On est bien d’accord, Intouchables est un film de qualité dont le succès est amplement mérité. Je dis ça mais je l’ai pas encore vu, parce que mon partenaire de salle obscure préférait aller voir Contagion alors on a tiré à la courte-paille et il a gagné. C’est donc peu enthousiaste que je me suis dirigée vers la salle 14 du complexe Pathé-de-foie de ma commune.
Après les 50 minutes de bande-annonces habituelles, le film commence sur Gwyneth Paltrow qui tousse en mangeant des cacahuètes. Très vite, on comprend qu’elle est malade et qu’elle va mourir avec le front huileux et la bave au coin des lèvres.
On apprend également qu’elle n’est pas la seule : la maladie ne nécessite qu’une poignée de mains, un postillon ou un roulage de pelle pour se propager sur un nouvel hôte, qu’elle tuera en quelques heures. Le Centre de Prévention et de Contrôle des maladies et L’Organisation Mondiale de la Santé sont sur le coup pour tenter de décrypter ce virus mortel.
Rien d’original, n’est-ce pas ? Pourtant, je ne me suis pas ennuyée une seule seconde. La réalisation du film est dynamique et « clinique », le rendu angoissant, oppressant et le scénario réaliste (Scott Burns, le scénariste, a consulté des scientifiques pour mettre au point une pandémie plausible). Mais par-dessus tout, c’est son casting 12 étoiles qui fait le plus parler de lui : Contagion réunit en effet Matt Damon, Kate Winslet, Lawrence Fishburne, Gwyneth Paltrow, Marion Cotillard et Jude Law. Excuse-moi du peu.
J’ai aimé ce film parce qu’il nous fait suivre l’histoire d’une poignée de personnages plus aboutis les uns que les autres. Il y a le journaliste à la mords-moi-le-noeud, la jeune et courageuse scientifique partie à la source du mal, la cadre dynamique ou encore le mari dévoué.
Mais tu sais pourquoi ce film m’a tant plu ? Parce qu’il m’a bien foutu les miquettes. Et sachant que je vacille à la moindre goutte de sang et m’interdis donc tout film flippant, je suis ravie d’avoir trouvé en Contagion un bon compromis. Bien sûr, tout est relatif : si le film fait baliser, ce n’est pas dans le sens où il est sanglant et violent, bien au contraire. C’est que la mise en scène et le point de vue qu’a choisi Soderbergh sont glaçants et nous prouvent que nous ne sommes pas à l’abri de ce genre de pandémie incontrôlable. Le prochain qui m’éternue au visage, je lui défonce ses dents à coups de pelleteuse.
Ironie du sort, j’avais un chat dans la gorge pendant la séance ; je peux te dire que j’ai pris un malin plaisir à en rajouter niveau « crachage de poumons ». Je n’ai jamais senti autant de tension autour de moi et je peux dorénavant le dire : faire peur, c’est gratifiant.
Bon, c’est bien beau tout ça, mais Contagion
n’est que le dernier des films à base de virus à être sorti dans les salles obscures. Alors si le genre « film américain à gros budget bourré d’acteurs bankables » n’est pas ta tasse de thé, tu trouveras bien chaussure à ton pied parmi ces quelques propositions.
La version zombies* qui courent : 28 jours plus tard, de Danny Boyle (2002)
Tu aimes le gore, tu aimes le sang, tu aimes les histoires d’individus devenus des fous assoiffés de violence, et plus que tout au monde, tu aimes voir des gens se faire courser par des zombies* ? Dans ce cas, je te l’accorde, Contagion sera un peu trop soft pour toi.
28 jours plus tard commence avec des défenseurs des droits des animaux (genre, Brigitte Bardot en plus nerveux, tu vois) arrivent dans un laboratoire pour délivrer des singes soumis à des tests sur la violence. Malgré les vociférations d’un scientifique qui tente de les prévenir que les animaux sont hyper-dangereux (du type « Oh non, diantre, ne faîtes pas ça ils sont complètement fous on va tous mourir »), les antiécharpesenvison libèrent les ouistitis, qui les mordent sans un merci (ces ingrats) et leur inoculent de ce fait le virus dit « de la fureur ».
Après, les mordus mordent tout le monde, et l’Angleterre a les yeux rouges, bave et contamine tout le monde. Apocalyptique.
(*Je dis « zombies » pour faire simple, mais en fait, ce sont des contaminés).
La version underground : Epidemic, de Lars von Trier (1987)
A cause d’un bug informatique comme il devait y en avoir moults en 1987, deux scénaristes doivent réécrire leur dernière production (mise en abyme, tût ça tût ça). Finalement, ça les ennuie et ils décident de commencer un tout nouveau projet : et tiens, pourquoi pas un film sur une épidémie à échelle mondiale qui tue tout le monde, genre, mortellement ? Le hic, c’est que leur scénario se produit dans la réalité.
Entre oeuvre expérimentale et… oeuvre expérimentale, ce film viral m’a tout l’air d’être le moins accessible de tous. A moins d’être complètement masochiste, évite donc de le regarder un 11 novembre, lors d’un début de soirée brumeux. Personnellement, je n’ai pas pris le risque. On verra ça en mai.
La version navet : Virus Cannibale, de Bruno Mattei/Vincent Dawn (1980)
Tu as aimé L’Attaque des Tomates Tueuses ? Tu es abonnée à la page fan du Blob ? Tu apprécieras donc Virus Cannibale.
Le pitch : Dans une centrale nucléaire en Nouvelle-Guinée, c’est l’accident : un nuage toxique se répand dans l’établissement et les employés présents sont transformés en de cruels zombies sanguinaires. Ils ont la dalle. Ils ont bien essayé d’aller chercher un Big Mac chez Mac Do, mais on ne les a pas laissés entrer parce qu’ils avaient l’air un peu groggy. Du coup, ils bouffent leurs collègues venus à la rescousse, et puis après, c’est le délire. Du gore, du gore et encore un peu de gore, le tout à la sauce année 80.
Il paraîtrait que Cécile Duflot d’EELV (Europe Ecologie Les Verts) aurait montré le film à François Hollande pour le sensibiliser au danger du nucléaire.
Un film engagé, donc.
Et toi, adepte des films à base de transmission de microbes mortels ou pas ?
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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