Je m’appelle Zohra – c’est mon nouveau prénom, celui que j’ai choisi en décidant de me convertir à l’Islam. J’ai écrit ce témoignage pour permettre aux gens de comprendre mon choix, mais aussi pour tenter de redorer le blason de cette religion, terni par le climat islamophobe régnant dans le monde occidental.
Mes premiers pas vers l’Islam
Depuis des années, je m’informe, je m’instruis, et je me rends compte que le discours des médias ne reflète pas forcément la réalité. C’est en effet à force de voir l’Islam mentionné dans la presse et à la télévision que j’ai commencé à m’y intéresser réellement, pour démêler le vrai du faux. Mais ce sujet m’a toujours attirée : depuis toute petite, mes cousins, de père algérien musulman, partagent avec moi leur culture, ainsi que les personnes d’origine maghrébine qui furent de plus en plus nombreuses dans mon entourage à mesure que je grandissais, et dont le monde, le mode de vie m’intriguaient.
À mon grand regret, la question de la religion, qui m’intéressait le plus, n’était jamais abordée. Je cherchais le lien entre mes amis et ces intégristes qu’on voyait à la télévision – je voulais savoir s’ils tuaient vraiment des moutons dans leurs baignoires, s’ils rêvaient réellement de coloniser la France pour en faire un pays islamique. J’ai donc décidé de faire mon éducation moi-même, il y a six ans, surtout à travers des livres de vulgarisation ou d’histoire de la religion. Et il y a deux ans, j’ai décidé de devenir musulmane.
J’ai découvert que l’Islam n’était pas une religion de terreur et d’intégrisme axée sur la domination masculine, mais que ses valeurs étaient la paix, la communauté, le respect de la femme, dans l’idéal d’une vie honnête et juste.
Pourquoi ce projet de me convertir ?
À mon sens, l’Islam aspire à la simplicité, à la justice, à la sincérité et au dévouement, est une religion basée sur l’entraide et le respect entre tous : les « frères » et « soeurs », mais aussi les autres, qu’ils soient athées, chrétiens, juifs ou chevaliers Jedi. Ce sont ces principes, mais aussi le mode de vie et les coutumes musulmanes qui m’ont amenée à vouloir me convertir.
Cette religion m’apporte également quelque chose de plus subtil, presque indéfinissable. Quand je doute, m’y réfugier me réconforte, me soutient et m’aide à trouver des réponses ; elle m’encadre, me guide au quotidien, et me rend fière d’être une personne droite, sincère, fidèle et respectable.
Ce que j’ai appris et découvert
Lorsque j’ai approché des musulmans de France pour en apprendre davantage sur l’Islam, les réponses m’ont été données avec honnêteté et sincérité, sans aucune tentative de propagande ou de conversion. J’ai également fait le choix de vivre quelque temps au Maghreb, où j’ai rencontré des personnes inoubliables, qui m’ont fait découvrir une nouvelle facette du monde arabo-musulman, m’ont initiée à la connaissance du Coran et, surtout, m’ont donné de nombreux éléments qui contredisent le discours actuel sur l’Islam.
J’ai en effet côtoyé ici des gens pétris de préjugés islamophobes, selon lesquels tous les musulmans maltraiteraient et soumettraient leurs femmes, seraient des terroristes fanatiques, admirateurs de Ben Laden, rêvant de répandre un Islam radical sur le monde ; j’ai entendu que me marier avec un musulman me forcerait à rester cloîtrée chez moi pour élever mes enfants, ne sortant que cachée derrière une burqa. Ce type de propos, que je trouve révoltant, émane de personnes mal informées, qui se basent souvent sur les idées erronées relayées par les médias.
Comment croire encore à ces clichés après mes lectures, mes rencontres, mon parcours ? Une écrasante majorité de musulmans condamne les actes d’Al-Qaïda et des islamistes radicaux. Au sein de l’Islam, les femmes sont respectées, voire choyées, comme le reflète cette phrase de Mahomet : « Le meilleur d’entre vous est celui qui est le meilleur avec sa femme ». Les musulmanes, loin d’être soumises à leurs maris, choisissent souvent leur degré d’adhésion à la religion et à ses règles. Notre gouvernement confond, au sujet de la burqa, culte et dérives : loin d’être recommandé par le Coran, cet habit est en réalité issu de mouvements intégristes salafistes, et ne fait pas partie intégrante de l’Islam.
Pourquoi j’hésite encore
À ce jour, je n’ai pas encore franchi le pas de la conversion à l’Islam, principalement freinée par les incompréhensions qui règnent en France. Mes doutes ne sont pas liés à la religion et à ses principes, mais plutôt aux autres, et à leurs réactions.
Je ne sais toujours pas comment expliquer à mes parents (à droite de la droite) que leur fille va devenir musulmane, apprendre à mes amis qu’il ne faudra plus compter sur moi pour le jambon/beurre du midi ni pour la bière du soir… Mon entourage n’est pas au courant de mon attachement à l’Islam, y compris certains de mes amis musulmans qui ne savent pas que je prévois de me convertir.
Mais je doute aussi de moi, de ma capacité à être à la hauteur de mon choix, à concilier ma culture européenne et les principes de la religion. Je ne les respecterai probablement pas tous à la lettre, car je ne veux pas renier les coutumes qui sont ancrées en moi et le monde dans lequel j’ai grandi. Je souhaite pratiquer un Islam moderne, adapté à notre époque, et je sais que l’essentiel, dans ce choix, sera la force de ma foi.
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