Indiana Jones, comme le punk, ne meurt jamais. En tout cas, ses créateurs n’ont pas l’air décidé à le faire disparaître. Dans une interview à Yahoo parue le 9 octobre dernier, Steven Spielberg a annoncé qu’il allait « probablement faire un Indiana Jones 5 ». Et comme si cela ne suffisait pas, il a ajouté qu’Harrison Ford aurait déjà donné son accord pour participer !
En mai dernier, la productrice d’Indiana Jones, tout en confirmant que le long-métrage existerait un jour, avait précisé que le travail sur le scénario n’avait pas encore commencé.
Alors pendant qu’on y est, on s’est dit que ce serait plutôt cool de filer quelques tuyaux à Steven Spielberg — soyons folles, il pourrait nous lire, n’est-ce pas ? — pour faire d’Indiana Jones 5 une digne séquelle qui fasse honneur aux souvenirs d’enfance de ses fans, et non pas une resucée vite oubliée façon Crâne de Cristal. Voici donc les cinq points que j’aimerais voir développés !
Sur une mythologie forte tu t’appuieras
Avant toute chose, il faut poser les bases de cet épisode 5. Et qui dit bases dit scénario. Tant qu’à tirer au maximum sur le filon, merci de tenter de ramener de l’or plutôt que de la boue.
Nous allons donc avoir besoin d’une histoire qui rassemble les ingrédients classiques d’un Indiana Jones : des décors exotiques, des personnages secondaires sympa, des cascades, de l’aventure, du suspense, des punchlines, mais surtout une quête, un contexte historique et un objet autour duquel se cristallisent mythes et fantasmes d’archéologue.
Les trois premiers Indiana Jones allaient piocher du côté de l’Histoire (Indy se battant contre les nazis dans deux d’entre eux), et le héros avait pour but de récupérer des objets au rôle religieux fort : l’Arche d’alliance qui contient les tables de la loi de Moïse, les pierres de Sankara, qui garantissent fortune et gloire, ou encore le Graal. L’un des défauts du quatrième opus est peut-être de s’être concentré sur la quête d’un crâne de cristal qui n’est pas identifié comme un objet symbolique en soi, et que les scénaristes ont voulu sorti d’une culture extraterrestre pour lui donner un peu d’attrait. (Je vous entends dire « WTF » !)
Clairement, ce n’était pas l’idée du siècle : on ne va pas voir Indiana Jones en pensant à Blade Runner ou Alien, et si Harrison Ford s’approche d’un laser, on vire direct dans Star Wars. Shia Labeouf s’était lui aussi montré très critique envers le résultat. Je suggère donc de s’appuyer sur un bon vieux récit mythologique des familles pour ce cinquième film. Ce n’est pas le choix qui manque, et Indy pourrait par exemple partir à la recherche…
- du trésor de Darius III, que ce dernier aurait caché à Hamadan, en Iran, après qu’Alexandre le Grand a mis la main sur une partie de ses richesses en Perse
- du Draupnir, le bracelet du dieu Odin dans la mythologie nordique, dont sortaient toutes les neuf nuits huit autres anneaux et qui assurait la richesse
- du livre de Thot, le dieu de la sagesse et de la connaissance dans la mythologie égyptienne, que personne n’aurait jamais revu
Ça, c’est fait. Passons donc au casting.
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Le rôle d’Harrison Ford tu repenseras
Évitons toute méprise : j’adore, j’idolâtre Harrison Ford, et en particulier lorsqu’il porte le Fedora de l’archéologue. Mais sa prestation dans Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal m’a un peu moins convaincue que dans les opus précédents. Un peu moins souple, un peu moins dynamique… C’est un peu triste, mais c’est inéluctable : Harrison Ford, contrairement à son personnage, vieillit.
Sur le tournage du dernier Indiana Jones, l’acteur avait tenu à réaliser lui-même ses cascades. En 2014, il s’est blessé à la jambe sur le tournage de Star Wars VII, en mai dernier, il a réchappé de l’accident d’un petit avion… Continuer à sauter sur des voitures et à se balancer au bout de lianes avec la condition physique d’un homme 73 ans me semble au mieux, un peu ridicule, au pire, franchement dangereux. Et j’ai le sentiment que la crédibilité du personnage en prend un coup de fouet aussi.
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Mais l’acteur est partant pour remettre la cuillère dans la soupe, et je ne suis pas certaine qu’un épisode d’Indiana Jones sans lui déplacerait les foules de toute façon. Reste donc la solution déjà envisagée dans l’épisode IV : faire d’Indy le mentor d’un petit mec plus jeune et plus vigoureux.
Attention, il ne s’agit pas de faire du jeunisme et de reléguer Harrison Ford à la maison de retraite ! J’aimerais plutôt qu’il vive une évolution à la Obi-Wan Kenobi dans Star Wars, et que, de héros fougueux, il devienne le sage et avisé conseiller, avec la bienveillance d’un papa mais sans le côté vieux-jeu. Qu’on le respecte pour son cerveau, ses découvertes archéologiques, mais qu’il ne se sente pas obligé de faire des galipettes dans une caverne pour prouver que ses muscles ne sont pas ridés.
Reste à caster le filleul. Dans ce rôle, Shia Labeouf s’est avéré un peu trop lisse à mon goût. Après sondage auprès des membres de la rédaction, je suggère donc de proposer ce personnage à Chris Pratt, qui sera probablement bien plus drôle, et qui a aussi joué dans Jurassic Park et est donc un familier de l’univers de Spielberg. On peut aussi penser à Ben Whishaw, qui ferait un alter-ego un poil plus orienté intello. Et tant qu’on y est, pourquoi ne pas aller chercher un acteur français, de type Nicolas Duvauchelle, qui ferait un bad archéologue plutôt crédible ?
À vous les studios pour d’autres propositions.
Un (ou plusieurs) personnage(s) féminin(s) fort(s) tu concevras
D’ailleurs, cette jeune personne guidée par le fouet du vieux héros pourrait aussi être une femme, eh. Disons en tout cas qu’en 2015, dépoussiérer un peu les personnages féminins d’Indiana Jones ne serait pas du luxe… Dans les premiers films, l’archéologue se retrouvé flanqué d’une acolyte féminine (il en retrouve une dans le quatrième), qui, certes, va finir par se révéler une alliée précieuse dans sa quête. Sauf que la place de cette fameuse acolyte dans le reste du long-métrage est plutôt celle d’une roue (en trop) du carrosse.
Dans Les Aventuriers de l’Arche Perdue, Marion Ravenwood boit comme un trou, botte les fesses des ennemis, sauve Indiana Jones… Mais finit par tomber dans ses bras, sans compter que l’aventurier lui a pourri la vie une petite dizaine d’années avant. Dans Indiana Jones et le Temple Maudit, Wilhemina « Willie » Scott est une meneuse de revue superficielle, peureuse, égocentrique, et disons-le, carrément cruche, jusqu’à ce qu’elle n’ait plus le choix et doive se bouger les fesses. Le héros lui parle d’ailleurs de façon relativement condescendante. Dans Indiana Jones et la Dernière Croisade, le Dr. Elsa Schneider est froide, calculatrice, cupide, bref définitivement mauvaise. Mais elle devient hystérique dès qu’elle croise une souris, et flirte elle aussi avec ce bon vieil Indy.
Je veux bien croire que ce n’était pas forcément à la mode, dans les années 1980, de concevoir des personnages féminins badass. Mais en 2015, on a eu tout loisir de réfléchir sur ce sujet, et plus largement sur la place des femmes dans l’industrie du cinéma ! On a même des exemples de personnages féminins qui démontent. Alors plutôt que de refaire un film de bonhomme où les femmes servent de faire-valoir ou de second rôle, j’aimerais beaucoup voir ces personnages féminins prendre le pouvoir qui est le leur.
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Même si je n’ai rien contre les histoires d’amour, Indiana Jones manque d’un personnage féminin qui sorte du rôle de la nana un peu marginale/hystérique/coincée (cochez la case que vous préférez) qui-déteste-le-héros-à-première-vue-mais-finit par craquer-pour-lui. En fait, il serait tout à fait bienvenu de voir un personnage de femme qui n’ait rien à carrer des beaux yeux de l’archéologue, qui ne rentre pas dans un jeu de séduction avec lui, et qui assure, aussi bien intellectuellement que s’il faut se battre dans la rue.
Je suis sûre que vous êtes tout à fait capable d’écrire ça, monsieur Spielberg. S’il pouvait même y avoir plusieurs personnages de ce type, si votre film pouvait passer le test de Bechdel… ce serait carrément le must !
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Les clichés racistes tu éviteras
Scoop : nous sommes en 2015, on peut donc arrêter d’être raciste par omission, réfléchir un peu et éviter de compiler les clichés sur une ethnie, surtout dans un film américain grand public qui sera probablement vu par des millions de gens ! Malgré tout mon amour pour Indiana Jones, je dois reconnaître que certains passages font tiquer.
Certains internautes ont en particulier fait remarquer les stéréotypes racistes à peine dissimulés dans Indiana Jones et le Temple Maudit. Les méchants Asiatiques ricanent, les autochtones consomment de la nourriture étrange (ça ne fait pas civilisé, dans la tête des héros), et les méchants orientaux sont tués par l’armée britannique, qui, elle, est bien blanche…
Tous films d’Indiana Jones considérés, le casting des personnages principaux, parfois même secondaires, est essentiellement composé de personnes blanches. Pourtant, rien dans le scénario n’y oblige ! Il serait donc bienvenu de mettre un peu de diversité parmi les proches d’Indy. Si vous manquez d’idées, les bon•ne•s acteurs et actrices afro-américain•e•s ne manquent pas : Jesse Williams, Zoë Kravitz, Samira Wiley, Laverne Cox… De même que les acteurs et actrices asiatiques ou encore sud-américain•e•s.
Mais encore une fois, cette diversité ne fonctionnera que si ces professionnel•le•s sont employés dans des rôles à la hauteur de leur talent, pas comme des ennemis ou des membres d’une culture considérée comme « exotique » qui parlent avec des onomatopées ou vénèrent les personnages blancs !
Une bande-originale moderne tu ciseleras
Pour cuisiner ce cinquième opus dans une sauce qui sent la modernité, je conseille aussi à Steven Spielberg de se pencher sérieusement sur la question de la musique du film. Certes, tou•te•s les spectacteurs et spectatrices ont en tête le fameux « tintinlintin-tintintin » qui annonce chaque aventure de l’archéologue, et il n’est pas question de le dégager totalement. Certes, John Williams, qui en est à l’origine, est derrière la bande-originale de nombreuses grandes sagas du cinéma, des Dents de la Mer à Jurassic Park en passant par Harry Potter et Superman…
Mais le réalisateur gagnerait tout à embaucher un ou plusieurs compositeurs plus jeunes pour pimper un peu le fond sonore et le rendre un peu plus sexys aux oreilles du public.
Un utilisateur de Reddit posait d’ailleurs cette question pertinente :
« J’ai eu une discussion avec mon frère l’autre jour. Il a remarqué qu’il n’avait en tête aucun film célèbre qui avait une bande-originale moyenne ou mauvaise. Il a dit qu’il ne savait pas si c’était à cause de ses connaissances limitées en cinéma, ou si c’était parce que tout grand film a une bonne bande-originale. […]
À quel point la qualité d’une bande-originale affecte la qualité d’un film, et inversement ? Cette question peut plonger très loin dans le champ des possibilités d’un film, mais vous ne pouvez pas nier que la musique d’une bande-originale affecte un film. Si un bon film a une mauvaise bande-originale, partirons-nous automatiquement du principe que la bande-originale est bonne sans préjugés ? »
Une bande-originale, si elle est remarquable dans le bon sens, ne peut que servir un film, aussi bien artistiquement que commercialement. Ce n’est pas pour rien qu’Internet passe son temps à noter et compiler les meilleures. La musique de film peut d’ailleurs servir à rafraîchir l’intérêt du public autour d’une saga longue !
L’un des meilleurs exemples en est probablement James Bond : en liftant le générique pour le faire interpréter à des stars connues (Tom Jones, Nancy Sinatra, Tina Turner, Madonna, Sam Smith...) on en fait causer et on le remet à la mode. Bingo, succès : c’est une astuce parfaite pour Steven Spielberg.
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Les Commentaires
Par contre, là ou je suis sure, c'est au niveau de la musique. John Williams. Ça fait parti, pour moi, de l'univers de la chose. Et second point, je suis totalement d'accord sur le fait que le film doit avoir comme trame de fond un fait mythologique fort.
Pour les points ou je suis mitigée avec moi même c'est au niveau de l'acteur. Harrison Ford vieilli, c'est un être vivant de type bipède dit aussi humain donc normal, mais rappelons le, Indiana Jones aussi. Donc en soit c'est pas déconnant. Mais après ai-je envie de voir un Indiana Jones tout ramolo ? Non, je ne crois pas ou alors, comme sus mentionné dans les commentaires, être présent en tant que "mentor" (avec Shia en acteur principal par exemple) mais est-ce que le film aurait la légitimité de s'appeler "Indiana Jones et ...." mouais, je ne sais pas.
Et faut le dire depuis que j'ai vu cette photo :
Je rêve que Chris Pratt reprenne ce rôle.
*part changer de culotte*
Au niveau de choix du casting je ne trouve pas du tout qu'il soit centré sur du caucasien only (Demi Lune, Sallah), surtout pour des films qui se déroulent en 1935 (plus ou moins) et tourné en 1980 (et des brouettes) ça reste assez cohérent. Et j'ai le même avis sur les "clichés", je pense qu'ils sont là pour situer l'action donner une empreinte au film, pas pour émettre des généralisations, donc de là à dire "Racisme"...
Après, au niveau des actrices, j'ai pas d'opinion. J'adore Marion, Elsa et même Willie. Et moi aussi si j'avais eu M. Jones en prof d'archéologie, j'aurais écrit "Love you" sur mes paupières.
Ah oui et GOGO Indiana Jones c'est juste mes films préférés ♥