madmoiZelle.com : D’où te vient ce goût pour les sports mécaniques ?
Corentine : Je suis tombée dedans quand j’étais toute petite. Mon père faisait des courses en amateur donc je l’accompagnais régulièrement sur les circuits pour le voir rouler. C’est à force d’observer les autres pilotes dans leurs bolides que j’ai voulu m’y mettre aussi.
madmoiZelle.com : A 14 ans, tu commences alors le karting.
Corentine : Une expérience géniale, une très bonne école ! J’ai participé à plusieurs championnats de France d’endurance ainsi qu’ aux 24 heures du Mans. A 18 ans, le bac et surtout le permis en poche, j’ai immédiatement commencé à rouler en voiture. Le karting devenait trop exigeant physiquement et puis j’avais envie de passer à la taille supérieure. Je rêvais de vitesse, de puissance. C’est ce qui me fait vibrer quand je conduis.
madmoiZelle.com : Pas trop dur de gérer tes cours et ta passion ?
Corentine : Il n’a jamais été question que je lâche mes études. Mes parents ne voulaient pas et moi non plus. Que ça soit au lycée ou à l’Université américaine de Paris (Corentine est diplômée en commerce international et en communication, ndlr), je me suis toujours organisée pour rendre mes devoirs avant de partir en épreuve. J’ai su concilier les deux.
madmoiZelle.com : Les épreuves, parlons-en. La parité dans le monde automobile est loin d’être atteinte. Quand tu as débarqué sur les circuits, non seulement tu étais une fille, mais tu étais également l’une des plus jeunes… Quelles ont été les réactions ?
Corentine : J’ai rarement rencontré d’hostilités ni de moqueries. D’une, parce que mes coéquipiers de l’époque, plus âgés et plus expérimentés, m’avaient donné de bonnes bases. De deux, parce que toutes les épreuves automobiles sont mixtes contrairement au tennis par exemple, où tu as le tableau féminin, celui des hommes, etc. Vis à vis des concurrents, une fois qu’on est habillé et casqué, personne ne sait qu’on est une fille. En fait, la réaction des autres dépend de ton comportement sur la piste et en dehors.
madmoiZelle.com : En 2003, découverte du désert, des dunes et tutti quanti. Raconte nous.
Corentine : C’était dans le cadre du rallye des Gazelles, un rallye d’orientation 100% féminin qui se déroule dans le Sahara marocain. Je n’étais pas du tout préparée, je n’avais jamais conduit de 4×4 de ma vie, seulement ma Twingo et des voitures de courses. Je n’avais jamais campé dans la nature, je ne m’étais jamais servie d’une boussole : j’ai dû tout apprendre.
madmoiZelle.com : Une anecdote particulière ?
Corentine : Il faut savoir que les cartes datent des années 60, donc en fait, les villages ont bougé, certaines pistes n’existent plus, d’autres se sont crées … On n’avait aucune notion de rien. Les montagnes, sur le papier, mesuraient 2 millimètres. Dans la réalité, bam, 250 mètres ! Le gag ! Fort heureusement, je me suis très vite habituée.
madmoiZelle.com : Tu as gagné les Gazelles l’année dernière. 2006 fut également l’année du Dakar, la course la plus dure qui soit. Tu y participais pour la première fois. J’imagine que le challenge a dû être énorme ?
Corentine : Le Dakar, c’est un an de préparation physique et mentale. Il y a tout un travail de fond hyper important. L’aspect le plus pénible ? La chasse aux sponsors (le prix moyen pour participer au rallye avec un 4×4 s’élève à 150 000 euros, ndlr) En 2005, j’avais déjà eu la chance de vivre le Dakar, mais sans y participer. En fait, j’étais commissaire sur la piste. Cela m’a donc permis de connaître tous les rouages de l’événement, les pièges à éviter, le niveau des concurrents, etc. Je savais à quoi m’attendre pour la suite.
madmoiZelle.com : Avant de partir, quels étaient tes objectifs ?
Corentine : Aucun objectif de résultat. Avec ma coéquipière, on voulait uniquement arriver au bout, et entières si possible ! Dans nos têtes, il était hors de question qu’on abandonne (l’abandon est fréquent pendant le Dakar. Près de 50% des pilotes n’atteignent pas l’arrivée, ndlr). Cette volonté de fer a payé puisque nous avons terminé premières du classement féminin et premières du classement jeune.
madmoiZelle.com : Ce bon résultat ne t’a pas permis de figurer sur la ligne de départ cette année …
Corentine : La faute aux sponsors. Je trouve ça écoeurant puisque mon palmarès me donnait le droit de revendiquer une certaine légitimité pour cette épreuve. C’est la première fois depuis trois ans que je suis la course à la télé. C’est horrible d’y voir tous ses potes. C’est une énorme déception, un gros regret.
madmoiZelle.com : Ton planning pour 2007 ?
Corentine : Le 4L Trophy en février prochain. C’est un rallye-raid étudiant à but humanitaire. Ensuite, pour la cinquième année consécutive, je refais, en mars, le rallye des Gazelles. Je remets mon titre en jeu. En ce qui concerne les projets établis sur le long terme, j’aimerais énormément mettre au point une voiture qui roule au biocarburant. Cela me tient beaucoup à coeur.
madmoiZelle.com : Jusqu’à quand te vois-tu rouler ?
Corentine : Le jour où j’aurai des enfants, et ce n’est pas pour tout de suite, je ne ferai plus les mêmes choses, c’est certain. Je n’irai pas risquer ma vie sur le Dakar, par exemple. J’opterai pour des courses plus sécurisées, moins extrêmes. On n’en est pas encore là de toute façon. Pour le moment, je veux rouler, rouler, encore rouler et gagner !
› Retrouve toute l’actu de Corentine sur son site officiel corentine.com (classe)
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Les Commentaires
trop de la chance bonne continuation a toi !!!