Publié le 16 décembre 2018.
On ne peut pas dire que je sois une accro de fiction.
J’ai lu peu de romans en dehors de ceux imposés par mes études et ma culture cinématographique s’arrête à Star Wars (j’exagère mais pas beaucoup).
Pourtant du peu que j’ai vu et lu, j’ai tiré une image du couple idéal comme étant fidèle et inséparable.
Le cliché du couple fidèle, inséparable
Logiquement, quand je fantasmais ma future vie amoureuse, je rencontrais le prince charmant et bam ! On tombait immédiatement fou amoureux.
Les minutes passées loin l’un de l’autre étaient des instants perdus, et on finissait dès que possible par vivre ensemble avant de se marier et d’avoir beaucoup d’enfants (alors qu’en vrai, j’ai jamais vraiment aimé les gosses).
Et le pire, c’est que c’est arrivé. Bon pas, exactement comme ça hein (mon charme fou n’a pas opéré aussi vite que dans mes rêves et je ne suis pas mariée).
Mais quand même, je suis en couple depuis la troisième avec le même mec et on est toujours ensemble alors que j’arrive bientôt à la fin de mon bac +5 (ne me remerciez pas, l’entraînement au calcul mental c’est cadeau).
Le couple fusionnel des débuts
Alors oui pendant les premières années, on était inséparables et fusionnels, au début de nos études on a emménagé ensemble et pour rien au monde je ne voudrais revenir en arrière, c’était super.
Seulement voilà, l’amour passion c’est bien beau, mais c’est aussi angoissant et même parfois limitant.
Donc petit à petit il y a des points qui me semblaient jusque là indispensables à la réussite d’un couple que j’ai pourtant remis en question.
Parce que finalement je pense que c’est comme pour tout dans la vie : pour vivre heureux, vivons loin des injonctions !
Être un couple inséparable
Au début de notre relation, c’était tout comme dans mon fantasme : on se languissait de chaque minute passée loin de l’autre.
Alors oui, c’est trop mignon… mais en fait ça s’avère vite compliqué. J’en étais à un point où je n’envisageais même pas d’aller à une soirée sans lui (et pas parce qu’il me l’interdisait !).
Et puis, au cours de ses études, il a commencé à se lancer dans l’associatif et progressivement à être de plus en plus pris par son engagement jusqu’à ce qu’on ne se voit plus tous les jours.
Bon j’avoue que je mentirais si je vous disais que j’ai crié « oh trop chouette je vais enfin avoir du temps seule pour ne penser qu’à moi »… parce que j’ai beaucoup beaucoup pleuré, j’ai angoissé.
Moi avant, quand mon mec n’était pas là.
Et puis finalement, il s’avère que ce n’est pas si terrible que ça.
C’est même plutôt positif, on est vraiment contents de se retrouver à chaque fois (et on fait l’amour comme jamais) et surtout j’ai découvert qu’en fait j’aimais bien être seule de temps en temps.
Au moins je ne vis plus les jours sans lui comme des jours dénués d’intérêt qui ne valent la peine d’être vécus que dans l’attente de son retour.
Être tout l’un pour l’autre en couple
Avant (j’ai l’impression d’avoir 70 ans quand je dis ça), mon mec c’était mon demi-dieu.
Je l’aimais plus que moi-même, je faisais tout en pensant à notre couple et la pire chose qu’il pouvait m’arriver c’était qu’il me quitte.
Et lorsque notre bonheur dépend à ce point de quelqu’un d’autre, c’est difficile de ne pas être angoissée en permanence.
J’ai interprété tous les signes de l’autre comme des marques d’un amour en déclin ou pire d’une rupture imminente.
Je vivais la fin de ma vie chaque fois qu’il ne me disait pas « pour toujours » après ses « je t’aime » et mon monde s’écroulait quand il me rappelait qu’on est jamais sûr à 100% de rien, pas même de rester ensemble la vie durant.
J’avais beau parfois lire et entendre que ce n’était pas sain, la moi de 15 ans (toujours aussi têtue que la moi de maintenant) pensait que c’était la preuve ultime d’amour, le plus fort qu’il puisse exister, le même que celui d’Edward et Bella dans Twilight.
« Tu eS ToUte Ma vIE mAinTeNAnt ! »
Et puis finalement ne plus se voir tous les jours m’a permis de me rappeler que j’existe aussi en dehors de ce couple.
J’ai bien compris que j’ai des amis avec qui je passe également du temps très qualitatif, que je sais profiter des journées passées seule.
Même si mon mec est génial, je m’aime quand même plus que je ne l’aime lui.
Avant je trouvais ça égoïste de ne pas pouvoir aimer quelqu’un plus que soi-même, maintenant je pense juste que c’est la base de toute relation vraiment saine et durable.
Et en plus, je suis sûre que moi je serai toujours là pour moi.
Je n’avais d’yeux que pour mon mec
J’étais persuadée que quand on aime vraiment quelqu’un, on se doit de n’avoir d’yeux que pour lui.
J’étendais le concept de la fidélité encore plus loin que celui de la fidélité physique et j’envisageais carrément une fidélité psychique : « jamais ô grand jamais je ne trouverais quelqu’un d’autre attirant ».
J’avais ce syndrome de la bonne élève qui veut pousser la perfection à l’extrême… même en amour.
Spoiler : ce n’est pas possible.
J’ai mis un moment à l’accepter, et ça m’a même valu des conflits mentaux avec moi-même parce que je ne voulais pas admettre que j’étais attirée par un autre.
Pourtant quand il a embrassé une autre fille à une soirée, j’ai dû me rendre à l’évidence que c’était le cas pour lui aussi !
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Depuis, on est toujours un couple exclusif, mais on en a parlé de tout ça, afin d’être certains que c’est ça qui nous convient le mieux à tous les deux.
Ce genre de conversation, je ne l’aurais jamais envisagée avant.
Et j’accepte l’idée que j’aime bien plaire et flirter avec d’autres mecs, même si ça ne va jamais plus loin.
J’accepte aussi que des fois lui me dise « elle est hyper belle cette fille » (même si c’est une de mes copines) parce que j’ai compris que je n’aurai jamais le monopole de la beauté à ses yeux.
Et finalement, je m’en fiche, du moment qu’il continue à me trouver trop mignonne alors que j’ouvre à peine les yeux, toute ensommeillée d’une grosse nuit de dix heures.
Tout partager, tout le temps, en couple
Quand on s’est mis ensemble, mon mec était hyper populaire, avait déjà eu plein de copines.
Moi, j’étais plutôt du côté des intellos. Avec les amoureux que j’avais eus jusque-là, on s’en était arrêtés aux lettres d’amour.
Tout le monde pensait que ça ne fonctionnerait pas entre nous parce qu’on était trop différents.
Au fil des années, on a pas mal grandi ensemble. Pourtant, on ne s’est pas mis à se ressembler plus qu’avant. Par exemple, nous n’avons pas du tout les mêmes opinions politiques.
On ne le savait pas quand on s’est mis ensemble parce qu’il n’en avait pas encore et que mes convictions ne sont apparues qu’à la fin du lycée.
Et vous savez quoi ? On s’en tape royalement.
Il est très ouvert d’esprit, et moi, du moment qu’on est d’accord sur des valeurs qui me paraissent fondamentales comme le féminisme ou l’urgence écologique, ça me va.
Après je comprends qu’on puisse rechercher quelqu’un qui soit en adéquation avec ses idées. Je suis la première à ne pas pouvoir envisager un couple avec un macho d’extrême-droite !
Mais ne pas avoir les mêmes opinions, les mêmes goûts et les mêmes activités nous permet d’avoir chacun une vie à côté, de ne pas tout partager.
Je déteste les bars, alors il y va sans moi. Je n’aime pas sortir très souvent, alors il fait la fête sans moi.
J’ai l’impression que pour les générations d’avant (nos parents et nos grands-parents donc), sortir sans son conjoint n’est pas envisageable et que pour certains événements (dîners ou week-ends entre amis, anniversaire, mariages…) il est socialement inacceptable d’inviter l’un sans l’autre.
Pourtant ce n’est pas parce qu’on est en couple qu’on se doit de TOUT partager, de TOUT faire ensemble et que vos amis ont forcément envie de se coltiner votre partenaire à tous vos dîners.
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S’aimer pour toujours devant la Terre entière
Au début, on est sortis ensemble de façon un peu cachée et j’ai sauté de joie le jour où il m’a tenu la main en public, de même celui où il a affiché notre relation sur son profil Facebook.
Il l’a par la suite retirée quand il a commencé à avoir un « profil public » comme il dit. J’étais, au début, hyper vexée.
J’avais envie que tout le monde le sache, je pensais que ça prouvait combien il était fier de sortir avec moi.
J’adorais qu’il m’emmène dans des événements parce que j’avais l’impression que ça rendait notre couple encore plus officiel et je ne rêvais que du jour où il me demanderait en mariage, parce que c’était pour moi la preuve d’amour ultime.
Alors, j’adore les mariages et je trouve ça génial de réunir tous ses proches pour partager son bonheur au cours d’une grosse fête…
Mais j’essaie vraiment de me détacher de l’idée que notre relation doit être officielle, connue de tous et régie par des cadres légaux pour m’apporter une certaine sécurité.
Un papier ne me garantira pas d’être follement aimée sans n’être jamais ni trompée ni quittée (comme si les gens mariés ne se trompaient ni ne divorçaient jamais).
C’est le point sur lequel j’ai le plus de travail à faire, mais j’essaie de percevoir toutes ses petites attentions du quotidien comme des preuves d’amour bien plus grandes que des promesses, si officielles soient-elles.
Comme ça par exemple.
Ma déconstruction du couple fusionnel
Voilà où j’en suis de ma déconstruction de ce que j’ai toujours cru devoir faire pour être un couple idéal – qui de toute façon n’existe pas.
Je trouve important de le partager parce que je vois beaucoup circuler certaines de ces injonctions sur les réseaux sociaux, même sur des blogs consacrés au développement personnel.
Pour moi, toutes les croyances autour du couple idéal et amoureux ne m’ont pas aidée à me sentir bien parce qu’elles m’ont parfois empêchées de faire ce qui me faisait vraiment envie.
Et ça, c’est loin d’être idéal.
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Les Commentaires
Pour la premiere fois en couple pas fusionnel (faut dire que j'ai pas de sentiments), c'est reposant -_-.