Alors que la vie coûte de plus en plus chère, les jeunes trinquent particulièrement. L’Union nationale des étudiants de France (UNEF) documente depuis longtemps combien la précarité étudiante s’aggrave d’année en année, dans l’indifférence semi-feinte du gouvernement. L’organisation étudiante vient de publier le 15 août 2022 sa 18e étude sur le coût de la vie étudiante, toujours en hausse.
Le coût de la vie étudiante augmente de 6,47% (davantage que l’inflation)
En effet, la vie étudiante augmente de 6,47% (alors que l’inflation globale est de 6,1%), par rapport à l’année précédente. En effet, d’après les calculs de l’Unef, tous les postes de dépenses des étudiantes et étudiants ont augmenté (sauf les transports), ce qui leur coûte 428 € de plus par an (environ 35,6 € par mois), rapporte franceinfo.
Face à ce constat alarmant, la présidente de l’Unef, Imane Ouelhadj, propose auprès du même média une mesure qui pourrait profondément aider les jeunes :
« Nous voulons la création d’une allocation d’autonomie universelle, calculée sur le seuil du pauvreté, et à destination des jeunes en formation qui en ont besoin, sur simple demande. »
La pandémie, loupe grossissante de la précarité étudiante
En fait, cela fait plusieurs années que l’Unef demande une telle mesure. Mais la pandémie a peut-être permis d’éclairer d’une manière encore plus dramatique la précarité étudiante. Car les images de jeunes en train de faire des heures de queues pour de l’aide alimentaire ont pu marquer les esprits du grand public. Le tout, pendant que des collaborateurs de l’ancienne ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, se payaient de mystérieux déplacements sur la Côte d’Azur avec de l’argent public, comme le révélait Mediapart en avril 2021.
Au lendemain de la publication de la nouvelle étude de l’Unef sur le coût de la vie étudiante, Sylvie Retailleau, la nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche du second quinquennat du président Emmanuel Macron, a tenu à rappeler les « mesures d’urgence applicables dès la rentrée 2022 » prises par le gouvernement dès juillet.
En font notamment partie la revalorisation de 4% des bourses sur critères sociaux, ainsi qu’une aide exceptionnelle de solidarité de 100 € pour les étudiants boursiers ou bénéficiaires des APL. Les repas à 1 € pour les étudiants précaires se prolongent pour toute l’année 2022-2023. S’ajoutent aussi le gel des droits d’inscription à l’université et des loyers des résidences CROUS.
Les mesures du gouvernement contre la précarité étudiante jugées insuffisantes
Mais les calculs ne sont pas bons selon la présidente de l’Unef, Imane Ouelhadj, qui répondait ainsi à la ministre Sylvie Retailleau le 16 août 2022 :
« On peut discuter de l’efficacité de ses mesures… Une revalorisation des bourses a 4% qui correspond à 4 € par mois pour l’échelon 0bis ? 108 € par mois pour vivre ? 100 € de prime rentrée avec des frais d’inscription à 170 € et une CVEC [Contribution à la vie étudiante et de campus, ndlr] 95 €. »
En attendant le maigre soulagement que permettraient ces mesures gouvernementales insuffisantes, les files d’attente d’étudiantes et étudiants pour tenter d’obtenir de l’aide alimentaire n’ont pas faibli avec les déconfinements. Au contraire, d’après Imane Ouelhadj, la présidente de l’Unef. C’est pourquoi elle déclare auprès de franceinfo combien on a urgemment besoin de cesser de normaliser la détresse sociale, économique, et mentale des étudiantes et étudiants :
« Il faut arrêter avec l’infantilisation de la jeunesse et avec cette société qui considère que c’est normal qu’un étudiant galère pour boucler ses fins de mois et que ça forge sa personnalité. On est en 2022 et on se retrouve avec des étudiants obligés de faire la queue dans des distributions alimentaires pour se nourrir. D’autres sont dans des états alarmants au niveau de leur santé mentale.
[…] Il y a toujours autant d’étudiants dans les files d’attente des distributions alimentaires, chez les assistantes sociales ou dans les Crous pour bénéficier de chèques alimentaires ou d’aides spécifiques. On a l’impression que ça empire chaque année. »
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Crédit photo de Une : Capture d’écran YouTube « Enquête de l’UNEF sur le coût de la vie étudiante 2022: itw d’Imane Ouelhadj, Présidente de l’UNEF »
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