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Société

Oui, la contraception pour homme existe au-delà du préservatif… et voici pourquoi vous l’ignorez

La contraception pour homme, ce n’est pas que le préservatif. De nombreuses options existent, ont été validées, sont légales… mais si peu connues.

On parle beaucoup plus de la contraception comme d’un sujet qui concerne uniquement les personnes dotées d’un utérus, j’ai l’impression.

Depuis que je suis adolescente, c’est toujours sur moi que porte la responsabilité, pour la raison simple et terriblement non négociable que les conséquences en cas d’échec de contraception seront également pour ma pomme.

À lire aussi : J’ai testé pour vous… toutes les contraceptions du monde (ou presque)

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Ce qui ne veut pas dire que mes partenaires ne s’y sont pas intéressés ou ne se sont pas sentis concernés. Mais peu de solutions s’offraient à eux.

Du moins, nous le croyions. Sauf qu’il s’avère qu’il existe différentes méthodes de contraception pour les hommes, plutôt méconnues.

La contraception masculine, c’est… le préservatif ?

Sur le site Choisir ma contraception, pourtant officiel, les deux seules méthodes de contraception pour hommes efficaces qui sont mentionnées sont la vasectomie (stérilisation pour les hommes) et le préservatif masculin, alors que ce même site recense pas moins de 13 méthodes de contraception féminines différentes.

Est également cité le retrait, méthode dite « naturelle » mais qui présente un taux d’échec élevé, de 22%, donc je ne la répertorierai pas dans la liste ci-dessous.

Le site officiel recense 13 méthodes de contraception féminines contre seulement 3 méthodes masculines.

Alors certes, le préservatif, on entend parler partout et tout le temps, et c’est bien normal puisqu’il permet de se protéger non pas seulement d’une grossesse non désirée, mais aussi des Maladies Sexuellement Transmissibles.

Mais au même titre que la pilule a tendance à occulter les autres méthodes de contraception, le préservatif fait office d’arbre qui cache la forêt.

Toute allégorie phallique est fortuite

Ce qui peut aussi créer un cercle vicieux : les autres méthodes de contraception masculine sont peu connues car peu d’hommes les utilisent… parce qu’ils ne les connaissent pas. Ah. Bah c’est con un peu, non ?

Allez, voici un tour d’horizon de ce qui existe et de ce qui est en cours d’expérimentation en matière de contraception masculine.

Les méthodes de contraception masculine disponibles en France

Disponibles, comme « que l’on peut se faire prescrire et/ou acheter », parfaitement. Et pour une fois, ce qui suit va certainement vous étonner. Car il n’existe pas que le préservatif et la stérilisation auxquels ces messieurs peuvent recourir pour leur contraception.

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En tout, en France, on recense en réalité 4 méthodes, listées ci-dessous.

Le préservatif, la méthode la plus connue

Celui-là, il n’y a plus vraiment besoin de le présenter. Pour rappel, il s’agit donc d’une protection sous forme de gaine en latex — ou polyuréthane pour les allergies au latex — qui s’enfile sur le pénis avant toute pénétration.

Et pas uniquement vaginale, puisque le préservatif masculin (aussi appelé « préservatif externe ») est à l’heure actuelle la protection la plus efficace contre les Maladies Sexuellement Transmissibles (avec le préservatif féminin, aussi appelé « préservatif interne »).

La vasectomie, la méthode la plus définitive

Il s’agit d’une méthode de contraception dite « définitive » car elle consiste en une stérilisation. Elle est parfois réversible, comme le précise le site Choisir ma contraception, mais pas systématiquement, bien au contraire comme l’explique ce document du Ministère de la Santé :

« L’intervention doit être considérée comme irréversible. La reperméabilisation des canaux déférents est un acte chirurgical complexe qui ne permet pas d’obtenir la restauration de la fécondité dans la majorité des cas. »

En pratique, l’opération (courte et sous anesthésie locale) vise à bloquer les canaux déférents, qui permettent d’acheminer les spermatozoïdes jusqu’au liquide séminal (le sperme).

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Un schéma sauvage apparaît !

La contraception masculine hormonale, disponible en France mais peu accessible

Comme l’explique un communiqué du Planning Familial de 2013 :

« La contraception hormonale masculine reste très confidentielle.

Seulement deux médecins hospitaliers, la prescrivent en France, malgré un protocole validé par l’OMS et expérimenté sur 1500 hommes depuis presque 30 ans.

La quasi-totalité des médecins pensent que cette contraception masculine est encore du domaine de l’expérimentation et qu’elle ne peut être diffusée ou prescrite. »

Dans les faits, elle consiste en une injection hebdomadaire d’hormones (pour simplifier, un mélange de progestatif et de testostérone) et est efficace au bout de 1 à 3 mois après le début du traitement en raison du fonctionnement hormonal masculin.

Le Dr. Soufir, médecin à l’hôpital Cochin de Paris (et l’un des deux médecins hospitaliers qui prescrivent cette contraception, l’autre étant le Dr. Mieusset de l’hôpital Paule de Viguier à Toulouse) revient sur la contraception hormonale masculine dans une vidéo où il évoque les pour, les contre, le fonctionnement et les freins à cette méthode contraceptive.

Pour le Dr. Soufir, ce type de contraception ne présente pas de troubles du comportement sexuel, ou d’effets secondaires aussi importants qu’au début de la contraception féminine.

Il existe en revanche des effets indésirables : « une petite proportion d’hommes dans les essais de l’OMS qui ont eu des effets qu’on considéraient comme indésirables », note le Dr. Soufir :

« Soit de l’acné, soit la peau qui devenait plus grasse, soit de petites modifications au niveau sanguin. […]

Le seul inconvénient qui a obligé quelques équipes à arrêter le traitement, c’est le développement de phénomènes d’hypersexualité, c’est-à-dire que le désir sexuel devenait trop important chez certains hommes. »

Le médecin propose aussi des explications quant au manque de généralisation de ce type de contraception. Pour lui, le problème n’est pas tant médical que social.

La contraception féminine s’est développée en raison de l’impératif que représente un échec de contraception (et à l’époque les avortements illégaux, dangereux pour la santé). Impératif non présent chez les hommes.

Le Dr. Soufir, dénote aussi un « manque d’intérêt » des entreprises pharmaceutiques pour ces méthodes de contraception, pour des raisons qui restent « à définir ».

La contraception masculine thermique, trop peu accessible

Cette méthode non-hormonale consiste à altérer la spermatogénèse (c’est-à-dire la production de spermatozoïdes) avec la chaleur.

La technique, somme toute assez simple, consiste donc à porter un slip qui remonte les testicules pour qu’ils soient également à la température du corps (37°C).

La technique consiste à porter un « slip chauffant » en journée.

Porté uniquement en journée (15h par jour), ce « slip chauffant » fait effet (une fois encore en raison du « cycle » naturel masculin) au bout d’1 à 3 mois.

Cette méthode de contraception est prescrite uniquement à l’hôpital Paule de Viguier de Toulouse.

Les méthodes de contraception masculine à l’étude dans le monde

Toutes les méthodes citées ci-dessous sont donc officielles, autorisées ET disponibles en France, mais sont encore rares et peu proposées ou connues.

Cette question de la contraception masculine a fait l’objet d’un documentaire sur Arte Radio, intitulé Les Bijoux de famille, dans lequel le journaliste Benoît Bories témoigne à la première personne autant qu’il documente le sujet (et c’est très chouette).

Mais d’autres méthodes sont également à l’étude de part le monde, avec plus ou moins d’avancées. Voici ce qu’il en est pour les plus connues (et encore « connues », c’est parfois un grand mot).

Le Vasalgel, le plus prometteur

Il y a maintenant quelques années que le contraceptif Vasalgel fait parler de lui.

Chaque année, on nous annonce sa sortie imminente sur le marché. Mais un produit médical doit passer plusieurs étapes avant d’être approuvé pour une commercialisation et ces étapes sont encore en cours…

Cette année, l’efficacité du Vasalgel a été étudiée sur des singes (avec succès). D’après le site de la Parsemus Foundation qui cherche à développer le Vasalgel, il y a de fortes chances que les tests cliniques sur les premiers sujets humains commencent en 2018.

Moi, chaque année quand on m’annonce que le Vasalgel va sortir l’an prochain

Le Vasalgel est un gel polymère qui s’injecte dans le canal déférent (oui, celui dont je te parlais au-dessus, qui achemine les spermatozoïdes). Pour évacuer ce gel, il suffit de faire une autre injection et le tour est joué.

Comme l’explique la Parsemus Foundation, ce concept s’inspire d’un autre contraceptif à l’étude, le RISUG.

Le RISUG, le contraceptif indien qui devrait déjà être disponible

RISUG comme Reversible Inhibition of Sperm Under Guidance (Inhibition réversible des spermatozoïdes sous supervision médicale). Ce contraceptif a été inventé en Inde… en 1979.

Pourquoi le RISUG n’est-il toujours pas commercialisé alors qu’il est prêt depuis 40 ans (et testé sur des centaines de patients) ?

J’ai trouvé des éléments de réponse dans l’excellent article de Motherboard qui te raconte les péripéties de ce contraceptif, qui consiste en une injection de liquide polymère dans le canal déférent (comme le Vasalgel, tout à fait).

C’est en fait pour des raisons majoritairement gouvernementales que Sujoy K. Guha, le scientifique à l’origine de cette découverte, n’a toujours pas réussi à faire commercialiser son produit.

Et franchement, vu tous les obstacles qui se sont dressés sur sa route depuis 1979, on se croirait dans un épisode de Dallas (ton univers impitoyaaaaable !).

La valve à spermatozoïdes, la contraception pour hommes la plus surprenante

Cette valve est conçue par l’entreprise allemande Bimek SLV, qui va entamer les phases de tests humains pour son contraceptif.

Et justement, ce contraceptif, parlons-en.

Il s’agit d’une sorte d’interrupteur rattaché à une valve, qui se fixe sur le canal déférent, et obstrue le passage des spermatozoïdes (il ne s’agit donc pas d’une contraception hormonale). Voici une petite vidéo récapitulative :

Pour activer ou désactiver la valve, il suffit donc de presser le bouton, qui dispose d’une sécurité pour arrêter la contraception, de façon à éviter toute manoeuvre accidentelle. L’objectif serait de commercialiser le produit d’ici l’été 2020.

La contraception hormonale pour hommes

Il y a quelques mois, la presse parlait également d’un contraceptif hormonal pour hommes, mais dont les effets secondaires (comme des symptômes dépressifs) avaient conduit à l’arrêt d’une précédente étude sur le sujet.

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Pourquoi la contraception pour homme est-elle si peu connue ?

Pourquoi ces options de contraception sont-elles si peu connues ? Pourquoi ne sont-elles pas plus développées quand on voit la diversité des innovations proposées ?

C’est la question que s’est posée Louise Pluyaud, journaliste, et à laquelle elle tente de répondre dans un article sur TV5 Monde, assez éclairant.

À grands renforts d’interviews, la journaliste met en lumière plusieurs phénomènes, comme le fait que les hommes échappent au système médical pour la contraception, car celle-ci se discute majoritairement chez les gynécologues.

Or, les femmes se rendent généralement seules à ces rendez-vous.

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L’autre problème posé par la contraception masculine est celui de la confiance : sur le forum, vous avez été nombreuses à déclarer que vous ne pourriez pas laisser le soin de la contraception à un homme alors que c’est vous qui payeriez les conséquences d’une négligence.

Dernière piste explorée, celle (encore et toujours) du manque de visibilité de ces méthodes.

La communication est rare, que l’on parle de publicités, d’information dans les centres du Planning Familial, ou des médecins qui ne les conseillent pas ou peu à leurs patients.

Mais il n’est jamais trop tard pour envisager d’autres méthodes de contraception, alors que tu sois un homme ou que ton copain et toi pensiez à utiliser une autre contraception, tu as maintenant de meilleures cartes en main pour faire un choix éclairé.

À lire aussi : Le stérilet est déconseillé aux nullipares, et autres idées reçues erronées sur la contraception


Les Commentaires

16
Avatar de Vespertina
23 mars 2017 à 02h03
Vespertina
Moi je trouve ça essentiel de pouvoir avoir la double contraception.
Dans une situation de couple, oui c'est moi qui a le plus de risque (puisque ça concerne mon corps), mais pour autant, je trouve pas que toute la partie contraception devrait reposer sur mes épaules. Et je trouve ça plus rassurant d'avoir cette "double protection". On s'entend que le risque zéro n'existe pas, mais avec une double contraception, j'imagine qu'on en est pas loin.
Donc j'espère vraiment que ces méthodes contraceptives vont se développer et se démocratiser d'ici à ce que je sois en couple stable (c'est sûr que dans mon cas, mon idéal serait la contraception définitive, mais bon, vu que c'est pas forcément facile à obtenir quand on est une jeune nullipare...).
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