À quelques jours du lancement de la Coupe du monde qui se tient au Qatar, la défiance à l’égard de cet événement sportif planétaire ne désenfle pas. Jamais une Coupe du monde n’aura été aussi controversée, entre appels au boycott et soupçons concernant de possibles faux fans.
Et pourtant, certains voudraient nous ramener à l’illusion de cette bonne vieille fête populaire qu’est le football, à l’instar d’Emmanuel Macron :« Il ne faut pas politiser le sport », a-t-il insisté depuis Bangkok, alors qu’il est en déplacement au sommet du Forum de coopération Asie-Pacifique, avant d’ajouter : « Ces questions-là, il faut se les poser quand on attribue l’événement. »
Ah bon ? On n’a pourtant pas mal d’exemples sous la main qui nous rappellent que sport et politique sont étroitement liés et que l’oublier (ou pire, le nier) est au mieux de l’ignorance, au pire un déni. Du poing levé et ganté de noir de Tommie Smith et de John Carlos aux Jeux Olympiques de Mexico en 1968 au genou à terre du footballeur Colin Kaepernick pour marquer sa solidarité avec le mouvement Black Lives Matter en 2016, l’arène sportive a toujours été le théâtre de gestes politiques. Bien des athlètes ont déjà par le passé utilisé de grandes compétitions très médiatisées pour faire passer des messages politiques ou pour défendre une cause (et on aimerait bien que certains footballeurs en France s’en souviennent, comme Hugo Lloris par exemple).
Un Mondial éminemment politique, n’en déplaise à Emmanuel Macron
Cette petite phrase d’Emmanuel Macron tend déjà à faire oublier que l’attribution en 2010 de cette Coupe du monde au Qatar était en elle-même un choix politique assumé par la Fifa.
Ce serait aussi oublier que la Fifa n’a pas hésité non plus à exclure la Russie de la compétition un mois après le début de l’invasion de l’Ukraine. Pas de politique sur le terrain de foot, mais des intérêts économiques colossaux pour le Qatar, et une volonté d’entretenir son softpower et de continuer de s’affirmer comme une puissance qui compte sur la scène internationale… malgré de graves atteintes aux droits humains et un bilan écologique qui s’annonce catastrophique.
Convaincu que le sport n’est pas politique, Emmanuel Macron n’a donc aucune intention de boycotter cette Coupe du monde et compte bien assister aux matchs de l’équipe de France, si elle atteint les demi-finales.
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Crédit photo : European Parliament, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons
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Les Commentaires
En revanche, ne pas boycotter un événement sportif en sachant tous les enjeux derrière, c'est un geste politique tout autant que de choisir de boycotter. Car malheureusement, dès le moment où on sait, on fait un choix qui a une signification. C'est impossible à mon avis de rester neutre ou impartial dans ce contexte. Macron étant le président, quelque soit son choix, c'est un choix complètement politique et un message assez fort, au vu de son statut.