L’imaginaire véhiculé par la pornographie d’aujourd’hui n’est clairement pas « women-friendly ». De nombreux clichés sexistes, misogynes, subsistent et sont encore transmis dans ces vidéos destinées au plaisir en solitaire. Nombre d’intellectuels, de féministes, de spécialistes ont ainsi mis en lumière le « male gaze » qui sévit dans les films porno : selon leurs dires, ces films dépeindraient une image de la sexualité basée uniquement sur le point de vue masculin – et plus précisément, sur le point de vue de l’homme cisgenre hétérosexuel. Les fameuses vidéos « POV » (lesdites « Point of view ») témoignent d’elles-mêmes : rares sont celles qui se placent du point de vue féminin hétérosexuel, avec caméra braquée sur le visage d’un homme tandis qu’il procède à un cunnilingus, par exemple. Autant de raisons de se tourner vers le porno féministe.
En ce sens, plusieurs pratiques sexuelles populaires dans les films pornographiques ne le sont en réalité pas dans la vraie vie. Parmi elles, on trouve l’éjaculation masculine faite sur une autre personne : le fameux « cumshot » ou « money shot ». Le fait d’expulser son sperme sur une partie du corps de l’autre serait très apprécié par les partenaires. Dans la bouche, sur la poitrine, dans le bas du dos, sur les fesses : à en croire les sites pornographiques qui nous inondent à foison de vidéos sur la question, l’éjaculation déchaîne donc les passions. Une étude publiée l’an dernier anéantit toutefois cette illusion.
Éjaculation faciale ou dans la bouche : une pratique pas aussi appréciée que ce que le porno veut nous faire penser
Menée sur près de 300 consommateurs de vidéos pornographiques aux origines socio-culturelles diverses, cette étude cherche à découvrir les perceptions et les préférences des sondés – femmes et hommes confondus – concernant l’éjaculation masculine ; l’importance qu’ils lui accordent dans leur vie sexuelle ; et le placement de la semence sur le corps du partenaire. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, « très peu de spectateurs ont exprimé une préférence pour l’éjaculation sur le visage ou dans la bouche d’une femme. »*
Eran Shor, le chercheur qui est à la tête de l’étude, avance ainsi que la plupart des individus sondés a déclaré ne pas se soucier de la localisation de l’éjaculation, ou n’a pas émis de préférence particulière pour le cumshot dans la bouche ou sur le visage (27%). D’autres personnes interrogées ont même déclaré préférer que les hommes éjaculent à l’intérieur du vagin de la femme pénétrée (38% de toutes les personnes interrogées, 48% des femmes de l’échantillon). Seuls 9% des sondés ont explicitement déclaré qu’ils préféraient voir une femme se faire éjaculer sur le visage. Plus surprenant encore, d’autres individus ont admis qu’ils considéraient que le cumshot était “non attirant” voire même “perturbant”.
Notre interview d’Erika Lust, pionnière du porno féministe
Depuis son premier film porno féministe en 2004, Erika Lust a bâti un empire éthique basé à Barcelone, qui tranche avec l’industrie mainstream qui regorgeant de violences physiques et sexuelles, en plus de représentations rétrogrades.
Les Commentaires
En revanche, partir sur des titres qui indiquent que "PERSONNE" n'aime les éjaculations, sans même préciser la localisation (à la lecture du titre, ça pourrait aussi bien être interne qu'externe, d'ailleurs), c'est un peu radical.
Et garder à l'esprit que les goûts évoluent avec le temps et les rencontres, et que comme pour le reste, rien n'est gravé dans le marbre en matière de sexualité