Dans la première édition j’ai couvert les contes de fées les plus connus et je reviens aujourd’hui sur ceux qui ont eu un peu moins de succès (comprendre : qui n’ont pas eu droit à leur adaptation Disney) mais que nous connaissons toutes plus ou moins. Souvent moins que plus d’ailleurs, c’est pour cela qu’il est temps de rétablir la vérité. Certains de ces contes ne sont que de vagues souvenirs ou des références croisées dans d’autres médias (Shrek est number one sur la référence par exemple), mais les histoires d’origine sont tout aussi croustillantes que celles de l’édition précédente.
Le Petit Chaperon Rouge
La version que vous connaissez : Le petit chaperon rouge se rend chez sa grand-mère pour lui apporter un petit pot de beurre et une galette, et croise le grand méchant loup sur son chemin. Toute naïve qu’elle est, elle lui dit exactement où elle se rend et le loup s’arrange pour s’y retrouver avant elle. Il bouffe la grand-mère et se fait passer pour elle pour accueillir le petit chaperon rouge. S’en suit la tirade sur la taille des différentes parties du corps du loup, puis le petit chaperon rouge subit le même sort que sa grand-mère. Mais fort heureusement, un bûcheron qui passait dans le coin ouvre le bide du loup avec sa hache, libérant la petite fille et sa mère-grand.
La vérité : J’ai toujours trouvé que la présence du bûcheron était suspecte, ça sonnait trop faux. La vérité, c’est que le loup bouffe la grand-mère et le petit chaperon rouge – the end. Si on remonte un peu plus loin, on trouve une autre version dans laquelle le petit chaperon rouge demande son chemin au loup, et se fait bouffer. Pas de grand-mère, pas de bûcheron, juste un loup affamé. Morale : ne jamais faire confiance aux inconnus. Et si on veut rigoler encore un peu, on peut remonter encore plus loin. Une autre version raconte que le loup, ayant tué la grand-mère, toujours pour prendre sa place, invite le petit chaperon rouge à casser la croûte, le plat principal étant la grand-mère. La fillette mange donc sa propre mamie et ne se rend compte qu’après coup qu’un loup se fait passer pour elle. Elle prétend avoir envie de déféquer en exprimant le désir de sortir pour ne pas salir le lit, et réussit ainsi à s’enfuir.
Rumpelstiltskin ou Le Nain Tracassin
La version que vous connaissez : Un paysan prétend que sa fille a le pouvoir de changer la paille en or, ce qui attire l’attention du roi qui décide d’enfermer la fille dans un grenier plein de paille afin qu’elle change le tout en or. Bien emmerdée, la fille se demande bien comment elle va pouvoir s’en sortir, lorsqu’un nain apparaît. Il lui propose alors de changer la paille en or en échange d’une petite bricole. Mais le roi en veut encore plus, alors le nain s’exécute à nouveau en échange d’un autre petit cadeau. La troisième fois, il décide que le cadeau sera le premier né de la jeune fille, qui accepte par désespoir. Suite à ça, elle devient reine (ça paye de trimer dans un grenier). Sauf que comme une petite bâtarde, lorsque vient le moment de payer son dû, elle décide que nan finalement, ça lui plait pas des masses. Le nain lui dit alors que si elle est capable de deviner son nom en trois jours, il oubliera le marché passé. La fille trouve le nom, le nain disparaît, tout est bien qui finit bien et on va dormir avec le sourire.
La vérité : A la fin du conte, lorsque la fille découvre le nom du nain, il tape une telle colère qu’il frappe du pied comme un gros capricieux et passe à travers le plancher pour disparaître à jamais. Sauf que dans une autre version, on apprend qu’une fois passé à travers le plancher, il reste coincé, et en luttant pour se libérer il se déchire lui-même en deux. Autre version : il est tellement énervé qu’il se propulse en direction de la fille et se retrouve coincé… dans son vagin. Les gardes du palace doivent alors s’y mettre à plusieurs pour le déloger. Dans un paquet d’autres versions, le premier né en question est tué soit par le nain, soit par les gardes ou n’importe qui pourvu qu’il meure à la fin. Comme je vous l’ai déjà dit, les fins heureuses c’était pas leur fort à l’époque.
Le Joueur de Flûte de Hamelin
La version que vous connaissez : Les habitants d’une ville infestée par les rats font appel à un joueur de flûte un peu spécial qui parvient à attirer toutes les bestioles hors de la ville rien qu’en soufflant dans son instrument. En échange, il demande évidemment un gros paquet de fric (mille écus) mais lorsqu’il revient quelques semaines plus tard, personne ne veut lâcher la thune. Pire encore, ils chassent leur sauveur à coups de pierres. Comme ça lui fait pas trop trop plaisir, il revient en pleine nuit pour jouer un autre air, qui attire tous les enfants hors de leurs petits lits douillets. Il les conduit à perpète dans une grotte qui se referme derrière eux. Les habitants changent alors subitement d’avis et payent le joueur de flûte qui leur rend leurs enfants.
La vérité :
Je suppose que vous l’avez deviné, dans beaucoup de versions, les habitants ne revoient jamais leurs enfants. Soit ils restent à crever dans la grotte, soit ils sont guidés par la musique jusqu’au lac dans lequel ils se noient. Beaucoup de nos contemporains, dont notamment l’écrivain William Manchester, sont persuadés qu’il s’agissait en fait d’une histoire de pédophilie et qu’avant de tuer les gamins, le joueur de flûte avait d’abord abusé d’eux. Morale : ne soyez pas mauvais payeurs.
Boucle d’Or et les Trois Ours
La version que vous connaissez : Boucle d’Or est une jolie petite fillette qui entre par effraction dans la maison d’une famille d’ours pendant leur absence. Elle s’assoit dans leurs chaises, mange leur porridge et prend ses aises dans leurs lits, peinant à trouver le plus confortable. Lorsqu’elle entend les ours rentrer elle se précipite par la fenêtre et se carapate vite fait bien fait.
La vérité : La première version est évidente : Boucle d’Or se fait griller et les ours la déchiquètent sauvagement avant de la dévorer – fallait pas jouer les pique-assiettes. Mais une autre version nous emmène dans la quatrième dimension. Boucle d’Or n’est plus une jolie petite fille mais une vieille radasse sans abris et complètement pétée du casque qui défonce la porte de la maison des trois ours à la recherche d’un abri et d’un peu de nourriture. Et alors là, deux possibilités : 1) quand les ours rentrent, la vieille saute par la fenêtre et se brise la nuque (ou disparait pour toujours) 2) après avoir essayé de la noyer et de la brûler, les ours finissent par l’empaler sur un clocher d’église.
Hansel et Gretel
La version que vous connaissez : Hansel et Gretel sont perdus dans la forêt. Ils tombent sur une maison entièrement faite de pain d’épices et autres sucreries mais habitée par une vilaine sorcière qui n’a qu’une envie : les bouffer tout crus. Elle les exploite un peu le temps de les engraisser, mais ils s’en sortent à temps la jetant dans le feu avant de s’enfuir.
La vérité : On ne parle pas toujours de sorcière en ce qui concerne cette histoire. Le conte a été repris et modifié dans tous les sens, et parfois, il s’agit parfois d’un démon, d’un ogre ou même du diable en personne, que les enfants essayent d’arnaquer de la même façon que la sorcière, mais qui parvient à déjouer leurs plans. Il demande alors à l’un des enfants de monter sur un établi afin de se faire saigner, mais les enfants prétendent ne pas savoir comment faire pour grimper dessus. La femme du démon fait alors une démonstration et les enfants en profitent pour lui trancher la gorge et s’enfuir.
Et voilà, cette deuxième et dernière partie me permet de clore ce chapitre et de vous envoyer plein de jolies images dans la tête concernant les dix contes passés en revue. Remarquez que la morale de chaque histoire est vachement plus facile à dégager quand le tout n’est pas décoré de paillettes et de rubans roses. Et je suis sûre que c’était beaucoup plus efficace. Traumatisant, certes, mais efficace. Des histoires comme ça, on en fait plus assez.
Si vous faites des cauchemars, envoyez moi des petits mots d’amour, ça me fera bien du plaisir. Et si vous connaissez d’autres versions tout aussi colorées de vos contes préférés, n’hésitez pas à nous en faire part.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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