Additionnons une personne stressée quotidiennement et sujette aux crises d’angoisses avec une famille à la santé catastrophique, et boum, ça vous donne : une hypocondriaque.
L’hypocondrie est incluse dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV-TR). En 1972, le dictionnaire Littré la définissait ainsi :
« Sorte de maladie nerveuse qui, troublant l’intelligence des malades, leur fait croire qu’ils sont attaqués des maladies les plus diverses, de manière qu’ils passent pour des malades imaginaires, tout en souffrant beaucoup, et qu’ils sont plongés dans une tristesse habituelle. »
Wikipédia l’explique en termes plus précis :
« Un syndrome caractérisé par une peur et anxiété excessives et bouleversantes concernant la santé et le bon fonctionnement du corps d’un individu.
Une écoute obsessionnelle de son corps amène l’hypocondriaque à interpréter la moindre observation comme le signe d’une maladie grave. […]
Le sujet hypocondriaque vit dans la crainte ou l’idée d’être atteint d’une maladie grave. Il est persuadé de posséder des signes ou symptômes prétendument indétectables par les médecins. »
Ma vie d’hypocondriaque en temps normal
Avoir ce syndrome dans la société dans laquelle nous vivons actuellement est malheureusement une mauvaise nouvelle puisqu’il en devient très aisément cultivable.
Contrairement aux idées reçues, non, un système de santé développé n’aide pas à se rassurer !
Pour une personne comme moi, c’est comme les cartes Pokémon : on collectionne les examens pour se blinder psychologiquement…
Autant vous dire que ma mutuelle est en béton armé.
J’ai 24 ans et j’ai déjà à mon palmarès :
- Échographies (5 fois)
- IRM
- Scanner (2 fois)
- Prises de sangs (plus de 100)
- Radios de la thyroïde, des poumons, des reins
Entre autres examens trop long à nommer, qui exigeaient une hospitalisation.
Pour les ¾ d’entre eux, à chaque fois les résultats indiquaient qu’il n’y avait rien. Mais le quart restant suffit à installer l’hypocondrie.
Surtout dans mon cas où les rares examens qui révélaient quelque chose était un problème de santé potentiellement handicapant.
Alors lorsque c’est le monde entier qui devient hypocondriaque, le fun est plus que présent.
Moi, hypocondriaque, et la pandémie de Coronavirus (Covid 19)
Dès le début de la pandémie de Coronavirus (Covid 19), j’ai reçu moult questionnements de mon entourage sur mon état actuel et la façon dont je gérais la situation.
À mon grand étonnement je me suis rendue compte que mes motifs d’angoisse n’étaient pas du tout ceux auxquels mes proches s’attendaient !
Je juge les gens qui remplissent leurs Caddies de papier toilette et d’eau… alors que ma boîte à pharmacie est blindée comme jamais.
Je juge les gens qui appellent le Samu au moindre symptôme… alors que je suis la première à penser que je fais une crise cardiaque au moindre engourdissement.
Je juge les gens qui portent un masque sans être malades… alors que j’ai arrêté de faire la bise à mes propres parents il y a déjà deux semaines.
Je me limite beaucoup moins dans mes déplacements que les gens que je côtoie. [NDLR : ce témoignage a été rédigé avant les consignes de confinement données par Emmanuel Macron le 16 mars au soir.]
Je ne suis pas du tout stressée par l’idée d’avoir le Coronavirus alors qu’en ce moment même, je suis enrhumée.
Je ne suis pas inquiète face à la demande de mise en quarantaine des gens dans leur domicile et la fermeture des commerces — preuves que le virus est très facile à attraper.
La pandémie de Coronavirus (Covid 19), c’est ma vie d’hypocondriaque
Depuis le passage en stade 3, on m’a beaucoup demandé
comment je pouvais rester aussi calme face à une situation qui devrait me provoquer des crises d’angoisse environ 20 fois par jour.
La réponse s’est imposée à moi assez naturellement.
C’est que contrairement aux autres, cet état n’est pas nouveau pour moi ! La seule différence par rapport à d’habitude, c’est que tout le monde autour de moi ressent la même chose…
Je suis habituée à être angoissée à l’idée de tomber malade chaque jours de ma vie et d’en mourir.
Les précautions que prennent les gens aujourd’hui (se laver les mains régulièrement, ne pas s’approcher de personnes malades et potentiellement contagieuses, se soigner seul au moindre symptôme), je les prends au quotidien depuis des années.
La seule différence, c’est que ma paranoïa s’étend aux gens autour de moi… Ce qui a, de façon surprenante, un effet plutôt rassurant sur moi.
Le Coronavirus (Covid 19) est quand même dur pour une hypocondriaque
Alors, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Non, pas complètement.
Si le coronavirus en lui-même n’est pas un provocateur de mon hypocondrie, en revanche elle se lâche sur d’autres sujets qui passent à la trappe en temps normal.
C’est ce fameux « et si ? » qui me pourrit la vie.
Les services d’urgences sont blindés. Et si je faisais une crise cardiaque, qu’est-ce qu’il se passerait ? Pourraient-ils arriver à temps ?
Je peux être porteuse saine. Et si mon simple rhume était en fait un coronavirus (Covid 19) que j’aurais refilé à mon père malgré mes précautions ?
Et si mon mal de crâne n’était pas lié à mon rhume mais à autre chose ? Et si, à la fin de l’épidémie, il était déjà trop tard ?
Et si les pharmacies finissaient par fermer ? Comment me procurer mes médicaments quotidiens ?
Et si j’avais un souci de santé infime qui s’aggravait parce que je ne le traite pas, puisque ce n’est pas une urgence ?
Et cætera, et cætera…
Hypocondriaque en pleine pandémie : une lutte quotidienne
Pour moi, actuellement, il s’agit avant tout de me maintenir occupée pour éviter à mon esprit de dériver et trouver de nouveaux « et si » qui réveilleraient mes angoisses.
Je lis, je binge films et séries, j’écris, je fais même du sport parfois, alors que je déteste ça. Et surtout, je fuis les journaux télévisés et autres articles d’informations qui m’encouragent à céder à mes instincts paranoïaques.
Face à la pandémie de coronavirus (Covid 19), une seule chose à faire : reste chez toi !
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Bon courage ♥
Être hypocondriaque durant une pandémie au final, c’est avant tout lutter pour ne pas aggraver son syndrome et se rendre malade toute seule sans l’aide d’un virus.
Le corps humain est extrêmement doué pour somatiser les angoisses et provoquer des symptômes de maladies que vous n’avez pas. Que vous soyez comme moi ou non, ne sous-estimez surtout pas l’impact de votre psychologie sur votre santé !
Croyez-en une personne rodée à l’exercice : le coronavirus sera éliminé beaucoup plus rapidement si, au lieu de se laisser sombrer dans la paranoïa actuelle, on se fait un peu violence et on s’incite à se détendre.
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