Mise à jour du 20 janvier 2021
Anna Wintour, rédactrice en cheffe de Vogue magazine, a plié…
Suites aux vives critiques concernant la photo de Kamala Harris en couverture pour son numéro de février (lire ci-dessous), la rédaction a changé d’avis. En effet, le second cliché où elle apparaît croisant les bras vêtue d’une veste bleue clair, jusqu’ici réservé à la version digitale, sera en couverture du numéro. Alors qu’un nouveau tirage est prévu, un porte-parole a précisé à l’AFP, ce mardi 19 janvier :
« En reconnaissance de l’intérêt énorme pour la couverture en ligne, et pour célébrer ce moment historique, nous allons publier un nombre limité du numéro spécial investiture. »
Un revirement bienvenu tant la dissonance entre les deux photos était évidente. Espérons que cet événement soit le début d’un changement de traitement des femmes noires par Vogue !
La une de Vogue avec Kamala Harris dérange
Le 12 janvier 2021
Dire que la une de
Vogue étonne, questionne ou dérange est un euphémisme.
Pour le numéro de février, Anna Wintour, rédactrice en cheffe, a offert la couverture à Kamala Harris, la vice-présidente élue des États-Unis. Et à première vue, la femme noire de 56 ans qui a marqué l’histoire du pays avec son élection aurait pu se passer de ce cadeau.
« Kamala Harris est aussi claire de peau qu’on peut l’être quand on est une femme noire et Vogue l’a quand même mal éclairée. C’est quoi cette une foirée ? »
Sur la photo, on aperçoit Kamala Harris souriante vêtue d’un costume bleu marine et d’une paire de baskets sur un drap rose, lui-même placé devant une tapisserie verte.
Au-delà d’un mélange de couleur des plus suspicieux, les internautes ont relevé la couleur de peau de la vice-présidente… Qui s’avère bien terne sur le cliché.
Très vite, le choix éditorial de la papesse de la mode Anna Wintour a été pointé du doigt. Une situation loin d’être inédite pour Vogue, qui semble avoir du mal à photographier les femmes noires…
Vogue ne voit pas les couleurs ?
Avec en couverture la pionnière Kamala Harris, le magazine Vogue pensait certainement lui aussi entrer dans l’histoire… Chose faite mais à un détail près : c’est plutôt celle des fisacos. Depuis la publication de la couverture sur les réseaux sociaux, les internautes accusent le magazine d’avoir blanchi la peau de l’élue et déplorent une mise en scène brouillon.
C’est que cette une détonne avec le glamour et la sophistication des photos du magazine auxquelles les lecteurs et lectrices sont habituées. D’autant plus qu’une deuxième photo avait été choisie en accord avec l’équipe de la future vice-présidente, selon CNN.
À l’évidence, le premier cliché répond à tous les critères habituelles du raffinement chez Vogue. Cadrage, couleur, tenue : tout y est. Et c’est certainement pour cette raison que l’équipe avait donné son accord… Alors pourquoi ce revirement d’Anna Wintour ? Car c’est bien elle qui a eu le dernier mot.
Selon le New York Post, un membre de l’équipe de Vogue a affirmé que cette photo avait pour but de montrer « la nature authentique et accessible » de la vice-présidente élue. Des explications qui ne convainquent pas — d’autant plus qu’il semblerait qu’Anna Wintour n’en soit pas à son coup d’essai quand il s’agit de rater la mise en valeur des femmes noires.
Déjà, cet été, la rédactrice en cheffe avait été la cible des critiques suite à la publication du numéro du mois d’août qui mettait en couverture la championne olympique Simone Biles.
Alors que les photos étaient signées par la photographe de renom Annie Leibovitz, on peut s’interroger sur la qualité de l’éclairage, peu adapté à une femme noire, qui rend sa peau terne voire grisâtre. Certains critiques ont même fait le parallèle avec la une de l’actrice Gabrielle Union, photographiée par sa fille pour le magazine Self.
https://twitter.com/allisonhopstad/status/1281616493851971585
À l’évidence, il semble que les photographes habitués à travailler avec des modèles blancs aient du mal à effectuer le travail nécessaire pour capter l’image d’une femme noire…
Anna Wintour déjà visée par des accusations de racisme
La couverture ratée de Kamala Harris, une polémique dont se serait bien passé Vogue, par ailleurs mis en cause lors mouvement Black Lives Matter de grande échelle, entre mai et juillet derniers. Rappelons que plusieurs entreprises ont été épinglées pour l’absence de diversité dans leurs rangs. Ce fut le cas du Vogue américain et de sa patronne, Anna Wintour.
Accusée de racisme, la femme de 71 ans a fait son mea culpa. Dans un email publié par Page Six, celle qui règne sur Vogue sans partage admet que le magazine « n’en a pas fait assez pour faire briller les employés et les stylistes noirs » durant sa carrière.
Au même moment, sur les réseaux sociaux, le hashtag #VogueChallenge apparaissait. L’idée ? Proposer des unes qu’on ne verrait sûrement jamais dans ce magazine très blanc.
https://twitter.com/CruAlxndr/status/1270737552845213701
https://twitter.com/arahbrightwins/status/1270737580091256834
Ce nouveau scandale remet en lumière, s’il en était besoin, le manque de diversité dans les médias et la mode. Au-delà des podiums et des couvertures de magazines, il paraît essentiel que les coulisses se mettent également à l’image de la société…
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Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Merci pour la video et l'article qui sont très intéressants. En partant du principe que la population noire a longtemps été invisibilisée au cinéma et dans les pubs et ne représentait aucun intérêt pour eux, les laboratoires photo ont formulé des compositions chimiques sur la base de modèles blancs. Ce qui manquait était une gradation subtile des couleurs sombres, qui posait sans doute moins problème avec les photographies en noir et blanc dont la palette des gris était beaucoup plus riche. J'ignorais cet aspect honteux dans l'histoire de la photographie, merci pour cet éclairage (sans vouloir faire de mauvais jeu de mots).