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La question de Sabrina
Chère Stéphanie,
Je t’écris car j’ai le problème suivant, qui commence à m’empêcher de dormir : je sais qu’un de mes collègues va à la salle de sport quand il est en télétravail… Je le sais car il a croisé une de mes amies qui va dans la même salle. Il m’a dit de lui-même qu’il avait croisé mon amie, j’ai donc joué l’étonnée, « ah bon, tu étais au sport mais… tu n’étais pas off ? ». Et, presque sous le sceau de la confidence, il m’a avoué ne pas trop respecter ses horaires lorsqu’il est en télétravail.Le problème, c’est que je désapprouve complètement ce comportement, et que par ailleurs, je vois bien que cela met une partie de l’équipe dans la merde. Puisqu’il met plus de temps globalement à rendre ses dossiers, que l’on doit le relancer souvent pour des sujets qu’on a en cours avec lui… Mon éthique est mise à mal, mais je ne suis pas non plus une balance, que faire ?
Merci d’avance !
Sabrina
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La réponse de notre DRH
Chère Sabrina,
Ça me rappelle quelques discussions enflammées avec un certain chef d’entreprise pour qui je bossais il y a quelque temps (dont je tairais le nom, tu me comprendras) farouchement opposé au télétravail :
-« Mais voyons, Stéphanie ! Si je laisse mes salariés travailler de chez eux, ils vont regarder la télé, faire leurs courses, promener le chien, aider les enfants avec leurs devoirs… pire, ils pourraient même aller à la salle de sport ! »
-« Mais non Monsieur P, rassurez-vous, la grande majorité des employés sont autonomes, professionnels et loyaux. Et pour ceux qui ne le sont pas, ce n’est pas parce qu’ils sont assis dans vos bureaux qu’ils le deviendront miraculeusement. »
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Bon, parfois, oui, il y a des exceptions. Et je sens que ta situation ne va pas faciliter mes prochaines négociations, snif !
Mais du coup que faire, alors ?
Faut-il foncer dans le bureau de ton manager pour tout balancer ? Ou dégainer un email incendiaire à la DRH ? Franchement, est-ce que tu veux vraiment passer pour la collègue qui dénonce ses voisins ?
À mon avis, il s’agit plutôt de respirer (par le ventre) et de réfléchir aux conséquences réelles de cette fameuse séance de sport pour enfin, agir en fonction.
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Cas de figure 1 : Marc va à la salle de sport une heure par semaine et ça ne gêne personne
Bon, ben voilà, on a fait le tour. Affaire suivante ! Oui, il va falloir vivre avec l’idée que pendant que tu réponds à tes 300 mails, Marc renforce ses abdos. Je comprends ce petit goût amer d’injustice, mais bon, c’est ton problème plus que le sien visiblement.
Cas de figure 2 : la séance de squat de Marc te ralentit et tu te retrouves à rester plus tard pour finir ton travail
Là, ça se complique. Il faut en parler avec Marc. Il ne se rend peut-être même pas compte qu’il te met en difficulté et t’empêche de partir tranquillement à ton cours de rollers après le travail.
La meilleure solution ? Communiquer ! Explique-lui que tu sais qu’il prend du temps pour lui, et que, même si tu ne comprends pas trop, c’est son choix. Cependant, ce choix complique ton travail et pourrait nuire à tes résultats (ou à ceux de l’équipe). Fais-lui part de ton besoin : « Peu importe comment tu organises ta journée, mais j’ai besoin que ta partie du boulot soit faite dans les temps et correctement. »
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Cas de figure 3 : Marc ignore tes demandes, redouble d’effort au développé couché et continue de te compliquer la tâche au travail
Là, il va falloir agir auprès de ta hiérarchie. Pas besoin de parler directement de la salle de sport si tu ne veux pas « cafter », mais tu peux mettre en avant que tu es gênée dans ton travail à cause d’un problème d’organisation. Si ton manager est compétent, il enquêtera pour trouver d’où vient le souci et, avec un peu de chance, Marc sentira le vent tourner et s’inscrira de lui-même au cours du soir plutôt que celui de 10h30 (même s’il y a plus de monde à la salle).
Si malgré tout rien ne change, tu n’auras plus d’autre choix que de signaler que Marc n’est tout simplement pas à son poste pendant plusieurs heures par semaine. Ce n’est pas plaisant, mais il en va de tes résultats… ou de ta santé mentale !
Dans un monde idéal, tout le monde serait conscient que ses actions peuvent affecter les autres. Dans un monde idéal, le bien commun primerait sur les intérêts personnels… enfin, bon, le monde idéal n’existe pas et encore moins au travail.
Je te souhaite que la situation s’arrange rapidement, je sens que tu peux non seulement intégrer le niveau 2 en roller, mais surtout que tu pourras éclater les scores au boulot !
Bon courage !
Stéphanie
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Les Commentaires
Je ne pense pas qu'au travail, on doit forcément être solidaire en toutes circonstances avec ses collègues ni certainement les couvrir, surtout quand ce qu'ils font affectent notre qualité de vie au travail, notre sécurité ou notre santé (mentale notamment), ou la sécurité des autres.
C'est pour ça que je pense que signaler qu'un collègue va à la salle de sport sur ses heures de travail ne peut pas du tout être mis sur le même plan que signaler qu'un collègue fait des avances indésirables à la jeune stagiaire ou fait appel à un fournisseur douteux et non respectueux de la politique de l'entreprise.
J'ai vu que certaines parlaient d'éthique et pour moi il faut bien différencier l'éthique personnelle au travail de l'éthique comme concept. Peut-être que votre vision de l'éthique au travail c'est de faire vos heures, et c'est tout à votre honneur, mais ce n'est pas une notion supérieure comme défendre les droits humains ou l'égalité hommes/femmes. C'est une notion personnelle qu'il peut être douteux de défendre au détriment d'autres salariés quand la personne qui tirera le plus de bénéfice de votre opposition à vos collègues, c'est votre PDG.
Ensuite, oui, bien sûr que si votre collègue fait la sieste tous les aprèms et que pendant ce temps-là, vous n'arrivez pas à gérer tous les coups de fil et que ça vous retombe dessus, ne vous taisez pas. Il y a une différence entre se faire bolosser par son collègue qui se la coule douce en vous nuisant et se mêler des ses affaires car votre patron n'est pas votre frère de sang. Par contre, dire "c'est pas moi c'est la faute à Gérard qui fout rien", bof quoi. Je conseille plutôt si vous sentez que ça peut vous retomber dessus d'aller signaler au patron "pardon mais je peux pas répondre à tous les coups de fil seule, Gérard semble occupé/je ne sais pas ce qu'il fait/il n'y a que moi qui ai répondu cet aprèm" et de le signaler systématiquement quand vous pensez que ça risque de mal tourner pour vous.
Si vous pensez qu'on ne vous dira rien... pas la peine de signaler, vous pourrez en parler le jour où on vous pose des questions, et du coup essayez de réunir quelques indices que vous étiez la seule à bosser, au cas où.
Perso, j'ai un collègue qui glande vraiment toute la journée, mais les risques que ça me retombe dessus sont limités car mes chefs voient ce que je fais, donc si une tâche n'est pas finie, ils penseront probablement qu'on avait besoin de plus de temps. Et ça me dérange pas qu'il foute rien pendant que je bosse car franchement, je préfère bosser que m'ennuyer toute la journée en attendant que le temps passe. Bref, néanmoins, à un moment où on devait bosser à 3 avec lui sur un projet précis et que le fait qu'il ne fasse pas sa part était problématique, on avait fait exprès avec ma collègue de laisser des traces écrites en échangeant avec lui par écrit et en lui demandant explicitement de faire certaines tâches précises afin de montrer qu'il foutait rien si jamais on devait en parler au management (par exemple en montrant qu'il n'avait pas accompli les tâches, ou qu'il avait dit oui mais que c'était finalement l'une de nous qui l'avait fait, etc.). On n'a jamais eu besoin, mais on s'était préparées au cas où, pour justement pas que ça nous retombe dessus.
Bref, dans le texte moi ce qui m'a fait tiquer c'est que la description de l'échange avec le collègue. La MadZ raconte qu'il lui a confié de lui-même être allé au sport... donc le gars se sent suffisamment en confiance et dans une ambiance de solidarité pour pouvoir dire ça librement à sa collègue. Il ne pense pas non plus que ça la mettra en colère ou qu'elle trouvera ça particulièrement abusé, ou s'il le pense, il souhaite quand même être honnête plutôt que de le cacher.
Donc soit il tyrannise ses collègues, soit il ne comprend pas du tout comment marche le monde du travail, soit il pense que son comportement ne risque pas de tant pénaliser que ça ses collègues ou que le travail qu'ils font n'est pas ouf et ne méritent donc pas de dévotion, et croit partager une certaine complicité ou être sur la même longueur d'onde avec eux.
Déjà, là, perso, si ce n'est pas l'option 1, j'essayerai d'abord de gérer ça avec mon collègue si ça m'impacte ou alors je ne dirai rien du tout si ça ne m'impacte pas. Puisqu'on parle d'éthique... le gars a quand même l'éthique d'être honnête avec ses collègues. Perso, c'est ça que je respecte le plus chez mes collègues quand ils se défilent du travail... je peux vous dire que les plus glandeurs de l'équipe ne sont jamais honnêtes quand ils ne bossent pas. Ils nous inventent toujours une excuse ou font semblant d'avoir bossé sur un truc mystérieux. Mes collègues qui disent franchement "je vais aller chez le kiné sur mes heures de boulot" ou "je vais m'occupe de mes gosses mercredi sans poser de journée et j'ai rien dit au management", bah en général c'est justement ceux qui ont une bonne conscience d'équipe.
Mais donc là, le collègue est honnête et la MadZ "joue l'étonnée". Pardon mais qui manque d'éthique d'équipe ici? Si mon collègue me dit qu'il ne respecte pas ses horaires de travail pendant que je bosse comme un chien pour rattraper son boulot, c'est ptete le moment de lui demander de faire en sorte que ça ne m'impacte pas, non? Plutôt que de faire semblant de ne pas comprendre pour lui tirer les vers du nez en donnant l'impression de ne pas être hostile et ainsi obtenir des infos que je pourrais ensuite utiliser contre lui dans son dos?
Je pense qu'il faut faire attention à bien différencier l'éthique de la rancoeur et la jalousie. Soyons honnête, je bitche souvent sur mes collègues glandeurs avec d'autres collègues proches. Mais on est très conscientes que c'est une manifestation de notre agacement, pas de notre éthique.
Aller à la salle de sport sur les heures de travail ça n'est pas le problème de la MadZ. Le problème de la MadZ, c'est qu'elle doit le relancer sur les sujets en cours et qu'il a des problèmes de dossier en retard. Elle peut commencer par lui dire "écoute que tu respectes pas tes horaires, c'est pas mon job de surveiller, mais par contre peux-tu faire en sorte de me répondre sur les sujets en cours avant de partir à la salle car j'aimerais aussi avoir plus de temps pour moi?". Et ensuite de dire "on ne pourra pas tenir les délais car le dossier X est en retard" au management. Et si le management ne veut rien entendre tant qu'on n'a pas balancé explicitement quelqu'un sous le bus pour le retard, est-ce que ça vaut vraiment la peine de faire tout pour répondre aux désiratas du management?
J'entends bien que dans certains boulots il y a des prime de productivité, ou que ça peut avoir une incidence sur l'image professionnelle de la MadZ (sujets pas du tout évoqués dans le message, donc j'ai pas vraiment l'impression que ce soit ça le problème, mais que c'est plutôt "pour le principe" que ça lui paraisse choquant), mais c'est pas dire que le collègue est allé à la salle qui va nous donner la prime de productivité, c'est démontrer au management qu'on n'a pas les conditions pour obtenir cette prime et qu'ils doivent nous aider. Et les conditions insuffisantes, c'est le fait que le collègue ne tient pas les délais, pas qu'il est à la salle.
Bref pour moi le souci ici, c'est de confier un détail "flicage" sur la journée du travail du collègue qui lui a été confié librement (il lui a révélé ce qu'il fait loin des regards, chose qu'elle ne saurait pas forcément autrement), ce qui est totalement inutile et pas éthique justement, mais pas spécialement de réclamer du collègue qu'il soit plus assidu dans les tâches communes.