Publié le 15 mai 2020
La contraception dans un couple hétérosexuel, ça a toujours été pour moi, au mieux, synonyme d’un fardeau qui repose sur mes épaules de femme.
Au pire, une bataille constante, une sensibilisation permanente, et la source de pas mal de stress et de disputes.
Ayant conscience que ma vision du rapport des hommes à la contraception n’est sûrement pas objective, j’avais besoin de savoir :
Est-ce que les hommes, ailleurs que dans mon entourage, se sentent concernés par la contraception dans le couple ?
Se sentent-ils suffisamment éduqués à la contraception masculine et féminine ?
Sont-ils en attente de plus de choix de contraception masculines, et connaissent-ils les autres méthodes existantes en dehors du préservatif ?
J’ai donc posé toutes ces questions aux lecteurs de madmoiZelle, afin de les sonder, et d’en profiter pour rappeler toutes les méthodes de contraceptions masculines existantes.
43 hommes m’ont répondu, je vais donc synthétiser toutes leurs réponses et vous en faire un compte rendu, tout en vous présentant au fil de l’article les différents modes de contraception masculine !
Les hommes et l’éducation sexuelle et à la contraception
*certains prénoms ont été modifiés
Pour commencer, il me semble que l’un des points les plus importants qui ressort est celui de
l’éducation sexuelle quasi-inexistante dans une majorité des témoignages.
Le souvenir d’un vague cours d’éducation sexuelle au collège ou au lycée est parfois (mais pas toujours) mentionné, dans lequel était abordé le danger de la transmission des MST/IST ainsi qu’un topo sur le préservatif masculin.
Pas grand chose en revanche sur la contraception féminine, ou en tout cas pas pour les garçons. Et quand la pilule / la pilule du lendemain a été mentionnée, ils notent qu’à l’époque, ils ne se sentaient pas concernés.
Ils sont donc beaucoup à partager le sentiment de ne pas avoir été vraiment impliqués dans la contraception, sauf via le préservatif présenté comme l’incontournable (puisqu’il l’est) pour protéger des MST et IST et éviter une grossesse non-désirée.
Beaucoup ne se rappellent même pas d’avoir assisté à un cours d’éducation sexuelle et c’est l’entourage et des outils annexes (comme Le Guide du zizi sexuel cité plusieurs fois) qui leur ont expliqué et/ou mis à disposition des préservatifs.
Loïc a 29 ans, et lui se souvient d’avoir été sensibilisé à la contraception :
« Étant plus jeune j’ai eu l’occasion d’être sensibilisé à la contraception via les cours d’éducation sexuelle du collège ainsi que plusieurs spots publicitaires de prévention.
Le message que j’en avais retenu était on ne peut plus clair : mon rôle est de sortir couvert. Point.
En revanche, pour ce qui est de la contraception féminine, à aucun moment on avait pu me dire ou me faire sentir que j’avais le moindre rôle à jouer.
Au cours desdites séances d’éducation sexuelle, le sujet de la pilule contraceptive et de la pilule du lendemain a été soulevé, mais puisque ce n’était pas à moi de m’en servir, ce n’était pas à moi de m’en occuper et je m’en suis désintéressé. »
Sébastien a 27 ans, et comme beaucoup d’autres il regrette de ne pas avoir été plus sensibilisé à la contraception, et aux différents moyens de contraceptions masculines existants :
« Je me souviens d’avoir eu un ou deux cours sur la contraception au collège mais c’était très vague et du coup je n’avais pas forcément bien saisi l’importance de la contraception.
En ce qui concerne la contraception féminine, je ne me suis pas forcément beaucoup intéressé au sujet et je le regrette aujourd’hui car c’est vraiment très important.
Je ne connaissais pas toutes les contraceptions masculines citées dans ton article. Je ne me sens pas assez informé car on ne parle que du préservatif quand on parle aux hommes.
Ce que j’aimerais c’est qu’on parle réellement de toutes les contraceptions qui existent et pas seulement du préservatif masculin. »
Une grande majorité d’hommes qui m’ont répondu se sentent tout de même, maintenant qu’ils sont adultes, bien au courant au sujet de la contraception masculine.
Mais c’est le résultat de recherches personnelles fastidieuses, car il y a peu de sources d’informations fiables et accessibles sur le sujet.
Concernant la sensibilisation à la contraception féminine, elle s’est faite, dans l’écrasante majorité des cas, grâce aux diverses partenaires sexuelles.
C’est le cas d’Hugo, 27 ans :
« Depuis le collège, j’ai été souvent sensibilisé à l’utilisation de contraceptifs (surtout les plus connus comme le préservatif et la pilule).
J’ai découvert les autres contraceptifs féminins un peu plus tard en parlant simplement avec mes partenaires qui en utilisaient (stérilet, implant).
Si je m’intéresse à cet appel à témoins et si je me sens concerné c’est parce que j’ai pris conscience assez tardivement des effets secondaires indésirables de la pilule, largement utilisée (j’imagine).
Je constatais les effets qu’elle avait sur ma dernière copine suite à un changement de pilule.
Son utilisation peu contrôlée par les médecins (du moins c’est mon ressenti), les pieds et les mains qu’elle devait faire pour contrer son corps face au cycle menstruel par exemple ou encore sa complexité d’utilisation en voyage à l’étranger… »
Quelques hommes qui ont répondu à mes questions déplorent aussi le fait qu’il n’y ait pas d’équivalent du gynécologue pour les hommes, ce qui démontre encore une fois le manque d’informations à ce sujet.
Puisqu’en réalité l’équivalent existe, l’andrologue, qui est le médecin spécialiste de l’appareil génital masculin. Le plus souvent, des hommes le consultent pour des problématiques d’érection ou d’infertilité.
Contrairement aux consultations gynécologiques qui apparaissent comme quasi obligatoires dans la vie d’une femme dès le début de sa vie sexuelle, ce n’est pas le cas pour les hommes.
Mais même quand certains font la démarche de consulter un médecin pour avoir des informations sur la contraception, ce n’est pas vraiment concluant.
C’est ce qu’a fait Charly, 33 ans :
« J’ai fait le choix de rencontrer récemment un urologue. J’ai été très déçu de la consultation.
En effet, il ne connaissait aucun moyen de contraception masculine mis à part le préservatif et semblait étonné de ma visite. Il m’a aussitôt dirigé vers des solutions alternatives de contraception… féminines !
Il a proposé que ma compagne fasse sa propre courbe de température. Ce n’était en aucun cas l’objet du rendez-vous. »
Le préservatif, le roi de la contraception masculine
Concernant les avis de ces 43 hommes à propos du préservatif, à ma grande surprise, ils ont été une grande majorité à me dire l’utiliser régulièrement et, sans le trouver vraiment confortable, le considérer comme pratique, sécurisant et indispensable.
Il est facile à utiliser, pratique car on peut toujours en avoir sur soi, il donne un sentiment de sécurité (contre les MST/IST et les grossesses non-désirées), procure le sentiment d’avoir le contrôle sur sa sexualité et sa fertilité.
Certes, il n’est pas très joli, enlève quelques sensations, nécessite un petit rituel peu glamour pendant l’acte, mais pour beaucoup ce n’est rien à côté de tous ses aspects positifs.
Certains, particulièrement sensibles, apprécient même le fait qu’il limite quelques sensations, car cela leur permet de retarder l’éjaculation !
Bien sûr, certains hommes trouvent le préservatif très inconfortable et préfèrent l’abandonner dès que possible dans une relation stable et exclusive après avoir fait un dépistage.
Mais beaucoup d’autres y reviennent, même dans une relation stable et exclusive, souvent après un échec de contraception chez leur partenaire.
Marc a 30 ans, il me parle de son ressenti sur le préservatif :
« Je ne peux pas dire que j’apprécie son utilisation mais elle ne me dérange pas plus que ça non plus… disons qu’il n’y a pas vraiment le choix et que je m’y suis fait, bien que j’apprécierais grandement m’en passer.
J’ai appris aussi à choisir les préservatifs selon leurs marques et les modèles proposés : certains types de préservatifs me semblent plus épais et donc j’ai la sensation d’encore moins ressentir ma partenaire.
La solution : privilégier les préservatifs extra-fins pour moins ressentir cette petite frustration (ce qui est dommage c’est que les préservatifs les moins chers sont souvent les plus épais… mais je m’égare).
L’inconvénient majeur du préservatif, c’est de ne pas ressentir totalement le contact avec sa partenaire, avoir une barrière physique qui, aussi fine soit-elle, empêche de kiffer entièrement la sensation de la pénétration (surtout lorsqu’on a eu l’occasion d’essayer un rapport sans préservatif, c’est toujours difficile de revenir en arrière).
Le préservatif a aussi ses avantages (au-delà du côté contraceptif et médical j’entends, là-dessus il n’y a pas photo), mine de rien il permet de retarder (un peu) l’éjaculation certainement car je ressens un peu moins ma partenaire (ça fait pas des miracles non plus mais pour quelqu’un comme moi qui a tendance à partir un poil vite, c’est toujours ça de gagné).
Il a aussi l’avantage de ne pas obliger madame à courir aux toilettes dès le rapport terminé, la main entre les jambes pour éviter d’en faire couler partout.
Et puis on peut toujours s’amuser un peu en utilisant des préservatifs qui changent de l’ordinaire (perlé, nervuré, fluo…).
Moi perso j’ai pu trouver un intérêt aux préservatifs retardants dans les moments de ma vie où j’avais vraiment tendance à partir très (trop) vite.
En revanche, j’ai banni de ma vie sexuelle les préservatifs « chauffants », c’est horrible autant pour moi que pour ma partenaire. »
Parmi les côtés négatifs, celui du prix revient également souvent dans les témoignages, autre preuve qu’il y a certainement un manque d’information au sujet du récent remboursement des préservatifs par la sécurité sociale.
Eh oui, il est possible de se faire prescrire des préservatifs par son médecin pour un remboursement partiel ! Il y a par contre certains critères :
- Il faut avoir plus de 15 ans
- Demander au médecin une ordonnance vierge avec pour seule mention la demande de : « 24 préservatifs renouvelables à la demande pendant 1 an »
- Seules les boîtes de 6 ou 12 préservatifs masculins de la marque Eden ou Sortez couverts sont concernés pour l’instant
Si tu veux plus d’informations sur le rebroussement des préservatifs, tu peux aller consulter mon article sur le sujet sur madmoiZelle !
La contraception thermique masculine : le slip chauffant et l’Andro-switch
Quand j’ai découvert (TRÈS tardivement) l’existence du slip chauffant, je me suis dit :
S’il me suffisait de porter un slip 15 heures par jour pour ne plus être fertile, ce serait MERVEILLEUX !
Et mon avis était partagé par toutes mes copines.
Pourtant du côté des hommes qui ont répondu à mes questions sur ce fameux slip, ce qui ressort en grande majorité, c’est un GRAND non.
Le slip chauffant est une méthode de contraception thermique qui consiste à altérer la spermatogenèse (c’est-à-dire la production de spermatozoïdes) avec la chaleur.
La technique consiste à porter un slip qui laisse passer le scrotum et la verge et garde les testicules au chaud pour que leur température augmente.
Pour que ce soit efficace et que le sperme devienne infertile, il doit être porté 15 heures par jour pendant un minimum de 3 mois. Des spermogrammes sont à réaliser pour vérifier l’efficacité de la méthode.
Elle est sans effets secondaires et réversible, puisqu’il suffit d’arrêter de porter le slip pour que la spermatogenèse reprenne normalement.
Aujourd’hui, il n’existe qu’un seul médecin du CHU de Toulouse qui les prescrit, et une seule couturière en France qui les produit à l’unité.
À cause de ce manque d’accessibilité, certains hommes organisent des ateliers pour les coudre eux-mêmes, notamment à Paris, Toulouse, et dans le Finistère.
Selon le site contraceptionmasculine.fr, cette méthode thermique a été testée par plus d’une centaine d’utilisateurs au cours des dernières décennies.
Une seule grossesse non-désirée est intervenue et elle était due à une mauvaise compréhension de la procédure lors de l’arrêt de la méthode : l’utilisateur concerné pensait à tort bénéficier encore quelques temps d’un effet contraceptif suffisant.
Pour plus d’informations sur le slip chauffant, je t’invite à consulter le site contraceptionmasculine.fr !
Même si le slip chauffant était produit en plus grande quantité et sa prescription plus accessible, la majorité des hommes qui m’ont répondu ne voudraient pas le tester, pour plusieurs raisons :
- un manque de confiance dans cette méthode de contraception
- inconfort : peur d’avoir trop chaud, d’être trop serré voire comprimé dans le slip
- peur que la technique ne soit pas réversible
- une procédure qui semble être très fastidieuse
Pour Maxime, 34 ans, c’est un non ferme :
« Même si je comprends que ça marche, c’est une solution qui me rassure autant que si ma partenaire me disait « t’inquiète, je prends ma température tout va bien ».
Et je n’aime pas le concept de rester sur un seul type de sous-vêtement coûteux tout le temps et de ne pas y déroger sous peine que ça ne marche pas. Non.
Je n’ai pas non plus creusé le sujet de la sensation et j’imagine bien qu’on n’a pas une bouillotte dans le pantalon… mais le côté chauffant ne fait pas rêver en été ! »
Plusieurs témoignages sont plus positifs sur le slip chauffant même s’ils ne sont pas majoritaires, mais c’est un véritable parcours du combattant pour y avoir accès.
2 des 43 hommes l’ont déjà testé ou ont entamé la procédure, comme Jean-Christophe, 32 ans :
« Je suis déjà allé voir le docteur Mieusset à Toulouse, et j’attends la fin du confinement pour pouvoir faire les derniers essais médicaux avant de pouvoir le porter (satané confinement qui repousse les délais d’analyse).
Donc le pas est déjà franchi. La principale raison de ce choix est la faible tolérance aux contraceptions hormonales de ma compagne. »
À noter que le slip chauffant n’est pas la seule contraception thermique accessible aux hommes, il existe aussi l’anneau Andro-switch, qui fonctionne de la même manière.
C’est un anneau en silicone, made in France et existant en 5 tailles pour s’adapter à l’anatomie masculine. Il est fait pour maintenir les testicules en position dite haute et donc les maintenir à une température plus élevée que la normale et stopper la spermatogenèse.
L’anneau n’est pour l’instant pas remboursé par la sécurité sociale et pour l’utiliser il est nécessaire de trouver un médecin acceptant d’assurer le suivi le fertilité.
Mais son existence est déjà une grande avancée ! Pour tout savoir sur l’Andro-switch et lire des témoignages d’hommes qui l’utilisent tu peux te rendre sur le site de Thoreme !
Les contraceptifs hormonaux pour hommes, où en est-on ?
Ces dernières années, de nombreux articles prometteurs se succèdent et annoncent la sortie prochaine de la première pilule contraceptive pour hommes !
En effet, les recherches et les tests avancent pour que cette pilule soit un jour (je l’espère) largement commercialisée, Mymy te disait d’ailleurs tout sur le sujet dans l’article La pilule masculine avance, voici pourquoi c’est important.
En dehors de cette pilule contraceptive, d’autres contraceptions hormonales ont déjà été testées, et une est toujours disponible, bien que très peu prescrite !
En 2016, on a entendu parler d’un essai clinique de contraception masculine stoppé à cause de ses effets secondaires.
Il s’agissait d’une technique portée par des chercheurs de l’Université de Munich et notamment financée par l’Organisation mondiale de la santé, qui avait obtenu de très bons résultats (elle s’était montrée efficace dans 96% des cas).
La technique consistait en une injection de norethistérone et de progestérone dans les fesses toutes les 8 semaines, pour bloquer la production de spermatozoïdes contrôlée par l’hypophyse (une zone du cerveau).
La méthode a été jugée efficace puisque « seulement » 4 grossesses se sont déclarées, mais de multiples effets indésirables ont aussi été rapportés : acné, forte hausse de libido, douleurs musculaires ou aux endroits d’injections, troubles sévères de l’humeur…
À la fin de l’essai, plus de 75% des participants ont déclaré être disposés à continuer cette méthode contraceptive, mais un des deux organismes indépendants étudiant la gravité des effets secondaires a décidé d’y mettre fin.
Actuellement, il existe un contraceptif hormonal masculin très efficace et validé par l’Organisation mondiale de la santé, et pourtant très peu prescrite.
Sans surprise, il comporte des effets secondaires similaires à la pilule contraceptive pour femmes, et son utilisation est limitée à 18 mois, pour la seule raison que des études plus longues n’ont pas été menées.
La procédure consiste en une injection une fois par semaine d’une solution d’énanthate de testostérone dans le muscle.
Le taux élevé de testostérone dans le sang indique à l’hypothalamus une production élevée de spermatozoïdes, ce qui entraîne donc une diminution de leur production.
La méthode hormonale ne devient efficace que 3 mois après le début du traitement et environ 4 hommes sur 5 y seraient suffisamment sensibles.
Tout comme le slip chauffant, il existe très peu de médecins qui prescrivent cette contraception masculine hormonale. Le docteur Jean-Claude Soufir en fait partie et milite activement pour que cette méthode contraceptive se démocratise !
La contraception hormonale masculine : l’avis des hommes
Parmi les 43 hommes que j’ai interrogés, l’avis sur une potentielle prise de contraception hormonale est mitigé.
Certains seraient pour si une pilule contraceptive masculine voyait le jour, ils verraient dans cette évolution un grand pas pour l’égalité hommes-femmes et la possibilité d’alléger la femme du poids de la contraception.
D’autres au contraire sont contre pour les mêmes raisons qu’ils n’aimerait pas ou plus que leur partenaire prenne une pilule contraceptive : les effets secondaires.
Matthieu* a 32 ans, et il aimerait vraiment pouvoir avoir accès à une contraception hormonale :
« Après des recherches, j’ai trouvé le médecin qui prescrivait le slip chauffant, mais devoir le porter au moins 15h par jour ne me convenait pas (je dors entièrement nu et j’aime être à l’aise quand je suis chez moi).
J’ai également trouvé et communiqué avec le médecin qui prescrit la méthode hormonale. Il m’a demandé de trouver un médecin traitant qui accepterait de me faire suivre ce traitement et à qui il enverrait le protocole.
Malgré les effets secondaires, je voulais vraiment utiliser ce moyen de contraception. Mais je n’ai pas trouvé de médecin acceptant ma demande donc j’ai laissé tomber. »
Loïc, déjà cité plus haut dans l’article, est contre :
« Je ne vois pas du tout l’intérêt pour moi de « partager le fardeau » avec les femmes si c’est pour en baver autant qu’elles.
C’est un nivellement par le bas qui ne va pas dans le bon sens à mes yeux : le problème n’est pas réglé, il est simplement déplacé.
La vie quotidienne et le monde actuel n’est pas avare d’exemples où se refiler la patate chaude n’amène à rien. »
Le Vaselgel ou le Risug, des gels en injections comme contraception
La méthode qui a eu le plus de succès auprès des 43 hommes qui m’ont contactée, à mon grand étonnement, est la méthode d’injection de gel dans l’appareil génital, qui n’est pas accessible ni commercialisée en France.
La grande majorité s’est montrée favorable au test de cette contraception si elle voyait le jour en France.
Il y a par exemple le Vaselgel, en étude depuis plusieurs années déjà, injecté dans les canaux déférents par lesquels transitent les spermatozoïdes pour les boucher.
Cela permet que les spermatozoïdes ne se mélangent pas au liquide qui est éjaculé au cours de l’acte sexuel. Grâce à ce procédé, l’homme peut toujours jouir et éjaculer, mais il ne peut pas procréer.
La méthode est en théorie réversible grâce à une nouvelle injection éliminant le gel.
Les avantages de cette méthode seraient nombreux : pas besoin d’opération chirurgicale, pas d’effet secondaire puisque pas d’hormones, et sa réversibilité.
Le Vaselgel a été inspiré du Risug (Reversible Inhibition of Sperm Under Guidance — Inhibition réversible des spermatozoïdes sous supervision médicale), un contraceptif réversible inventé en Inde en 1979.
Il fonctionne comme le Vasalgel, a déjà été testé sur des centaines de patients avec une efficacité quasi miraculeuse de 100%, sans le moindre effet secondaire, ni à long ni à court terme.
Le professeur Sujoy K. Guha, âgé de près de 80 ans, est l’homme qui a inventé ce contraceptif et qui s’est battu pendant 40 ans pour qu’il soit reconnu par la communauté scientifique indienne.
Fin 2019, le Risug a enfin obtenu son accréditation par les autorités sanitaires indiennes pour une prochaine commercialisation en Inde.
Si la majorité des hommes qui m’ont écrit n’avaient aucune connaissance de l’existence de ces contraceptifs, ils ont pourtant exprimé un avis très positif dessus.
Gaspard* a 24 ans, et il serait pour :
« L’injection de gel serait étrangement le meilleur choix pour moi.
Étrangement parce que l’idée d’une piqûre dans les parties génitales sonne comme un cauchemar, mais en y repensant bien, la pose d’un stérilet ou d’un implant c’est pas beaucoup plus glamour ou moins douloureux.
Si on me rassurait avec une anesthésie, ou en me motivant un peu, je pourrais le faire. »
Brice a 23 ans et il partage l’avis de Gaspard :
« Je serais prêt à me faire injecter le gel contraceptif !
C’est tout con comme opération, je ne vois pas de raison pour laquelle je ne devrais pas le faire si j’en ai la chance. »
La vasectomie, une très bonne solution pour beaucoup d’hommes
Parmi les hommes les plus âgés (entre 30 et 40 ans) qui m’ont répondu, nombreux sont ceux qui ont déjà eu recours à la vasectomie !
Pour eux c’était une évidence et un soulagement : pourquoi continuer à être fertile alors qu’ils ne veulent plus ou pas du tout d’enfant ?
Comme Fab en avait témoigné, pour eux c’était une opération simple et rapide en anesthésie locale dont ils se sont vite remis et qui vaut vraiment le coup d’être tentée, quand on est sûr.
La vasectomie consiste à sectionner les deux canaux déférents qui amènent les spermatozoïdes dans le liquide séminal. L’opération n’a donc aucun effet secondaire : elle n’empêche ni l’éjaculation, ni n’affecte la libido.
L’opération dure environ 30 minutes, sous anesthésie locale. La loi impose un délai de 4 mois de réflexion entre le premier rendez-vous et l’intervention, histoire de prendre le temps de réfléchir.
On part du principe que c’est une opération irréversible et définitive, parce que même s’il est possible dans certains cas exceptionnels de revenir en arrière, il ne faut vraiment pas compter dessus.
En comparaison, la ligature des trompes chez la femme est une opération plus longue, une intervention plus lourde, qui nécessite une anesthésie générale.
Pour plus d’informations, tu peux aller lire le témoignage de Fab sur Rockie, un an après sa vasectomie !
Nombreux sont aussi les hommes plus jeunes qui m’ont écrit et envisagent déjà la vasectomie pour plus tard.
Certains ont même déjà essayé d’y avoir recours avant la trentaine, étant sûrs de leur choix, mais se sont confrontés au refus du personnel médical.
C’est le cas de Joris* qui a maintenant 31 ans :
« Je ne veux pas d’enfant.
J’ai demandé à ma docteure de me faire une vasectomie quand j’avais 29 ans, elle m’a dit que les urologues refuseraient avant mes 35 ans. Elle n’était pas très au courant des méthodes de contraception masculine. »
J’ai également été très surprise par le témoignage de deux hommes, qui racontent que c’est leur compagne qui a refusé qu’ils aient recours à la vasectomie.
Pierre a 27 ans, et il est l’un d’eux :
« Je ne veux pas d’enfant. Ce n’est pas en projet maintenant, ni pour plus tard. Je n’en veux pas. Donc oui, j’ai pensé à la vasectomie.
J’ai pris le premier rendez-vous pour m’en faire prescrire une et durant la période de réflexion ma copine (maintenant fiancée) m’a convaincu d’y renoncer pour le moment.
Elle est sous DIU au cuivre et en a pour encore 2 ans. Donc rien ne presse. Mais elle ne veut pas d’enfant non plus, alors je ne comprends pas trop son point de vue… »
Tony*, 39 ans, fait un lien entre le pouvoir de procréer et la virilité :
« Pour moi, la solution idéale dans notre vie est la vasectomie. Mais ma compagne ne veut pas.
J’en ai parlé autour de moi avec des amis proches et des couples très proches. Beaucoup de mes amis et amies et ma femme également ont la même réaction. Une partie de notre virilité ne serait plus là.
La faculté à procréer est visiblement importante. Pourtant ça serait si simple… Je sais que je ne veux plus d’enfants, et même s’il lui arrive quelque chose ou que nous nous quittions (c’est elle qui le dit), je ne veux pas d’autres enfants. »
Les hommes veulent prendre part à la contraception
Ce que m’a apporté la rédaction de cet article et cet appel à témoins, c’est d’abord beaucoup de surprise et de réconfort.
Oui, beaucoup d’hommes sont prêts et demandent à prendre plus de place dans la contraception.
Oui, les hommes ont de plus en plus conscience que la contraception est une charge mentale et parfois une souffrance physique pour beaucoup de femmes.
Oui, de plus en plus d’hommes sont conscients que la contraception est un enjeu de taille pour l’égalité hommes-femmes.
J’ai été surprise que l’injection de Vasalgel ou Risug (si elle est un jour accessible en France) soit la contraception de choix pour l’écrasante majorité des hommes qui m’ont contactée, et autant surprise que le slip chauffant soit si décrié.
Je regrette également que peu d’hommes de 20 ans m’aient contactée, mais il y en a eu malgré tout, et c’est rassurant.
Il faut également prendre en compte que les hommes interrogés sont de près ou de loin des lecteurs de madmoiZelle, et donc pour la majorité des personnes sensibilisées et informées sur le féminisme et les contraceptions.
Je finirai sur une réflexion fort intéressante que m’ont amené plusieurs hommes qui ont témoigné :
Est-ce que moi, en tant que femme, si des contraceptifs masculins devenaient plus accessibles, j’arriverais à faire confiance et à déléguer la contraception au sein de mon couple ?
Est-ce que je n’aurais pas trop peur de payer de ma santé mentale et physique le coût d’un oubli de pilule de mon partenaire ?
Cet homme de 38 ans exprime lui aussi cette interrogation :
« Concernant les méthodes de contraceptions masculines demandant de suivre un protocole précis (prise régulière d’une pilule, port régulier d’un slip…), j’ai du mal avec le fait qu’une femme puisse faire confiance à un homme.
L’oubli d’une prise de pilule par l’homme n’aura pas le même impact pour lui que pour elle. Pour l’homme au pire (ou au mieux), c’est une grossesse non-désirée.
Pour la femme, les conséquences vont de la prise de la pilule du lendemain ou de l’avortement avec les douleurs et le stress psychologique associé à une grossesse non-désirée et son impact sur sa vie personnelle et professionnelle.
Ce type de protection masculine, pour moi, doit être un complément d’une contraception féminine ou du port de préservatif. »
Dans tous les cas, il est rassurant de se rendre compte que les choses avancent, et même si la multiplication des contraceptions masculines n’a jamais été aussi proche, il va falloir encore quelques temps, je pense, pour que nos mentalités sortent de leurs vieux schémas.
Et toi, comment te sentirais-tu, en tant que femme hétérosexuelle, si la contraception reposait sur ton partenaire masculin ?
À lire aussi : J’ai avorté, j’en veux à mon mec, et à la Terre entière
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Les Commentaires
Comme d'autres Madz je trouve ça un peu limite que les hommes s'intéressent à la contraception masculine principalement parce que leur copine a des soucis de pilule. (Est ce que du coup les préservatifs sont utilisés majoritairement par les hommes dans un but unique de protection contre les ist? Vraie question) Je suis d'accord que chacun devrait gérer sa fertilité de son côté et qu'on éduque aussi les hommes à ce propos. Si j'ai pris la pilule pendant des années c'est parce que je voulais être maîtresse de ma fertilité. Si j'étais un homme je n'aimerai pas avoir un doute sur le fait que j'ai peut être un gosse dans la nature, je prendrai aussi un maximum de précautions.
Ça me choque de lire que la contraception c'est une affaire de femme, parce que la contraception rentre dans le processus reproductif. Si les hommes ne se sentent pas concernés, ça veut dire (en caricaturant) qu'on en est toujours à l'idée que les hommes sont des chasseurs cro magnon dont le but est de "semer aux 4 vents" et qui ne veulent pas assumer.
Or, si on parle de femmes childfree, il y a aussi des hommes qui veulent des enfants j'imagine. Et qui comme les femmes veulent en avoir au bon moment et avec la bonne personne. J'ai un peu de mal à me dire qu'à l'heure actuelle la contraception (et donc potentiellement la parentalité) c'est juste une affaire de femmes. Pour moi ça s'inscrit dans un contexte global, si on est content de voir des petits garçons jouer à la poupée ça ne me semble pas fou de donner aux filles et aux garçons une éducation sexuelle positive incluant l'idée que chacun a le choix de son futur reproductif et familial.