Le 12 décembre 2015, 21h00 — Ça y est, les 195 pays présents sont arrivés à un accord, qualifié d’historique par tous les observateurs et les médias ! Il est certes imparfait sur quelques points, mais a le mérite de marquer une vraie prise de conscience, puisqu’il est plus ambitieux que l’objectif initial de la COP21. En effet, il prévoit de maintenir le réchauffement « bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels », et « poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C ». Et ce « en reconnaissant que cela réduirait significativement les risques et impacts du changement climatique. » Vous pourrez trouver en détail les points-clés de ce qui est d’ores et déjà appelé « L’accord de Paris » sur Lemonde.fr, en attendant plus d’infos sur madmoiZelle !
Publié initialement le 7 décembre 2015 — En ce moment même se déroule la COP21. Mais si, vous en avez entendu parler, rappelez-vous : c’est cette super-grande conférence sur le climat pour sauver la planète Terre d’un réchauffement climatique très dangereux. Eh bien, cela fait une semaine que ça négocie dur aux tables rondes du Bourget à Paris, nous sommes donc à mi-parcours. Il est temps de faire un petit bilan de ce qui a déjà été atteint et de ce qui manque encore !
La COP21, c’est quoi déjà ?
D’abord, un rappel rapide sur ce qu’est la COP21 et sur ses enjeux. Ça s’appelle COP pour Conference Of Parties (la Conférence des Parties en français) et 21 parce que c’est la 21ème réunion des pays de l’ONU sur le sujet du climat depuis le premier Sommet de la Terre à Rio en 1992. Vous pouvez trouver ci-dessous de DataGueule, en une vidéo de 5 minutes, sur les résultats du Protocole de Kyoto de 1997.
À lire aussi : Data Gueule, des chiffres clés pour comprendre un sujet en 3 minutes
Il s’agit de trouver un accord contraignant pour limiter les émissions de gaz à effet de serre
Il s’agit donc pour tous les pays négociateurs (ils sont 195 à cette 21ème édition) de trouver un accord contraignant pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Le but, décidé en 2009 lors de la COP15 à Copenhague, est de faire en sorte que le réchauffement climatique ne dépasse pas +2°C d’ici à 2100, en prenant comme référence la température de la Terre à l’ère pré-industrielle.
À lire aussi : Les enjeux de la COP21 expliqués en 5 minutes, en vidéo
À quel sujet négocie-t-on pendant la COP21 ?
Évidemment, les négociations sont difficiles et seront encore d’actualité lors de la deuxième moitié de la COP21 : tout le monde ne veut pas payer, les pays du Sud veulent payer moins (voire pas du tout) que les pays du Nord parce qu’ils estiment avoir moins de responsabilités dans le réchauffement climatique et être moins en mesure de participer financièrement car moins développés, les pays du Nord pensent qu’il faudrait accorder les paiements non pas en fonction de la responsabilité historique de chaque pays, mais en fonction de la pollution émise, les ONGs et petits pays particulièrement menacés veulent réduire le réchauffement climatique à +1,5°C alors que les autres tablent sur +2°C, certains pays veulent obliger à terme à se passer des énergies fossiles, ce à quoi s’opposent notamment les pays producteurs de pétrole et de charbon…
Bref, il y a encore de quoi s’arracher les cheveux diplomatiquement parlant, comme a l’air de le dire Ban Ki-Moon, l’actuel Secrétaire Général des Nations Unies.
Ne pas trouver d’accord signifierait un réchauffement climatique d’au moins +4°C
En effet, il existe un vrai risque si cette COP21 échoue : ne pas trouver d’accord signifierait ne pas réduire les émissions de gaz à effet de serre, partir en direction d’un réchauffement climatique d’au moins +4°C, et toutes les conséquences qui s’ensuivraient : modification et perte d’une bonne partie de la faune et de la flore terriennes, multiplication et aggravation de catastrophes climatiques, accélération et aggravation de phénomènes climatiques extrêmes comme la fonte de la banquise, la désertification et l’érosion, etc. Bref, ce serait pas joli-joli.
Et ne pas trouver d’accord est malheureusement une option tout à fait envisageable ! Ce ne serait pas la première fois que la COP échouerait, ou qu’un compromis serait trouvé… mais qu’il ne serait pas contraignant. Ou pire : qu’un accord serait trouvé, qu’il serait contraignant, mais pas assez ambitieux pour réellement avoir un impact positif.
COP21, semaine n°1
Maintenant que vous avez les enjeux de la COP21 en tête, revenons sur ce fameux bilan de mi-parcours, après une semaine de négociations.
D’abord, qui a négocié ? Ceux qui ont abattu le gros du boulot, ce sont les co-facilitateurs : des diplomates (des gens un peu sérieux du ciboulot) qui président chacun•e un groupe de travail thématique de la COP21. Ils et elles ont donc fini par donner des propositions pour tous les sujets de chaque groupe de travail, et c’est sur ces propositions que les 195 délégué•e•s (un•e pour chaque pays participant à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques, ou CCNUCC) ont voté samedi 5 décembre en session plénière (c’est-à-dire que tout le monde était présent•e).
Les négociateurs ont rendu un brouillon d’accord universel qui constituera une base pour la deuxième semaine
Ce texte, qui constitue donc une base de travail (pour l’instant c’est juste un brouillon) en vue d’un accord contraignant censé être voté à Paris en fin de semaine prochaine, est le fruit de compromis drastiques. Mais comme tous les pays et les négociateurs n’ont pas encore réussi à se mettre d’accord, beaucoup d’articles comportent ce qu’on appelle des « crochets » (il y en a 900 en tout) : plusieurs options pour une même question, parfois complètement contradictoires… et à la fin, il n’en restera qu’une.
Mais les 195 pays arriveront-ils à se mettre d’accord sur une option, et qui plus est, une qui aide à sauver le climat ?
Si ça vous intéresse, vous pouvez lire le brouillon d’accord universel en anglais (qui est la première langue officielle de négociation aux Nations Unies), pour savoir exactement ce qui a été adopté et toutes les options qui sont encore sur la table et sur lesquelles les ministres devront trancher d’ici au 11 décembre.
COP21, semaine n°2
La prochaine étape ne consistera donc plus à rédiger des propositions, comme l’ont fait les négociateurs, mais à trancher sur les options de chaque article. Et ça, ce sera le boulot des ministres de l’Énergie ou de l’Environnement de chaque pays. La date limite fatidique est fixée au 11 décembre à 18 heures. D’ici là, chaque minute compte pour parvenir à un accord universel et contraignant pour sauver le climat.
La date limite fatidique est fixée au 11 décembre à 18 heures
Comme l’explique Le Monde, les ONGs qui sont là en tant qu’observateurs des négociations désignent trois thèmes majeurs de discussion lors de cette seconde moitié de la COP21 : le financement de la solidarité climatique (on parle ici des 100 milliards de dollars par an promis par les pays développés aux pays en développement à partir de 2020, pour aider ces derniers à faire face au changement climatique), la protection des populations les plus vulnérables face au changement climatique, et la révision des engagements de chaque pays d’ici 2020 (date, provisoire et encore sujette à discussion, à laquelle les actions en vue de respecter le futur accord universel contraignant devraient commencer).
Des groupes de travail seront concrètement créés pour prendre en charge les quatre grands dossiers de cette COP21. Pour en savoir plus, allez lire l’article très précis du Monde !
Pour savoir exactement quelles seront les questions les plus débattues durant cette deuxième semaine de la COP21, et qui se prononce en faveur de quoi, je vous invite à parcourir le (court) article de Courrier International qui résume les principaux points de débat. Par ailleurs, il est important de noter que, durant cette assemblée plénière qui a quand même réussi à adopter le brouillon d’accord, chaque pays a répété ce qui lui tenait le plus à coeur et les points desquels il ne démordrait pas : en gros, ce qui risque de poser problème durant les prochains jours de négociations. L’article de Libération en liste quelques-uns.
À lire aussi : Sauvons la planète ! (En toute humilité) — Le dessin de Cy. pour la COP21
Petit point d’espoir en conclusion : Laurence Tubiana, l’ambassadrice française chargée des négociations sur le changement climatique, est optimiste par rapport à cette COP21.
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires