Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant… et féministe, par certains aspects ! Dans Règlement de comptes, des personnes en tout genre épluchent leur budget, nous parlent de leur organisation financière en couple ou en solo, et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Coralie qui a accepté de décortiquer ses comptes pour nous.
- Prénom : Coralie
- Âge : 32 ans
- Métier : Comptable
- Salaire net avant prélèvement à la source : 1 822 € pour elle et 3 215 € pour son mari
- Salaire net après prélèvement à la source : 1 822 € pour elle et 3 215 € pour son mari
- Ressources complémentaires : 13e mois pour elle et prime d’intéressement pour son mari
- Personnes (et animaux) vivant sous le même toit : son mari, leurs 2 enfants et 1 chatte prénommée Looping
- Lieu de vie : près d’Angers (Maine-et-Loire)
La situation et les revenus de Coralie
Coralie a 32 ans et exerce la profession de comptable dans une agence immobilière. En CDI, elle travaille à temps partiel à 80 %.
« J’adore mon métier, la charge de travail est cependant vraiment importante et nécessiterait une embauche. Si j’avais pas peur de manquer d’argent, je partirais, c’est sûr. »
Mariée depuis un an après onze années de vie commune, elle vit avec son mari et leurs deux enfants, une fille de 7 ans et un garçon de 4 ans.
Coralie et son mari ont fait l’acquisition depuis deux ans et demi d’une maison de 150m2 avec jardin dans la banlieue angevine.
« Nous vivons en semi-campagne, dans un lotissement de cinq maisons. »
Ce logement n’est pas leur premier achat immobilier : ils avaient déjà fait l’acquisition d’une maison à l’âge de 24 et 26 ans « pour investir et ne plus payer de loyer ».
« Mais notre budget était limité, nous n’avions donc pas beaucoup de terrain, la maison était plus petite, moins bien aménagée etc. Nous avons évolué, nos revenus ont augmenté et on a saisi l’opportunité d’avoir mieux. »
Pour son travail de comptable à 80 % dans une PME, Coralie touche un salaire net de 1 822 € tandis que son mari, qui occupe le poste de « responsable technique à temps plein en contrat cadre dans une PME » touche 3 215 €.
En plus de ces deux revenus, ils peuvent compter sur un 13e mois pour Coralie, et sur une prime d’intéressement pour son mari, versée sur un compte bloqué pendant 5 ans.
Le couple touche aussi 142 € d’allocations familiales, ce qui amène leur revenu global mensuel à 5 179 € par mois.
« Je considère que nous vivons très aisément, explique Coralie. Cependant par rapport à l’investissement dans nos boulots et le nombre d’heures de travail, ainsi que la gestion du travail pendant nos vacances et les week-ends, je pense que nous ne sommes pas si bien payés.
Si je regarde ma vie aujourd’hui, je ne me considère pas riche, surtout quand je nous compare avec nos amis etc. Mais quand je pense à comment je vivais plus jeune, je me considère complètement riche. Presque trop… »
Le rapport à l’argent de Coralie et son organisation financière
Coralie a grandi auprès de parents qui « ont toujours manqué d’argent » malgré leurs travails respectifs. « Mais sans éducation ni scolarisation, c’est compliqué. »
Malgré cela, Coralie a le sentiment que ses parents lui ont légué de bonnes habitudes financières.
« Ils m’ont appris que même quand on commence avec rien, on peut s’éduquer soi-même. »
Elle reconnaît toutefois qu’aujourd’hui, elle gâte beaucoup ses enfants, « mais c’est pour tous les tours de manège que je n’ai pas faits petite ou les jeux que je n’ai pas pu avoir. Je leur offre à eux ».
Lorsque Coralie a rencontré son conjoint, ce dernier « n’avait aucune épargne et des dettes énormes (20 000 €) ». C’est elle qui lui a permis d’avoir une épargne – « il me dit souvent que sans moi, il n’en serait pas là » – tandis qu’il l’a aidée à lâcher prise.
Même si son rapport à l’argent est aujourd’hui plus apaisé, la jeune femme reconnaît avoir souvent peur d’en manquer.
« C’est une angoisse qui revient très souvent. Je cherche toujours à gagner plus, à évoluer, j’ai même eu plusieurs travail avant d’avoir mes enfants et pourtant je sais qu’aujourd’hui on ne manque de rien. Et nous ne sommes jamais à découvert, je nous l’interdis formellement. »
D’un point de vue organisationnel, Coralie et son mari disposent d’un seul et unique compte joint où sont versés leurs deux salaires et les aides de la CAF, et où sont prélevées toutes leurs dépenses.
Très organisée, Coralie budgète chaque dépense du quotidien.
« Nous avons un fichier excel que j’ai mis en place et que je gère. Nos revenus y sont indiqués, les dépenses y sont catégorisées. »
En plus de ce compte courant, le couple dispose de plusieurs comptes épargne : le PEE de son conjoint où est versée sa prime d’intéressement, un livret A et un LDD chacun, et un PEL pour Coralie.
« Même si les comptes épargne sont nominatifs, nous considérons qu’ils appartiennent à nos deux, nous avons tout mutualisés depuis longtemps et c’est très important pour nous. Nous considérons que la réussite financière de l’un dépend aussi de l’autre. »
Les dépenses de Coralie
Pour leur maison avec jardin dans la banlieue d’Angers, dont ils sont propriétaires, Coralie et son mari remboursent chaque mois 1 205 € de prêt immobilier. Il s’agit de leur principal poste de dépenses.
Ils payent chaque mois 96 € de prélèvement EDF, ainsi que 25 € de budgétisation pour la facture d’eau tous les 6 mois, 29 € de régularisation d’électricité une fois par an. À ces dépenses s’ajoutent celle de l’abonnement internet et le téléphone du mari de Coralie (74 €), l’abonnement téléphonique de Coralie (16 €) et 38,50 € d’abonnement à Canal+ (qui inclut les autres services de streaming comme Netflix et Disney+).
Les assurances sont obligatoires et indispensables, mais elles pèsent souvent sur les budgets des ménages. Pour Coralie et son conjoint, elles représentent chaque mois une dépense de 223 €. Cette somme comprend l’assurance du prêt immobilier, l’assurance auto et habitation, la garantie accident de la vie et la mutuelle de toute la famille.
En tant que propriétaires, Coralie et son mari doivent s’acquitter de la taxe foncière, qui leur revient à 103 € par mois. Ils ne payent en revanche pas d’impôt sur le revenu pour le moment.
« Nous n’avons pas de prélèvement à la source pour l’année 2022 car nous avons un droit au crédit d’impôt sur la garde de nos enfants (crèche pour l’année dernière + périscolaire + nous à domicile). »
Autre dépense importante et pourtant incompressible : les frais de transports. Pour aller travailler, Coralie utilise sa voiture, ce qui occasionne des frais d’essence : 150 € en moyenne par mois.
« La voiture de mon mari étant une voiture de fonction, nous n’avons aucune dépense sur ce véhicule. Mais nous budgétons 40 € par mois pour l’entretien de la moto de mon mari et 50 € pour l’entretien de ma voiture. »
Les frais bancaires reviennent quant à eux à 5,60 € par mois.
« Je fais des économies grâce à des sites de cashback »
Côté budget alimentaire, Coralie l’estime à 500 € par mois en moyenne pour quatre (et un chat).
« Je prévois cinq semaines à 90 €. Quand il y a quatre semaines dans le mois, les 90 € restants sont budgétés sur le livret A, ou bien je fais des réserves. J’utilise aussi 150 € de ticket restau que j’ajoute au budget, soit 90 + 25 € de ticket par passage en caisse. »
Coralie fait ses commissions en grande surface, où elle « privilégie le rapport qualité/prix », ainsi qu’en magasin bio.
« Pour faire des économies, je passe par des sites où l’on récupère du cashback en achetant des cartes cadeaux, je garde mes ‘économies’ pendant six mois, puis je peux acheter une ou deux cartes cadeaux sans payer. »
Outre ces dépenses alimentaires pour la maison, Coralie prévoit 25 € par mois pour elle et son mari « en dépannage le midi », sans compter les frais de cantine de ses deux enfants, estimés à 130 € par mois.
Les autres dépenses concernant les enfants sont chiffrées à 340 € mensuels environ. Elles comprennent les 30 € pour chaque enfant que mettent leurs parents mettent sur les livret A, 70 € pour l’accueil périscolaire, 100 € pour une baby-sitter de temps en temps, 100 € pour les activités extrascolaires (piscine et multisport pour les deux enfants, basket pour leur fille aînée) et 10 à 20 € pour les imprévus (spécialiste médical ou autre).
Enfin, concernant les dépenses dits « féminines », elles concernent surtout les épilations, et sont estimées à 50 € par mois.
« J’achète très rarement des protections mensuelles et quand c’est le cas ça passe dans le budget courses. Sinon, j’utilise des culottes menstruelles. Nous n’utilisons pas de contraception, il n’y a pas de projet bébé mais ayant peu de probabilité de tomber enceinte j’ai décidé de vivre dans l’espoir d’une éventuelle grossesse. Quant au maquillage, il passe dans les loisirs ou divers ou en cadeaux. »
Les dépenses loisirs de Coralie
Pour ses loisirs aussi, Coralie prévoit et catégorise chaque dépense :
« Nous avons 100 € de loisirs, 100 € pour les sorties (visites de musées, zoos, etc.), 80 € pour les restos, 20 € de dépenses dites « masculines » (j’incite mon mari à aller chez le barbier une fois par mois) et 400 € de divers, pour un livre, une sortie en plus, un achat plaisir… Après, j’adapte à la réalité et à nos envies. »
Coralie réussit également à économiser 700 € chaque mois pour les vacances de sa famille, ainsi que 150 € pour les cadeaux « à la famille, aux amis, pour les anniversaires et un peu Noël ».
Enfin, 280 € sont dévolus à l’achat de vêtements : 100 € pour les enfants, 90 € pour chacun des parents.
« Ce budget est rarement utilisé et souvent mis de côté sur mon livret A. Même si on achète peu de vêtements, j’aime l’idée d’avoir une réserve rien que pour cette dépense, au cas où on aurait besoin. »
Coralie budgétant chaque dépense, elle reconnaît qu’elle ne sait pas vraiment où elle pourrait réduire son budget mensuel.
« Sauf peut-être le fait de gâter beaucoup les enfants, je veux qu’ils ne manquent de rien et qu’ils ne se posent jamais de questions sur l’argent. »
Son dernier craquage concerne des achats de meubles pour la maison : une table et des chaises de salle à manger et un lit parental.
« Je ne considère pas ça excessif car on souhaite réaliser ces achats depuis qu’on a emménagé. Depuis que nous sommes ensemble, nous n’avions jamais acheté de lit, nous avions juste un sommier posé sur le sol. »
L’épargne et les projets d’avenir de Coralie
Chaque mois, il reste environ 275 € par mois à Coralie et son conjoint. Ils déposent la majorité (250 €) sur un livret classique – « en ce moment le livret A de mon mari, puis quand il sera plein, nous verserons sur son LDD » et le reste est dédié aux enfants.
« Nous versons 30 € par mois. Si nos revenus continuent d’évoluer, nous augmenterons cette somme, à la quelle nous contribuons aussi à Noël et aux anniversaires.
Notre objectif est que nos enfants disposent chacun de 16 000 € à leurs 18 ans : 1 000 € que nous leur offrirons et 15 000 € que nous leur auront mis de côté. Nous aimerions ne pas avoir à y toucher, mais si nos revenus d’ici là ne nous permettent pas de leur offrir le permis et/ou une voiture, alors cette somme sera utilisée pour ça. Cette épargne leur servira pour leurs études ou pour tout autre projet dans leur vie future. »
A plus court terme, Coralie et son mari aimeraient quant à eux utiliser leur épargne personnelle pour créer une extension de 15m2 à leur maison, ou bien pour construire une serre Myfood « pour cultiver plus facilement nos légumes, été comme hiver ».
Merci à Coralie de nous avoir ouvert ses comptes !
Pour témoigner sur Madmoizelle, écrivez-nous à :
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On a hâte de vous lire !
Les Commentaires
Les livrets ne sont pas tous au nom de mon mari, nous avons un ldd chacun et un livret A chacun, ensuite il a un PEE que je n'ai pas mais j'ai un PEL à mon nom. Donc nous sommes à égalité sur le nombre de compte a notre nom. En cas de séparation, il est évident que nous ajusterons pour que chacun récupère le parfaite égalité de l'épargne (en cas de séparation compliqué, les comptes sont déjà a peu prés à égalité mais pas à l'euro prés)
En ce qui concerne les dettes non je n'ai pas payé pour lui mais nous avons retrouve une situation saine ensemble. Et donc payé ensemble Aujourd'hui il gagne plus que moi et nous partageons tous, cela est donc largement rattrapé