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Cette question vous choque ? Voici pourquoi il faut continuer à la poser

Fun Radio a posé une question à ses followers Twitter concernant une relation sexuelle… non consentie. Des utilisateurs et utilisatrices s’en sont offusqué·es, mais cela valait-il vraiment la peine ?

Hier soir, alors que je trainais sur twitter, j’ai vu passé ça :

Le tweet de Fun Radio, depuis supprimé, pose une question qui peut paraître stupide, évidente, dangereuse même : on parle d’un viol.

Sensibiliser au consentement sur Fun Radio ?

Évidemment que ce n’est pas normal, puisque coucher avec une personne endormie et donc incapable de donner son consentement, c’est du viol.

Cependant, ce tweet est accompagné d’un hashtag qui a immédiatement attiré mon attention : #onsexprime.

Il fait référence au site onsexprime.fr, qui appartient à Santé Publique France : il recense des conseils pour construire des relations amoureuses et sexuelles saines.

Il ne m’a pas fallu longtemps pour raccorder les points : ce mardi 23 octobre, Santé Publique France lançait sur ce site une campagne au sujet du consentement, nommée Ok, pas Ok.

Elle rassemble les témoignages d’ados au sujet du consentement dans des podcasts, et elle est accompagnée d’un plan « média », déployé notamment sur Fun Radio.

L’objectif de cette campagne est de parler de consentement aux ados. Elle cible donc les programmes qu’ils et elles écoutent.

L’émission Lovin’Fun – une libre antenne durant laquelle Karel, Alice et le Doc Pavageau (généraliste et sexologue) répondent aux questions sexe des jeunes – fait partie des partenaires idéaux.

Répondre à toutes les questions sur le consentement

Même si la question posée sur Twitter peut sembler déplacée, j’ai voulu écouter l’émission pour vérifier le traitement qui était fait du sujet.

Ça se passe ici, à partir de 1:21 :

Pas loupé : Karel commence par présenter la « semaine du consentement », en partenariat avec onsexprime.fr, et présente Gwenn, une auditrice qui appelle pour témoigner.

Elle a 19 ans, et il y a un mois, son copain lui a parlé de pratiquer une éjaculation faciale. Elle lui a répondu que ce n’était pas une pratique qui l’attirait, qu’elle ne souhaitait pas s’y livrer.

Mais deux semaines plus tard, son copain lui demande de « finir dans sa bouche ». Et il en profite pour pratiquer une éjaculation faciale, sans la prévenir, malgré la discussion qu’ils ont eu précédemment.

Depuis, Gwenn et lui ne se parlent quasiment plus, et elle se demande si elle « sur-réagit », ou si elle est légitime dans sa colère.

Comment répondent alors Karel, Alice et le Doc Pavageau ?

J’ai écouté tout le passage, et globalement ils tiennent un discours tout à fait approprié face à ce genre de situation : son copain n’avait pas le droit de faire ça alors qu’elle avait clairement exprimé qu’elle n’en avait pas envie.

L’échange se conclut sur ces mots :

« – Tu es dans ton bon droit, il n’avait pas à faire ça.

– Va au bout de ta démarche, et si tu penses que c’est le genre de personne qui peut te manquer de respect à l’avenir, prends un peu de recul, pose-toi les bonnes questions par rapport à la suite de votre relation. »

Je n’aurais pas dit mieux.

Se débarrasser de la culture du viol

Si la question est posée de manière aussi crue sur Twitter, c’est pour que les jeunes qui s’identifient à ce type de situations – être forcé·es à faire quelque chose dont ils ou elles n’ont pas envie en matière de sexe – puissent engager la discussion à ce sujet.

Oui, dans un monde idéal il semblerait évident à tout le monde que le consentement est crucial, et on n’aurait pas besoin de raccrocher les wagons avec ce type de contenus.

Mais on n’est pas dans un monde idéal.

On grandit dans un environnement où sévit la culture du viol : c’est-à-dire un contexte dans lequel les relations sexuelles et les représentations qui en sont faites tendent encore bien souvent à faire croire qu’un « non » équivaut un « oui », surtout quand il vient d’une femme.

Combien de films, de romans, de morceaux de musique érotisent une situation dans laquelle une femme commence par refuser les avances sexuelles d’un homme avant d’y céder ?

Ce contexte est si prégnant, que même des personnes qui devraient être éduquées à ce sujet de par leur métier – forces de police, magistrats, personnel médical – n’ont pas toujours les bonnes réactions.

L’échange effectué avec Gwenn est d’ailleurs très révélateur à ce sujet. À un moment, le Doc Pavageau tient ces propos :

« C’est vrai qu’en plus le « non » a quelque chose d’excitant, c’est sûr, mais encore une fois c’est un jeu et à partir du moment où toi tu l’as dit de manière très ferme, très sûre de toi, c’est non.

Évidemment si c’est un petit « oh non écoute c’est pas mon truc », ça ça va lui donner l’autorisation. Mais toi t’as l’air d’avoir été très claire, et donc non ça ne doit pas se faire. »

Comme tu es peut-être en train de faire présentement, cette phrase m’a fait serrer les dents : même un petit non est un NON !

Mais tu sais quoi ? Le Doc Pavageau est tout de suite repris et corrigé par Karel et Alice, qui réaffirment immédiatement l’importance du non, même s’il est timide.

Le fait est que ce médecin a aussi grandi dans cette société polluée par la culture du viol, et visiblement il a encore un peu de travail avant de s’en détacher complètement… probablement comme beaucoup d’auditeurs et d’auditrices de la libre antenne de Fun Radio !

De notre bulle, il reste du chemin à faire

De la même manière que Nabilla se demandait hier à quoi sert une coupe menstruelle alors que le sujet est discuté depuis des années notamment sur madmoiZelle, beaucoup d’ados (et de plus vieux aussi) n’ont pas conscience de ce qu’est le consentement.

Les résultats du sondage du tweet à l’origine de cet article sont criants de vérité : 50/50 ! Donc il n’y a pas d’évidence claire…

Alors oui, il faut continuer de présenter des contenus de sensibilisation qui en sont sans le paraître de prime abord, pour toucher le public le plus large possible.

Que cette question choque, c’est tant mieux. Elle vise à bâtir un monde dans lequel 100% des réponses considèreront la situation présentée comme n’étant « pas ok ». Alors il faut continuer de la poser, et d’y répondre surtout.

I approve.

Cette histoire ayant créé la polémique, l’émission Touche Pas à Mon Poste en a fait l’objet d’un débat le 25 octobre.

Le traitement du sujet a cette fois-ci été déplorable, l’animateur et une grande partie des chroniqueurs ne comprenant pas que des actes tels que ceux décrits dans le tweet puissent être décrits comme un viol…

L’occasion d’écrire cet article : Le viol conjugale expliqué à Touche Pas à Mon Poste.

À lire aussi : Ok, pas ok, une série de témoignages pour apprendre à reconnaître le consentement


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Les Commentaires

21
Avatar de M.*
26 octobre 2018 à 21h10
M.*
@WireD CM effectivement Community Manager. Comme je l'ai dit, après, malheureusement, ce genre de pratique est amené par un audimat légèrement... bref c'est pas l'audimat de france culture quoi.
On est d'accord.

Article de Vanity Fair sur TPMP. Voilà, voilà ce que ce genre de propos dangereux peut engendrer (bon après on me dit dans l'oreillette qu'Hanouna est un con et qu'il n'a besoin de rien ni personne pour le prouver), m'enfin ça reste donner à manger aux cochons.
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