Publié le 20 mars 2020
La pandémie du coronavirus et le confinement, c’est un peu comme une grosse boule de bowling qui déboule sur les quilles de nos petites habitudes quotidiennes.
Ça peut être vécu plus ou moins violemment, mais dans tous les cas, ça bouscule complètement toute notre façon de socialiser, de passer le temps, de travailler, de faire des projets à court et moyen terme…
Et de vivre notre couple, surtout quand il est contraint d’être séparé.
Vivre en couple à distance pendant le confinement du coronavirus
Quelques jours après l’annonce du confinement obligatoire dans toute la France, j’ai trouvé intéressant de vous demander, vous qui avez dû vous séparer de votre moitié pendant le confinement, comment vous viviez cette distance forcée.
Pour certains et certaines d’entre vous, vous vivez déjà à distance au quotidien, ce qui ne rend pas forcément cet éloignement plus facile.
Pour d’autres, vous avez l’habitude de vous voir quotidiennement, ou vous êtes au premier chapitre d’une relation de couple naissante, ce qui lui rajoute une dimension inédite.
Vous avez donc répondu à mes questions, à J+4 de vie en confinement !
Relation à distance pendant le confinement : commencer une relation de couple
Cette madmoiZelle a 20 ans, elle est en BTS audiovisuel en spécialité son, elle est confinée dans sa grande maison familiale avec ses parents et ses trois petits frères, et son couple est aussi vieux que le confinement :
« Ce qui est un peu rigolo, c’est que mon couple est aussi vieux que le confinement donc extrêmement récent.
Avec ce garçon, on est dans la même classe depuis 2 ans. On a fait notre stage cet été ensemble, ce qui n’était vraiment pas fait exprès.
On a commencé à se taquiner, tout était très ambigu, mais lui avait quelqu’un donc je ne pouvais pas me lancer, juste par solidarité féminine.
Vendredi 13 mars, alors qu’on travaillait en groupes séparés depuis quelques temps, on s’est croisés par hasard, il a attendu la fin de ma réunion est on est allés boire un verre ensemble.
Ça a vraiment été génial, premier rencard de ma vie ! Depuis, avec la quarantaine, lui est chez ses parents en région parisienne et moi à Reims.
On parle beaucoup par messages, on s’appelle, je n’ai jamais été autant au téléphone avec quelqu’un.
Ce qui est un peu particulier, en plus du confinement, c’est que c’est ma première relation amoureuse et je me pose plein de questions, et ce qui est vraiment génial c’est que j’ose les lui poser, je me sens bien avec lui, et ça me fait tellement du bien.
Ce qui est hyper dur c’est qu’on ne peut pas se voir et j’ai un manque physique d’une présence que je ne peux pas combler. Le sexe pour le moment n’est pas trop arrivé sur le tapis, ça viendra un jour, mais quand ?
Je me sens bien et triste à la fois. Bien grâce à cette nouvelle relation naissante, et triste à cause de l’éloignement.
Mais ce début de relation va tous les deux nous marquer très fortement pour toute notre vie, et ça va être hyper enrichissant sur plein de points, car en confinement on est obligés de communiquer.
Je découvre une facette de lui tellement mignonne, attentionnée, à l’écoute, que ça me fait du bien. Il me soutient dans mes questions et qui je suis et je lui fais confiance, chose que je peux avoir du mal à faire d’ordinaire.
J’ai les larmes aux yeux en écrivant.
Je suis heureuse d’oser écrire ce témoignage et de partager ce que je vis depuis 4 jours sur mon petit nuage, bloquée, mais quand même sur un nuage. »
Relation à distance pendant le confinement : manquer des moments de vie à deux
Cette madmoiZelle a 23 ans, elle est en couple depuis 6 mois avec son copain militaire, avec qui elle entretenait déjà une relation à distance
, avant le confinement.
Pour autant, cette situation n’est pas beaucoup plus facile à gérer pour elle que pour un couple classique, car ces moments qu’elle manque avec lui sont les derniers avant une séparation beaucoup plus longue :
« On s’est rencontrés à un week-end entre potes à la campagne, affaire assez classique en somme.
Au début je me moquais de Monsieur plus ou moins discrètement car une autre fille lui courait après d’une façon fort peu discrète. Il m’a grillée, évidemment, et on a partagé une clope pour « que je m’excuse ». Et là : coup de foudre amical.
On a parlé des heures et on s’est rendu compte qu’on avait énormément de points communs. Il a proposé qu’on se revoie et la magie a opéré…
Concrètement, ça nous donne une relation à distance (il est en école militaire dans le Sud et moi à Paris).
On se voit de manière complètement irrégulière, entre ses obligations et les miennes, c’est assez complexe.
Quand on se voit, c’est des week-ends entiers ou pour partir en vacances une semaine cet hiver. On alterne entre Paris et le Sud. Les absences sont parfois dures : en moyenne, je pense qu’on doit se voir toutes les 3 semaines.
Bon là, en réalité on s’est vus il y a deux semaines après une période d’absence d’un mois et demi. Et là, on ne devait pas se voir pendant un mois et une semaine, mais avec le confinement, on verra bien.
Niveau communication, on est passé du « on se parle h24 » à « zut, il faut quand même qu’on bosse au milieu de tout ça. »
On essaye de s’envoyer des messages et on s’appelle à minima chaque semaine. Nous sommes deux grands improvisateurs, on s’arrange. Parfois c’est dur, parfois ça va.
Au final, le confinement ne change pas notre moyen de communiquer. On se parle et s’appelle plus ou moins régulièrement. Je vais lui proposer de tester l’extension Netflix Party.
La situation a supprimé notre prochain week-end de retrouvailles, mais ce n’est que partie remise.
Honnêtement, quinze jours de confinement, cela va déjà être dur. Heureusement que j’ai mon mémoire et du télétravail à faire, mais une fois rendu… il va falloir trouver des choses à faire.
C’est ça qui m’inquiète : qu’avec l’inoccupation, la pression monte et le moral en pâtisse. Je dois partir en voyage le 30 avril, j’ai bien peur que cela soit aussi annulé.
Lui ne m’en parle pas trop, au final il est assez bien loti : salle de sport, piscine, piste de course, l’espace, il a tout pour bien vivre le confinement grâce à la base.
Personnellement, ce confinement me donne l’impression de passer à côté de quelque chose. Mettre ma vie entre parenthèses pour contrer un ennemi invisible.
Avec Monsieur, ce n’est que le début, et toutes ces occasions de se voir que le virus nous fait manquer… ça me désole. Je rate des moments avec lui que je ne pourrai pas revivre.
On doit partir aux Etats-Unis en août, j’espère qu’on pourra. Ce sont les derniers moments où on peut se voir relativement facilement : il est encore en études et n’a que peu de périodes embarquées ou bloquées en terrain.
Après, en septembre je pars 3 mois en Irak et lui embarquera pour 5 mois de février à juillet. Autant dire que l’on va se croiser…
Mais bon, il faut voir plus loin que son propre intérêt, son petit confort perso. Si ne pas voir Monsieur pendant 15 jours ou plus peut sauver des vies. Alors go ! C’est quand même plus facile que de partir à la guerre ! »
Relation de couple à distance pendant le confinement : bien vivre la séparation
Cette madmoiZelle belge a 26 ans, cela fait 10 ans qu’elle est en couple avec son copain, et c’est un choix que de vivre ce confinement séparé.
Pour l’instant, ça se passe plutôt bien :
« Actuellement, je suis chez mes parents, et mon copain aussi. On va dire que je ne suis pas spécialement à plaindre du confinement vu que j’ai une grande maison et accès à un jardin.
M’enfin, ça, c’est la théorie. Comme mes parents font du télétravail à la maison pour le moment, en pratique, la plupart du temps, je suis confinée dans ma chambre.
Avec mon copain, on s’est rencontrés ados à une soirée Halloween. D’habitude, on se voit le week-end, du samedi soir au dimanche début de soirée car il travaille la semaine.
Quand ses parents ou les miens partent en vacances, il arrive qu’on passe 1 semaine ou deux ensemble. On se voit déjà un peu moins que la plupart des couples, je pense, malgré la faible distance entre nos maisons (10 kilomètres environ).
Mon copain voulait venir chez moi pour le confinement. Mais finalement, on a préféré éviter. Cela allait vouloir dire aucun espace « seul », vu que notre seul espace à deux allait être ma chambre.
Or, lui comme moi, on s’aime mais on a besoin de temps seul.
La relation à distance, je ne sais pas trop comment on va la gérer. Je pense qu’on va fortement se manquer. Mais je ne crois pas qu’on va beaucoup communiquer pendant cette période.
En temps normal, on s’envoie deux ou trois SMS dans la semaine, pour raconter des anecdotes mais pas plus. Ni lui ni moi ne sommes adeptes de Skype ou du téléphone. Je pense qu’on va mettre notre sexualité en stand by pendant cette période.
Bon, là, ça ne fait même pas 1 semaine que l’on ne s’est plus vus donc si ça se trouve, on va finir par beaucoup plus se contacter que ce que je prévoyais.
Mais je sais que, même si ce n’est pas le cas, ce ne sera pas un problème pour notre couple.
C’est ça aussi que j’aime dans notre relation : on est très importants l’un pour l’autre mais on ne vit pas que dans le couple. On a chacun une vie en dehors. J’aime beaucoup cette indépendance.
Je sais que je serai la plus heureuse du monde le jour où on vivra ensemble mais je sais aussi que je sais vivre ma vie de mon côté, qu’il reste là, toujours proche, toujours à me soutenir.
Si cela dure plus de 15 jours, je pense que les retrouvailles vont être plutôt folles (et que je vais l’obliger à prendre 3 jours de congés pour en profiter).
Mais je dois avouer que mon couple est la dernière de mes inquiétudes pour le moment. »
Relation de couple à distance pendant le confinement : avoir un copain « à risque »
Cette madmoiZelle a 19 ans, elle est en couple avec son copain de 21 ans depuis le lycée, et il est considéré comme « à risque » face au coronavirus :
« Quelques jours avant l’annonce du confinement (dès que les écoles ont fermé en fait), j’ai moi-même pris la décision de me confiner pour protéger mon amoureux qui est asthmatique, allergique et malade chronique, avec quelques problèmes respiratoires et une forte sensibilité au moindre petit virus.
Avec mon copain, on s’est rencontrés au lycée : j’avais 15 ans et lui 17. Un an plus tard, alors qu’il était en prépa et moi toujours au lycée, nous nous somme mis ensemble.
Très vite, la relation est devenue absolument fusionnelle, d’abord de mon côté puis du sien. J’avais un contexte familial très toxique à l’époque et il était ma bouffée d’air.
On a très vite éprouvé le manque affectif l’un envers l’autre, on se manquait dès qu’on n’était pas ensemble, et après 3 ans de relation, c’est toujours le cas.
Malgré nos études prenantes, on se voit tous les week-ends, parfois le soir en semaine, et on se téléphone au moins un jour sur deux.
Le dernier jour où on s’est vus avant le confinement, j’ai réalisé que me confiner et faire attention à moi, c’était d’abord faire attention à lui : je risquais d’être porteuse saine et de lui transmettre un virus qui allait potentiellement l’envoyer aux urgences.
La décision de ne plus se voir était très difficile : quand on est amoureux, on n’est pas très raisonnable, et même si on savait tous les deux qu’il y avait un gros risque, on avait envie de s’embrasser, de sortir, de continuer à se voir.
Mais je suis terrifiée à l’idée de le mettre en danger, et lui aussi est conscient de ce à quoi il s’expose, donc on s’est dit au revoir et on est retourné chacun de notre côté nous confiner avec notre famille.
On s’appelle tous les jours désormais : le téléphone, c’est un mode de communication qui marche bien entre nous, qu’on connaît parce qu’on l’utilise déjà régulièrement.
Mais le temps libre, le manque et mon inquiétude pour lui font que la fréquence des appels a beaucoup augmenté. On prévoit aussi de tester Skype, pour avoir le sentiment de se voir « en vrai ».
C’est dur, mais sa santé, même si elle m’inquiète beaucoup, rend les choses plus faciles en un sens : ça ressemble moins à une punition qu’à une mesure de protection. On a au moins l’impression que notre séparation sert à quelque chose.
Pour ce qui est du sexe, pour l’instant on ne ressent pas de manque, à voir par la suite. On a déjà testé le sexe au téléphone, ça nous convient mais ce n’est pas forcément évident à mettre en place quand on ne vit pas seul…
Pour l’instant, c’est plutôt le manque affectif qui est dur à gérer. J’espère qu’on ressortira tous grandis, plus patients et plus mûrs de cette expérience de confinement. »
Relation de couple à distance pendant le confinement, des petites astuces pour garder le lien
Ce madmoiZeau a 25 ans, il est militaire et confiné loin de sa copine avec qui il est en couple depuis 7 mois. Pour avoir l’occasion de continuer à construire leur relation de couple même à distance, ils ont trouvé une solution ludique :
« Même si on vit plutôt bien cette distance imposée, savoir qu’on ne va pas pouvoir se voir pendant plusieurs semaines nous atteint un peu. Notre dynamique de texto reste similaire à l’habitude pour le moment.
Je cherchais par contre un moyen de continuer le développement de notre couple, et c’est ma copine qui a trouvé une solution avec une appli qui permet de répondre mutuellement à des questions sur notre relation : Happy Couple.
Avoir les mêmes réponses ou des avis divergents nous permet de créer moult petits débats et questionnements entre nous, on aime beaucoup. Je pense que l’on continuera à l’utiliser après le confinement.
Même si je vis cette distance comme une contrainte, je trouve que c’est l’occasion de se rappeler que notre relation se base avant tout sur l’adéquation de nos personnalités et que prendre le temps pour se découvrir à distance et mener nos réflexions est aussi bénéfique ! »
Cette dernière madmoiZelle a 23 ans, son copain 25, ils sont en couple depuis plus de 4 ans, et elle se sent chanceuse de vivre dans une époque où il est si facile de communiquer à distance :
« Nous jouons ensemble en se rejoignant sur notre logiciel de messagerie vocale favoris, nous échangeons sur les vidéos YouTube que nous avons regardées, chacun de son côté, plutôt que de s’attendre pour le faire ensemble comme c’est le cas en temps normal (et ça a son côté pratique).
On se téléphone tous les jours, on s’envoie des messages… Nous avons même réussi, après une mise en place un peu laborieuse certes, à s’installer pour regarder Top Chef ensemble mercredi soir, tradition qu’il serait criminel de manquer.
J’ai hâte de le retrouver, hâte de le serrer contre moi, hâte d’entendre sa voix sans le grésillement du micro… Mais je serai patiente, nous avons la chance de vivre à cette époque merveilleuse où l’on peut partager tant de choses, même loin l’un de l’autre.
Alors aujourd’hui, après tous les hauts et les bas traversés, et grâce à cette situation bien étrange, je sais que oui, on peut être amoureux et quand même choisir de ne pas se voir, le temps qu’il faudra.
Parce qu’il y a des enjeux plus importants là tout de suite et surtout parce que notre enjeu à nous est plus fort que ça. »
Une vidéo sur les relations à distance
Lucie, de madmoiZelle, te propose une vidéo autour du couple à distance. Elle est sortie avant le confinement mais peut t’aider à traverser cette période !
J’espère que toi et ta moitié traverserez cette épreuve dans la joie et la sérénité pour mieux vous retrouver !
À lire aussi : Comment j’ai survécu à ma relation à distance
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On a hâte de vous lire !
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Les Commentaires
Alors oui je devais dans tous les cas rentrer bientôt (début mai) et tout doucement j'essayais de me faire à cette idée, mais là, le départ un peu brusque est difficile à encaisser. J'ai dû faire mes valises, être prête à partir du jour au lendemain. Lui travaille avec la croix rouge, on se voit donc peut depuis une semaine puisqu'il fait des ateliers de sensibilisation….
Je vais donc bientôt me retrouver confinée, séparée de mon pilier, cette situation est d'autant plus compliquée à vivre que les moyens de communication sont compliqués ici, on ne pourra pas se parler beaucoup. Et pour couronner le tout on préparait notre mariage coutumier (même sans le virus on ne prévoyait qu'un repas avec les colocs); donc encore moins envie de rentrer me confiner en France.
Courage à toutes les Mad'z qui sont séparées de leur chéri; moi je vais profiter du mien jusqu'au rapatriement car impossible de savoir quand on pourra se voir