Je devais avoir environ huit ans quand je fus forcée de me mettre en quête d’un sport qui encouragerait ma croissance et diversifierait mes activités (rapport que « s’empiffrer de chocolat n’est pas une activité suffisante pour le mercredi », paraît-il).
Des sports collectifs ? Cela impliquait un projectile plus ou moins rond, dont je devrais plus ou moins me charger, et une équipe dans laquelle m’intégrer. Plein de gens, d’un coup, avec lesquels il fallait interagir pendant deux heures de façon hebdomadaire, avec en bonus l’option « cours sans fin dans un rectangle ». Merci bien, mais non.
Ah non, moi ce qui me bottait, c’était la danse ! J’avais lu plein de livres avec plein de filles qui faisaient de la danse classique, limite si j’étais pas déjà danseuse !
(Presque) moi.
Oui mais voilà : il n’y avait pas de cours de danse classique dans ma petite ville. Si ça se trouve, je serais devenue Benjamin Millepied si j’avais habité ailleurs. Ah bravo la campagne, merci hein.
J’avais donc le choix entre du modern jazz et du hip-hop. Je ne connaissais aucune des deux danses, mais qu’importe, la vie est une aventure ; c’était décidé, j’essayerais les deux, mercredi c’est folie.
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Partie hors-sujet
Le suspense n’est pas franchement insoutenable, mais comme j’ai envie, je vous raconte quand même le modern jazz (sans vous expliquer ce qu’est vraiment cette danse, parce que je n’ai jamais compris) (où est le jazz, vraiment ?) (bon c’est juste que je ne connais pas hein).
Je me suis ramenée avec toute la fraîcheur de mon jeune âge et de mon ensemble Snoopy jaune et orange (j’ai toujours eu un goût certain pour les couleurs) dans un cours où l’ambiance ressemblait à ce que j’imaginais des cours de danse classique, l’élégance de la danse et l’effort en moins.
Il y eut deux moments forts :
- Dix minutes pendant lesquelles nous nous « déroulions » dans le calme et la douceur. Il s’agissait de passer de la position accroupie/tête dans les genoux à celle droit sur tes pieds/les mains délicates et tendues. La prof m’a répété mille fois d’aller « moins vite, moins vite ! » (on ne voudrait pas se froisser un muscle), et quand enfin j’ai fait durer la chose, elle a ri méchamment parce que c’était trop long, du coup.
- Quinze minutes de diagonales à la fin. Qui consistaient à traverser len-te-ment la salle le plus gracieusement possible. En marchant, les pieds à plats et tout. Chaque fille observant les autres du coin de l’oeil de peur de rater le titre de « meilleure marcheuse de modern-sans-jazz ».
Après cette belle heure de pure dépense physique, de pédagogie et de communion, bizarrement, j’étais pas très emballée. Surtout que personne ne m’avait complimentée sur ma tenue de parade sportive — et moi, je me méfie des gens qui n’aiment pas Snoopy. Ou le jaune.
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Peace, bleus et baby freezes
Et puis j’ai essayé le hip-hop, et là, c’était autrement plus sympathique. Bon, personne ne m’a parlé de ma tenue non plus, mais c’était une semaine après, j’avais mûri et accepté l’idée que le monde extérieur pouvait avoir mauvais goût mais valoir le coup quand même.
Je ne me souviens pas en détail du premier cours, mais je sais que j’ai très vite accroché : y avait plein de musiques RYTHMÉES, plein de mouvements différents à effectuer très vite, des figures chouettes qui pouvaient donner des bleus dont je pouvais me vanter à l’école, et le prof faisait des blagues à foison !
Et surtout, il nous répétait qu’on était là pour passer un bon moment, que personne n’allait juger personne (même si mes camarades n’aimaient pas le jaune, il ne fallait pas les discriminer : une bien belle leçon qui me sert encore aujourd’hui) (même si je préfère le vert maintenant) (bref).
On riait quand on tombait lourdement, on admirait les figures des autres, on se lançait des petits défis (j’ai jamais réussi à tourner sur la tête, mais je n’abandonnerai jamais, JAMAIS), on s’entraidait, on pleurait pendant les abdos… C’était beau comme un épisode de La Petite Maison Dans La Prairie, Daft Punk et Justin Timberlake en plus.
Et ce qui était génial, c’est que les cours mélangeaient danse debout et figures au sol, ce qui en plus d’être complet faisait travailler tout le corps et défoulait vraiment bien (on sous-estime le stress de l’école primaire). C’était aussi bon pour l’estime de soi : certes je ne sais toujours pas faire de divisions, mais t’inquiète je maitrise le baby-freeze (la figure la plus simple, celle de base, mais y a pas de sous-figure, ok ?).
C’est qui qui pèse ?
Des styles à gogo
Depuis l’époque bien trop lointaine de ma jeunesse, les cours de hip-hop ont de plus en plus de succès, et on peut donc prendre des cours spécialisés, pas comme avant où souvent tout était mélangé (et heureusement parce que sinon, il aurait fallu que j’en choisisse un, alors que tout est cool) (en fait, vive la campagne !).
Il est difficile de définir les différents styles, parce qu’il y en a de nombreuses interprétations et qu’ils ont tendance à s’influencer et se mélanger, mais dans les principaux styles (et surtout ceux que je connais un peu), on a…
- La breakdance (ou b-boying), avec des mouvements plutôt « droits », directs, et tout plein de figures.
Sofia – la magnifique – Boutella en donne ici un bon exemple, dans une célèbre pub Nike de 2006.
- La new style, toute en rebonds, glissements, ondulations et effets cool.
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- La funk (qui est enseignée dans les cours de hip-hop, quoi qu’on en dise) avec…
- Le locking, que notre ami Wikipédia explique ainsi :
Un des mouvements de base est le « Twirst » qui consiste a faire un mouvement de rotation du poignet ainsi que le bras tout en les montants pour faire le « macho man » (comme si vous montrez vos muscles aux autres) et le « Wirl » consiste a faire le même mouvement mais vers le bas puis vous avez le « pointage », de l’anglais pointing, c’est-à-dire le fait de pointer.
[…] Il se danse principalement avec le bassin, les pointes, les expressions du visage (très importantes) et certains mouvements qui veulent dire « tape-m’en cinq » (give me five).
(On remarque que la garçon à droite a tout compris à la vie.)
- Le popping, basée sur la contraction et la décontraction des muscles, qui donne notamment les robots qu’on retrouve dans tout bon film de danse américain.
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En conclusion…
L’ambiance dépend bien évidemment du ou de la prof, mais en général les cours de hip-hop sont vraiment un espace de tolérance et de plaisir, et accessoirement un havre de paix relatif niveau sexisme : on regarde que ce que vous savez faire, comment vous dansez, pas votre genre.
Et les styles mobilisent absolument tout le corps, qui est bien content lui aussi de participer tout entier à la fête. C’est ludique, bondiou.
Et puis méga bonus ; c’est un sport ET de l’aaart, donc si ça marche bien, y a moyen que ce soit carrément beau !
http://youtu.be/ZTpn30Pms8I
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Ptite vidéo de mon ancien prof Mamson!