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Les cours à distance ont bel et bien soigné ma phobie scolaire : me voilà en BTS !

Marianne a fait une dépression à 15 ans : elle ne supportait plus le lycée. Six mois de cours à distance lui ont permis de se soigner et de tourner la page. Deux ans après son témoignage, elle revient vous donner de ses nouvelles !
Deux ans après son témoignage, Marianne revient vous donner de ses nouvelles ! Rendez-vous en fin d’article.

Article du 10 avril 2014 — Tout a dérapé en 2012. J’avais 15 ans, et j’étais en seconde au lycée. J’ai toujours été un peu en avance par rapport à la plupart des gens de mon âge, et j’étais en plus de ça de nature stressée et plutôt timide.

Dès la rentrée de septembre je savais que quelque chose n’allait pas. Je ne me sentais pas à ma place, ma classe ne me plaisait pas, et au fur et mesure que le temps passait, mon sourire s’effaçait.

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Le commencement

Chaque réveil était une épreuve : je n’avais pas envie de quitter mon lit douillet pour une journée de plus passée à m’ennuyer, à angoisser et à me sentir mal. En novembre, j’ai commencé à craquer ; j’appelais souvent ma mère pour qu’elle vienne me chercher, je séchais par-ci par-là… Je tombais en dépression, en phobie scolaire.

Le déclic, ça a été quand ma sœur m’a dit : « Quand on est pas bien quelque part, il faut quitter cet endroit ». J’avais envisagé de changer de lycée, mais je n’avais pas le courage de tout recommencer, et je ne voyais pas en quoi ça allait être différent.

Alors j’ai pris contact avec une fille que je connaissais qui avait été au Cned (Centre national d’enseignement à distance). Elle m’a dit que c’était génial et qu’il fallait que je me lance !

En décembre, je suis partie en vacances une semaine avant les autres… que je ne reverrais plus.

Convaincre les autres

Le plus dur a été de convaincre les gens autour de moi. Mes parents avaient peur que je n’y arrive pas, que mes notes ne suivent pas, que je me renferme sur moi même et que je ne retourne plus jamais au lycée.

Le proviseur du lycée en question m’a dit que c’était très dur, et essayait plutôt de me convaincre de tenir. Pour moi c’était hors de question que je remette les pieds là-bas : « plutôt crever ». Mes « amis » ne trouvaient pas ça normal, disaient que j’étais bizarre.

J’avais l’impression que j’allais faire quelque chose de grave qui allait changer ma vie à tout jamais. J’avais énormément de doutes. Finalement, avec l’aide de ma psy, tout le monde accepta avec plus ou moins d’appréhension, et en janvier 2013 je me suis inscrite au Cned pour les deux trimestres qu’il restait.

Concrètement, comment ça se passe ?

Lorsqu’on a moins de 16 ans, l’inscription est gratuite en inscription réglementée (puisque l’éducation est encore obligatoire), et payante en inscription libre (autour de 900€ l’année en inscription libre sans subvention, autour de 300 avec). La différence est qu’en inscription libre, c’est toi qui décides de ton passage en classe supérieure, peu importe le nombre de devoirs envoyés et les notes obtenues.

Ils envoient donc les manuels avec des cours, des exercices et des cahiers de contrôles que l’on doit renvoyer par la Poste ou par Internet une fois les cours assimilés. Il faut envoyer un certain nombre de contrôles (avec des notes correctes) avant la fin de l’année pour valider son passage en première.

Bien sûr, on est livrée à soi-même concernant les évaluations. Ce sont plus des questions de réflexion que de connaissance pure, mais la triche est tentante et quand même assez facile. C’est donc important d’être responsable, et de se prendre en main. Je n’avais pas de difficultés particulières au lycée, mais j’ai quand même dû travailler sérieusement pour passer en première !

Les professeurs, eux aussi chez eux, corrigent les copies et les renvoient. C’est comme au lycée, le contact avec les profs et les élèves en moins. Il faut cependant savoir qu’on est pas complètement seuls non plus : il y a des conseillers à disposition la journée, et des professeurs pour nous aider lorsque qu’on a besoin d’aide.

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Ça recadre un peu.

Ça paraît effrayant au début, quand on se retrouve seule devant ces tas de cours, sans savoir par où commencer, mais finalement quand on veut, on peut. C’est vrai que la seconde est une année plutôt facile, et étant une assez bonne élève, mes facilités m’ont beaucoup aidée.

Une année merveilleuse

Contrairement à ce que tout le monde pensait, ce fut une expérience géniale. Je me levais à l’heure que je voulais, je pouvais travailler la matière que je voulais, quand je voulais (en sachant qu’il faut un minimum de rigueur quand même) et j’ai même trouvé un petit boulot à côté pour gagner un peu d’argent !

Grâce au forum sur le site du Cned, j’ai rapidement pris contact avec des gens de mon âge eux aussi scolarisés à distance, et nous étions une communauté soudée. J’ai fait la connaissance de gens géniaux, chacun avec son histoire différente.

Une fille de mon âge avait un bébé, une autre était juste blasée du système scolaire, d’autres encore se consacraient à des passions prenantes, et certains comme moi avaient une phobie scolaire. Nous n’étions pas des monstres, des gens bizarres, on avait tous des amis en dehors, une vie, des activités !

Nous ne sommes pas non plus feignants ; au contraire, il faut du courage pour travailler seul et affronter tous les préjugés sur les « cnediens ». J’ai pu en parallèle guérir de ma dépression, et de mes angoisses. J’ai continué à voir ma psy, et ne plus aller au lycée pour y côtoyer des personnes avec lesquelles je ne me sentais pas bien a été un soulagement énorme.

J’ai énormément mûri, et ouvert mon esprit. Ce n’est pas parce qu’on ne rentre pas dans le moule qu’on est mauvais. Je me suis aussi rendue compte qu’être seule avait du bon parfois (mes amis m’ayant tous plus ou moins lâchés cette année-là)… Ça peut paraître paradoxal mais je me suis ouverte au monde.

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La vie est si belle.

Je me suis responsabilisée, organisée ; j’ai appris à me débrouiller seule, à me retrouver face à moi-même. Je me suis même débarrassée de ma timidité, puisque je pouvais vraiment me consacrer à mes problèmes.

Je suis passée haut la main en classe de première ES avec 16 de moyenne générale, et j’ai repris le lycée en septembre 2013. Tout se passe très bien : je me suis fait de nouveaux amis et je me suis épanouie. Mes amis du Cned ont, pour la plupart, repris le lycée aussi, mais d’autres ont continué chez eux, et ils se portent tous à merveille !

En conclusion

J’ai pu prouver à tout le monde que c’était possible. Ce n’est pas parce qu’on ne suit pas le chemin « classique » qu’on est moins bien. C’est vrai que parfois, la solitude se fait pesante, mais rien ne vous empêche de sortir quand vous le voulez, puisque vous êtes totalement libre !

Vous pouvez faire en sorte que les journées ne se ressemblent pas et qu’elles soient bonnes ; tout cela dépend entièrement de vous, et de personne d’autre. J’ai repris ma vie en main. Maintenant je n’ai plus d’angoisses — et oui, on peut guérir de tout, d’une dépression comme de la timidité, je vous assure ! J’ai repris le lycée car j’allais mieux, et je me sentais capable d’y retourner.

C’était tout simplement une expérience à tenter, et vraiment bénéfique pour moi en plus de ça. Être au Cned ne fait pas de vous un monstre ou un asocial, et ce n’est pas quelque chose de grave ; il ne vous arrivera rien si vous essayez !

Il y a mille raisons de s’y inscrire, peu importe l’âge (il y a aussi des études post-bac) et c’est une bonne alternative pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas s’adapter au système scolaire classique. Si vous pensez être capable de suivre des cours seul-e (ou presque), alors lancez-vous !

Des nouvelles de Marianne, deux ans après !

Mise à jour du 8 octobre 2016 — Avant toute chose, je tiens à clarifier un point. Je me souviens que certaines madmoiZelles avaient été dérangées par le fait que mon premier témoignage présentait les cours à distance comme une solution miracle à la phobie scolaire, et j’avais regretté la manière dont j’avais écrit mon article car ce n’était pas du tout mon intention.

Le fait que ce soit un témoignage sur une expérience que j’ai vécue induisait selon moi que mon sentiment était très personnel. Peut-être aussi qu’à l’époque, j’étais tellement heureuse que ce soit MA solution miracle que je n’ai pas fait attention à la direction que prenait mon explication.

Cependant, je pense toujours que cette expérience m’a beaucoup aidée à cette période, et ce que je voulais surtout exprimer, c’est qu’il ne faut pas avoir peur de sortir du « moule » et du chemin classique si l’on sent que c’est ce qu’il y a de mieux pour nous.

Rien n’est définitif et on peut toujours revenir au système classique plus tard.

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La fac par correspondance

De mon côté, après cette année de seconde au Cned, je suis retournée dans le même lycée et j’y ai passé mon bac ES, que j’ai eu haut la main. Mon année de première était assez agréable car j’étais pleine de vitalité et de confiance en moi grâce à l’année précédente.

Je voulais faire quelque chose qui me plaisait vraiment.

La terminale était un peu plus mitigée ; j’étais fatiguée, j’en avais vraiment marre des cours et de passer mes journées avec les mêmes personnes, assise sur une chaise à écouter des cours qui ne m’intéressaient pas toujours. Je voulais faire quelque chose qui me plaisait vraiment.

Après l’obtention de mon bac, j’ai commencé à étudier la psychologie à la faculté, mais au bout d’un mois je me suis rendu compte que les horaires et certains cours ne me convenaient pas, même si je trouvais la plupart des matières très intéressantes. En parallèle je prévoyais plus ou moins un voyage avec mon amoureux. Alors j’ai décidé de faire la fac de psychologie par correspondance !

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Et là encore, j’ai beaucoup aimé. Tous les cours étaient axés psychologie ; plus de français niveau collège, plus de vie de classe jusqu’à 20h le soir. J’ai continué avec plaisir jusqu’en fin d’année, et le 21 décembre je me suis envolée vers Bangkok pour rejoindre mon copain ! Pour une grande angoissée comme moi, c’était une expérience importante.

De l’importance de sortir de sa zone de confort

J’ai passé quelques semaines merveilleuses en Asie à découvrir de quoi j’étais capable. Ce voyage m’a aussi fait réfléchir à ce que je voulais vraiment faire de ma vie. Premièrement, je voulais faire des études courtes pour me débarrasser de ce poids au plus vite et, deuxièmement, je voulais pouvoir voyager et faire quelque chose qui me motiverait sans cesse à sortir de ma zone de confort.

Alors en rentrant j’ai décidé d’arrêter la psycho, j’ai pris mon appareil photo, j’ai travaillé et passé des entretiens pour être acceptée dans une école de photographie (en BTS). Pour de multiples raisons, cette année m’a beaucoup fait grandir et m’a appris à devenir plus indépendante.

Et me voilà aujourd’hui, j’ai 19 ans et je suis en BTS photographie en région parisienne avec l’idée de devenir photo-reporter ! Cela fait deux semaines que j’ai commencé.

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Il m’arrive encore de ne pas me sentir à ma place.

Les cours sont pour la plupart très intéressants, les élèves et les professeurs très sympas et l’ambiance générale est bonne. Cependant, il m’arrive encore de ne pas me sentir à ma place.

S’accrocher à sa motivation

Car le BTS qui me permet de faire des études courtes est très dense : il y a beaucoup de cours, beaucoup de projets. Je suis rentrée dans un monde professionnel qui implique beaucoup de responsabilités et une capacité à se vendre et à se battre pour avoir ce que l’on veut.

Je sais que j’ai beaucoup de chance dans ma vie et que j’ai tout pour être heureuse. Mais malheureusement, ma dépression et mes angoisses sont toujours dans un coin de ma tête, et resurgissent parfois dans des moments de faiblesse.

Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’on ne guérit jamais de sa dépression et de ses phobies. D’abord, l’intérêt que je porte à la photographie me permet de me lever le matin et de me traîner jusqu’à l’école (le prix de la formation me dissuade aussi de manquer les cours…), parce que j’ai un objectif.

À lire aussi : Les TED de la semaine − La dépression

Je sais que ce seront deux années difficiles pour moi, que j’ai encore des démons à domestiquer, mais je m’améliore un peu plus tous les jours grâce à ces expériences, et j’essaye de positiver même si ce n’est pas toujours facile.

Ma motivation l’emporte la plupart du temps.

La phobie scolaire, je la ressens toujours, je crois que ce n’est simplement pas un système qui me convient. Mais ma motivation l’emporte la plupart du temps. J’ai espoir qu’un jour, je puisse vivre heureuse avec mes problèmes.

Ne pas avoir peur de se faire confiance

Pour finir, je voulais vous remercier pour toutes les réponses que vous m’aviez apportées après mon premier témoignage : elles m’avaient fait beaucoup de bien, et j’espère que j’ai pu aider certaines personnes à se lancer dans des systèmes qui leur convenaient plus.

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Je crois qu’il ne faut pas avoir peur de se faire confiance, et de se diriger vers ce que l’on aime, même si certaines personnes vous le déconseillent : ce sera toujours le cas, quoi que l’on fasse.

Sortir de sa zone de confort est important aussi, même si j’ai conscience que c’est très difficile. À chaque pas que l’on fait, on se sent plus fort et capable d’en faire plus.

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Les Commentaires

17
Avatar de Fab
31 octobre 2016 à 17h10
Fab
L'article vient d'être republié ???
Je suis en train de faire une overdose de sujet "scolarité parallèle". Entre celui sur les notes, celui sur la non sco, celui sur les réformes ça vire à l'obsession.
@Melissa a remis à jour le témoignage initial, dans le cadre de nos "suivis" d'histoires, celle-ci arrivant deux ans et demi après
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