Il y a quelques années, je me lançais enfin dans la grande aventure de la coupe menstruelle.
Retour en arrière sur une histoire d’amour-haine avec celle qui est aujourd’hui ma plus fidèle compagne et qui connaît mon intimité mieux que personne (y compris moi !).
Ma découverte de la coupe menstruelle
Fin 2015.
N’étant pas particulièrement folichonne de l’effet « pédiluve dans ma culotte » procuré par les serviettes hygiéniques et n’étant pas non plus passionnée par l’activité récurrente de changer mon tampon toutes les 36 minutes… je cherchais une solution alternative.
J’avais déjà entendu parler de la cup au cours de mes recherches Internet sur les menstruations, le cycle hormonal et autres joyeusetés que me confèrent mon corps de femme.
L’idée d’avoir une coupelle de foufoune durable et safe dans ses matériaux m’a de suite séduite sur le plan santé, économie et écologie.
Une coupe menstruelle, communément appelée cup, est une petite coupe en forme d’entonnoir aux bords arrondis et terminée le plus souvent par une petite tige.
Elle sert à recueillir le sang menstruel lors des règles, et est le plus souvent composée de silicone médical. Elle existe en plusieurs tailles, et fonctionne avec un effet ventouse qui empêche, quand elle est bien placée, les fuites intempestives.
Pour plus d’informations sur la cup, tu peux suivre les liens suivants :
Après quelques recherches plus poussées et des réponses à mes questions de type :
Est-ce que c’est vrai qu’on ne peut pas mettre de cup si on a pas eu d’enfants ? Non, il en existe plusieurs tailles justement.
Est-ce que c’est vrai que c’est dangereux si on a aussi un stérilet ? Non, pour retirer la cup en toute sécurité il faut faire un appel d’air, évitant ainsi les tentatives d’évasion stérilesque par voie basse.
J’étais convaincue du bien fondé de l’engin.
C’est ma sœur, doula de son état, qui m’a offert quelques mois plus tard une coupe menstruelle pour mon anniversaire.
Après une virée familiale à la pharmacie du village (#modernité) me voilà parée d’une ravissante coupe menstruelle violette, la couleur du féminisme !
Ma première expérience avec ma coupe menstruelle
Janvier 2016.
Premier test de la coupe menstruelle a.k.a sextoy nouvelle génération a.k.a instrument de torture 2.0.
Après une application de la bête des plus laborieuses pouvant s’apparenter à un redépucelage, me voici donc sur mon canapé, jambes écartées, avec l’étrange sensation d’avoir dans mon vagin un sextoy qui ne vibre pas, qui ne bouge pas, bref, qui ne sert à rien.
Tout ça pour dire que je ressens un corps étranger dans le mien (de corps). Sensation qui ferait probablement grimper la Vierge Marie au rideau, mais qui me plonge personnellement dans une grande perplexité.
Me voilà donc sur le point de passer la nuit le vagin habité, avec la profonde inquiétude de devoir subir, à mon réveil, un arrachage de mes entrailles pour cause d’extraction de l’engin ventousé à mes parois comme si sa vie en dépendait.
Après les scandales autour des tampons hygiéniques et des cups qui provoqueraient des Syndromes du Choc Toxique aux utilisatrices, Esther a mené son enquête.
Pour tout savoir sur le sujet, je t’invite à lire son article : Coupe menstruelle, tampons et Syndrome du Choc Toxique : l’étude qui fait couler de l’encre.
Après avoir passé la nuit avec ma nouvelle copine, voilà venu un moment tant redouté des novices coupesque dans mon genre, ce que j’appelle, avec toute l’élégance qui me caractérise : « la vidange ».
Me voici donc au réveil, accroupie dans mes toilettes en train de trifouiller dans mes entrailles, tentant désespérément d’extraire La Bête.
Je pince le sillicone sous mes doigts de toutes mes forces, tire comme une forcenée sur la tige, la panique grandit au fur et à mesure de mes tentatives infructueuses.
Mon innocent vagin est prisonnier de cette cup de malheur, ou bien est-ce cette gentille petite cup qui est prisonnière de cet effroyable vagin ?
Je transpire, je me tortille, je râle, grogne, invoque les divinités vaginales… Rien n’à faire, je suis désespérée.
Voilà que ma cup, victime du syndrôme de Stockholm, refuse de se séparer de son ravisseur. À moitié repliée sur elle même, elle reste coincée dans mon intimité tandis que le sang recueilli précieusement dégouline partout.
Oh mon dieu, mais c’est une hémoragie interne !
Morte de honte, j’envisage d’appeler le SAMU quand, dans un ultime effort acharné, je tire d’un coup sec et jaillit subitement l’engin ensanglanté, comme projeté hors de mes entrailles.
Miracle ! Me voici enfin libérée, le vagin subitement vide, l’extraction est réussie ! Je brandis, triomphante, l’objet de torture que je vide dans la cuvette.
J’ai l’impression d’avoir accouché d’une cup, le travail fut long et pénible, angoissant même, mais la satisfaction et le soulagement d’avoir réussi à sauver mes organes me transportent de joie.
Je me débarrasse rapidement de toute trace (du crime) de sang. C’est avec un immense sentiment de fierté que j’achève ma toute première vidange.
Mes péripéties avec ma coupe menstruelle
Les premiers mois d’utilisation de la cup ont été périlleux, à base de fuites impromptues, de paranoïa et d’oubli de l’engin dans divers endroits plus ou moins gênants.
Avec le temps, j’ai appris à vivre avec cette cup, à l’apprivoiser et même à l’aimer, un peu comme un animal de compagnie, ou un doudou, une peluche, toujours là quand on a besoin d’elle et qui traverse le temps et la vie à nos côtés.
Bien sûr, ma cup et moi, on a connu des hauts et des bas.
Je l’ai maudite, prostrée dans des chiottes de festival, une main agrippée au mur dans l’espoir vain d’éviter tout contact inopiné entre mon fessier et cette cuvette (si on peut appeler ça ainsi) infestée.
L’autre main tentant de remettre tant bien que mal cette cup de malheur en me détestant de ne pas avoir pris une bouteille d’eau pour rincer le sang qui me coulait jusqu’au coude (et une 3ème main pour me boucher le nez, mais où donc avais je la tête ?).
Je l’ai blâmée le fameux soir où j’ai ramené chez moi un bel inconnu et qu’il s’est retrouvé nez à nez avec La Bête reposant, conquérante, à l’air libre près des toilettes.
Mais je l’ai aussi chérie : à chaque fois que je passais dans un rayon de supermarché à côté d’une boîte de tampons à 4 balles, à chaque fois que je suis partie quelque part mon sac dégueulant d’affaires mais ma cup n’y occupant qu’un tout petit espace.
À chaque fois que je n’ai pas eu à vider ma poubelle…
Ma coupe menstruelle m’a permis de mieux connaître mon corps
4 ans après, le bilan est plus que positif, et ça va au-delà des aspects écologiques, économiques et de santé. Elle m’a aussi permis d’apprendre à mieux me connaître, à connaître mon corps.
Il faut dire que jusqu’alors, n’étant pas une grande admiratrice de la masturbation (mais c’est un autre sujet), j’avais eu peu d’occasions de faire de la spéléo au plus profond de mon anatomie avec tant de minutie.
Avec de la pratique et à force de partir en reconnaissance dans ce terrain miné qu’est mon vagin je l’ai redécouvert, sa profondeur, son inclinaison, sa forme… je me suis familiarisée avec cette partie de mon corps que je connaissais finalement si peu.
C’est dingue de se dire que c’est un objet qui m’a officiellement présenté à un organe que je possède depuis ma naissance ! Grâce à cette entremetteuse j’ai enfin fait la rencontre de mon vagin.
À lire aussi : Clean Your Cup, la carte des toilettes où on peut rincer sa coupe menstruelle
Si tu as aimé le témoignage de Lou.mosmaxima, tu peux aller la suivre sur son blog La vie d’en bas !
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Sinon Lou je suis trop trop fière de toi!#cestmasoeur