres, l’a bien compris et est même venu troller dans les médias français, incitant les futurs patrons français à ouvrir leurs boutiques dans la capitale anglaise.
Six mois plus tard, après moult péripéties — il se murmure que Fleur Pellerin, ministre de l’Économie Numérique, aurait même présenté sa démission — François Hollande vient de faire le chemin inverse vers les créateurs d’entreprise lors des Assises de l’Entrepreneuriat lundi.
Sur l’aspect fiscal bien sûr, en premier lieu : en gros, plus vous vendez tardivement, puis vous bénéficiez d’abattements fiscaux. Mais aussi, et surtout, sur des points très symboliques qui prouvent un regain d’intérêt pour l’esprit d’entreprise, et notamment, pour ceux qui vous concernent le plus :
- Un programme scolaire sera mis en place de la 6ème à la terminale pour améliorer l’orientation des élèves, mêlant stages, intervention de chefs d’entreprises à l’école et initiation à la création d’entreprise.
- Création de modules spécifiques dans l’enseignement supérieur pour former à la création d’entreprises.
- Un financement spécifique (d’ici cet été) dédié à la création d’entreprises dans les zones en difficulté.
- Un dispositif entrepreneur/étudiant permettra à un étudiant qui se lancerait dans la création d’une entreprise de conserver sa couverture sociale, mais aussi de bénéficier d’un prêt étudiant.
- Le ministère de l’Intérieur va créer un visa entrepreneur bénéficiant de conditions d’acceptation accélérées pour attirer en France des personnes désireuses de créer des entreprises.
- (La liste complète des dispositions est ici.)
L’idée est de pallier un grave manque de l’Éducation Nationale par rapport à l’esprit d’entreprise, en proposant aux collégiens/lycéens de rencontrer des créateurs et de faciliter la création pour les étudiants qui n’en veulent.
On attend de voir la concrétisation de ces mesures, mais sachez d’ores et déjà que de notre côté, vu la tête des chiffres de l’entrepreneuriat au féminin en France, on va suivre tout ça avec attention. Les madmoiZelles ne doivent plus avoir peur de se lancer dans la création de leur boîte !
Que penses-tu de ces dispositions ? Y a-t-il un intérêt ou pas selon toi à sensibiliser à la création d’entreprise dès la sixième et jusqu’en terminale ? Est-ce le rôle de l’école d’offrir un apprentissage à la création d’entreprise ?
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Evidemment, je parle du premier cas, je ne suis pas suicidaire. Mais le but serait de se limiter à un certain nombre d'employés, d'avoir des revenus fixes mais pas trop élevés, sans essayer d'en gagner toujours plus.