Mon père et moi sommes les meilleurs amis du monde.
Son sens de la réplique, entre autres qualités, lui vaut d’avoir une tripotée de potes qui ne sont jamais les derniers pour faire les cons.
Je les connais tous depuis que je suis gamine et nous partons souvent ensemble passer l’été dans les Maldives, dans une belle maison au bord de l’eau.
Mon père est un homme sportif, bien dans ses baskets, musicien à ses heures perdues, ouvert d’esprit… bref, je ne lui trouve presque aucun défaut.
Alors quand en 2015, alors que j’avais largement l’âge de partir avec mes potes plutôt qu’avec mon papa, il m’a de nouveau proposé de passer quelques jours de vacances avec ses potos, j’ai dit oui sans aucune hésitation.
Fred, le nouvel ami de mon père qui m’a tapé dans l’œil
Mon père craignait que je m’ennuie.
— Au pire, si je me fais chier, je sortirai un peu sans vous, tu sais papa. — Tu fais bien ce que tu veux ma fille, tu es une adulte !
Le jour du départ, j’avais bien préparé ma valise et pris soin d’emmener mes nouveaux maillots de bain hyper sexy au cas où je rencontrerais un beau brun sur la plage.
Ces vacances s’annonçaient bien. La météo à destination était comme d’habitude clémente et la maison louée avait l’air OUF.
Mon père et moi avons pris la bagnole pour nous rendre à l’aéroport.
Il a récapitulé : Jean est déjà la-bas avec Pascale et la petite, Fred, Christine et Laurent prennent l’avion avec nous.
— C’est qui Fred ? Pourquoi je le connais pas ? — Je t’en ai parlé mille fois, c’est mon nouveau collègue hyper sympa. Il avait ses vacances en même temps que moi et ne savait pas quoi faire. Alors je lui ai proposé de se joindre à nous. — Ah ouais peut-être…
C’est vrai que si j’aime mon père, je ne l’écoute pas toujours avec attention. Et pour cause, il est SI BAVARD !
À l’aéroport, j’ai retrouvé les copains de papa qui m’ont vue grandir, et on a attendu Fred à la buvette.
Lorsqu’il est arrivé, j’ai tout de suite noté sa ressemblance frappante avec Mark Wahlberg. Je déteste Mark Wahlberg. Mais Fred avait un truc en plus, du charme sans doute.
Je le trouvais hyper grand, costaud, souriant, avec un répondant assez désarmant.
Tout ce que j’aime, en somme…
Dans l’avion, toute la petite troupe s’est rejointe au galet pour boire une bière et manger des glaces. J’ai personnellement préféré engloutir cinq films pour rattraper mon retard niveau ciné.
À la fin du vol, je me suis toutefois rapprochée du groupe pour tailler le bout de gras et me dégourdir les jambes.
Fred a fait rire mon père et tous les autres, qui l’avaient déjà adopté.
Une première soirée sous le signe de la séduction
Une fois arrivés aux Maldives, nous avons investi la grande maison au bord de l’eau, découvrant avec enthousiasme la déco kitsch et le frigo plein de fruits.
Tandis que les autres prenaient une douche, Fred m’a rejointe pour partager une mangue dans la bonne humeur, et me complimenter sur mon père, le meilleur des hommes selon lui.
J’acquiesçais, le cœur un peu battant d’avoir ce type torse nu et en sueur à côté de moi.
La journée a ensuite passé tranquillement et en fin de journée, quand le soleil s’est fait moins agressif, nous sommes tous allés au marché (à part l’enfant présent, qui pionçait) manger du poisson frais et boire quelques canons.
Bien sûr, les « quelques canonsa » se sont transformées en beuverie collective, et tout le monde a commencé à être soul vers 22h.
Mon père, s’il n’est pas le dernier des bons vivants, n’aime pas non plus se coucher trop tard. Il a donc préféré être raisonnable et rentrer pour être en forme le lendemain pour notre séance de snorkelling.
Moi, je suis restée avec les derniers survivants d’une journée de 24h : Pascale, Christine et Fred.
Pour ne pas risquer de nous taper le pire mal de crâne ever le lendemain matin, nous avons stoppé l’alcool et bu des noix de coco bien sucrées.
J’en ai partagé une avec Christine, davantage enivrée par le regard de Fred sur mon visage que par les bières locales avalées juste avant…
Je le sentais me regarder, et essayer de me faire rire. Pas de chance pour lui, je suis mauvais public !
Je le lui ai fait comprendre par quelques remarques sarcastiques, qui ressemblaient maintenant que j’y pense surtout à de la taquinerie.
À l’époque, être cinglante était ma technique de drague préférée, et ça marchait plutôt bien sur les garçons de mon âge qui étaient vite décontenancés et bavaient ensuite d’admiration.
Avec Fred, c’était une autre paire de manches. Il avait 45 ans et l’habitude du sarcasme. Il encaissait volontiers mes répliques en souriant et en me renvoyant la balle.
C’était moi la désarçonnée, pour une fois.
Quand la nuit a eu fini de complètement engloutir le village, nous avons sorti les lampes torches et nous sommes engouffrés dans le noir pour rejoindre la maison.
Sur la route en sable, il était difficile de garder l’équilibre, et une ou deux fois je me suis cognée contre Fred. Intentionnellement ou pas, je ne me rappelle plus.
À la maison, nous avons encore mangé des fruits et sommes tous partis nous coucher.
Le désir est monté, toujours plus ardent
Le lendemain était encore plus chaud que la veille et la baignade matinale dans la mer turquoise de rigueur.
J’ai vu l’eau ruisseler sur le corps de Fred et mon désir est encore monté d’un cran. Je suis même allée m’isoler un instant dans ma chambre pour me caresser en pensant à lui.
Il était devenu l’élément le plus intéressant de mes vacances, et le seul qui comptait.
J’essayais de faire en sorte que ça ne se remarque pas et je crois que j’ai réussi, car je n’ai senti aucun regard moralisateur de la part de mon père ou de ses autres potes.
Je ne collais pas Fred, ne le regardais qu’à travers mes lunettes fumées, et discutais avec tout le monde pour ne pas trahir mes intentions.
Lui faisait de même, mais je savais qu’il pensait à la même chose que moi. Ses regards furtifs ne trompaient pas.
La troisième journée s’est déroulée comme la première mais j’ai passé plus de temps avec Fred dans la cuisine à manger des fruits quand les autres préféraient brûler sur la plage.
Toucher Fred, encore et encore
J’ai fini par apprendre que Fred avait une copine en France et qu’il était fou d’elle. La douche froide !
Toutefois, ses gestes en disaient long sur ses envies. Dès qu’il le pouvait, il me prenait le bras en riant ou la taille pour me faire danser.
Je ne pensais plus qu’à une chose : le corps de Fred sur moi.
La semaine s’est écoulée sans que rien ne se passe d’autre que des regards enflammés et quelques contacts timides. Mais l’avant-dernier soir, j’ai proposé à la petite troupe de sortir au village faire un peu la fête…
Nous avons écumé quelques bars et bu beaucoup de bières locales.
Au fur et à mesure que la nuit avançait, nous étions de moins en moins nombreux à tenir le coup.
Mon père, comme d’habitude, a été le premier à partir. Puis est venu le tour de Christine et Pascale. Il ne restait plus que Jean, Laurent, Fred et moi.
Nous avons continué à boire des bières en mangeant des fruits puis sommes rentrés à la maison.
Entre Fred et moi quelque chose avait changé. Il y avait maintenant une forme d’urgence à nous toucher, parce qu’il ne nous restait plus que deux jours.
Il était plus tactile, moi aussi.
En rentrant à la maison, nous avons partagé une énorme noix de coco sur la terrasse. Jean nous a rejoint et nous sommes restés encore une bonne heure à papoter sous les étoiles très lumineuses des Maldives.
Épuisée par les heures passées dans la mer l’après-midi et l’alcool, j’ai fini par exprimé mon envie de dormir.
En me levant, j’ai entendu Fred dire : « Moi aussi je suis claqué, je vais me pieuter ».
J’ai marché plus lentement pour qu’il me rejoigne et que nous montions à l’étage ensemble.
Quand j’ai couché avec Fred
Tout le monde dormait, bercé par les ronflements tonitruants de mon père.
En haut des escaliers, j’ai senti les mains de Fred agripper mes hanches et me plaquer contre le mur.
J’avais le souffle court et le cœur battant.
Il a rapproché son visage du mien, un peu haletant, et nous nous sommes embrassés comme des fous, avec passion et sans aucun bruit.
Je respirais fort, j’avais envie comme jamais, et je le sentais dingue d’excitation aussi.
Il m’a pris la main et m’a emmené jusque sa chambre, la plus éloignée de celle de mon père (heureusement). Là, il m’a déshabillée, m’a poussée sur le lit, et sans préliminaires (mais avec une capote), Fred m’a pénétrée.
Nos ébats n’ont duré quelques minutes et ont été… décevants.
Après avoir fantasmé ce moment pendant des jours et des jours, je me retrouvais finalement avec un vrai humain entre les bras, pas très à l’aise et un peu maladroit, qui a joui vite parce que trop excité.
Lorsque nous avons eu terminé, il m’a embrassée, et j’ai attendu qu’il reprenne son souffle quelques minutes avant de me coller contre lui en gémissant une envie de recommencer.
Il m’a susurré :
— Tu es super, tu m’as tué ! Je crois que j’ai besoin de dormir.
Et c’est ce qu’il a fait sans que j’ai la chance de prendre plus de plaisir une seconde fois.
Déçue et un peu vexée, je me suis levée pour rejoindre ma chambre, et j’ai attendu sans dormir que le soleil se lève.
Un goût amer après cette aventure
Le lendemain, nous ne nous sommes que peu parlés, échangeant seulement des regards timides.
Dans l’avion retour, Fred est enfin venu briser la glace qui s’était figée entre nous.
— Excuse-moi, j’ai été un peu fuyant mais je m’en suis voulu d’avoir cédé à mes pulsions et d’avoir trompé ma meuf. C’est la première fois, mais en même temps, tu me fais beaucoup d’effet. J’ai adoré cette nuit avec toi.
Je lui ai répondu doucement que je comprenais et qu’il valait mieux qu’on en reste là.
En rentrant à Paris, dans mon petit chez moi, j’ai eu un coup de blues…
J’ai repensé à mes heures au bord de l’eau à le regarder transpirer en jouant au volley, au désir chaud qui roulait dans mon ventre, et à nos regards comparables à ceux d’Alain Delon et Jane Birkin dans La Piscine.
Si le sexe avait finalement été décevant, ce qui ne le sera jamais, c’est le souvenir de nos regards mouillés dans la cuisine des Maldives.
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