Lors de ma stathamite aiguë d’il y a quelques mois, j’ai redécouvert Crank et Crank: High Voltage, une saga que j’avais survolée à sa sortie en 2006.
Des films d’action, certes, mais pas des plus faciles d’accès. D’abord à cause de leur rythme syncopé, à la limite de l’apoplexie, mais surtout à cause du style narratif, fort inspiré de la bande dessinée, dans la lignée des séries B de Rodriguez (l’« assistant » de Tarantino, je-sais-je-sors), où l’originalité et l’exubérance des personnages volent largement la vedette à l’intrigue. La saga est composée pour le moment de deux opus, tous deux réalisés par le duo Mark Neveldine and Brian Taylor, les réalisateurs du dernier Ghost Rider (sorti en 2012). Un troisième opus est en discussion, mais sans information définitive sur sa réalisation effective.
Chev Chelios
Dans le premier volet, (attention, à partir d’ici tout n’est que spoiler) on assiste à la course de Chev Chelios (NDLR : Jason Statham, mon amour) après sa vie. Rien de moins. Suite à un contrat non finalisé, ce tueur à gages de Los Angeles se voit injecter à son insu un poison mortel par un caïd local. Démarre alors une course contre la montre, pendant laquelle Chelios va remonter le cours des dernières heures et la filière du milieu pour trouver un antidote.
Le film progresse comme un jeu vidéo, dans lequel le héros verrait sa jauge d’énergie diminuer, et devrait régulièrement la remplir à coup d’adrénaline
, provoquée (ou non) par Chev lui-même. Drogue, violence, danger, sexe, le personnage s’impose une série d’émotions extrêmes, burlesques et plutôt rigolotes, pour pouvoir continuer son chemin vers l’antidote qui le sauvera. Sa course est ponctuée de coups de fil réguliers à son docteur clandestin, à sa petite amie, à ses amis et à ses adversaires, qui vont apparaître peu à peu au fil de cette folle épopée, aux plans déséquilibrants et aux couleurs saturées.
Travestis gigolos, tueurs à gages, gangs noirs et mexicains, triade chinoise, prostituées, médecins clandestins, le héros à la petite semaine croise la route de toute une population marginale et délirante, à côté de laquelle il paraît lui-même presque sain d’esprit.
Chev Chelios, l’Ennemi Ricoré, anti-héros du petit-déjeuner
L’influence ravageuse de Fifty Shades Of Grey n’épargne décidément personne
Car on est loin du héros traditionnel de film d’action du dimanche soir… Chev est un tueur. Il est un peu crado, particulièrement mal habillé, grognon et parle un anglais teinté d’un fort accent cockney. Je distingue clairement qu’il sent très fort la transpiration pendant toute la durée du volet 1, et assez vite dans le volet 2. Accro à l’adrénaline pendant toute la durée du film, Chev réagit à toutes les situations comme un junkie hystérique, braquant, frappant et insultant à tout va, en tension permanente.
La formule est assez efficace. Le premier volet, déglingo, bien ficelé, original, est un peu meilleur à mon sens que le second, qui va crescendo dans le délirium total des personnages, des réactions de ces derniers, et de l’intrigue de plus en plus surréaliste.
Chev Chelios n’a pas du tout évolué entre les deux épisodes, car l’histoire de High Voltage se situe seulement trois mois après Crank. On ne découvre donc pas beaucoup de nouveaux éléments sur le personnage, excepté un flashback, qui le montre avec sa mère sur le plateau d’un show télévisé kitchissime, dans lequel il explique simplement au présentateur être hyperviolent.
Cette séquence entre d’ailleurs légèrement en contradiction avec le premier épisode. Car on y remarque un Chev qui n’a pas finalisé son contrat sur la tête d’un ponte des triades, pour se donner la possibilité de changer de vie avec Eve, la petite amie dont on ne connaît rien non plus. Dans le volet deux, on la découvrira strip-teaseuse, et plutôt petite coquine hot-hot dans sa culotte.
Sexe au volant, débauche au tournant
Ces deux opus comportent d’ailleurs chacun une scène assez originale pour être signalée dans un film tout public : pour maintenir son taux d’adrénaline, Chev « honore » sa petite amie par deux fois dans des lieux parfaitement publics et remplis de monde : la première fois au cœur de Chinatown, et la seconde fois sur la piste de l’hippodrome de Los Angeles, un jour de courses, et ce au plus grand plaisir d’Eve et de l’ensemble des spectateurs. Les scènes clairement explicites sont tournées avec humour comme un bon vieux Benny Hill, et j’admire ici le sens de l’autodérision de Statham.
Moins chic qu’à l’ordinaire, Chelios reste un personnage stathamien à part entière, pas trop bavard et toujours prolétaire, besogneux et dur à la tâche. Je l’aime bien Chev, mais de loin, parce qu’il me fait quand même un petit peu peur, c’est pas normal d’avoir des amis aussi flippants !
En résumé, une galerie de personnages vraiment truculents, des situations délirantes, une intrigue hallucinatoire qui tient clairement en haleine, un rythme survolté, un style jeu vidéo et bandes dessinées très appuyé qui régale les amateurs.
Crank porte d’ailleurs merveilleusement bien son nom : littéralement, il se traduit par « excentrique », et en argot, il désigne un dérivé cheap de la méthamphétamine !
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