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De l'art d'échouer...

Les pires conseils qu’on m’a donnés — La nutrition

Tous les sujets du monde sont propices à générer de bien mauvais conseils. Voici des exemples concernant la nourriture.

Je vais pas revenir sur mon amour pour la nourriture, je crois qu’on a fait le tour de la question dans un précédent article : Chroniques d’une fille qui aime (un peu) trop manger. Dis-toi juste que c’est un des trucs qui fait que ma vie n’est pas que jolie : elle est sublime.

Ceci étant dit, quand on aime très fort manger, on doit souvent apprendre à avoir quelques réflexes pour ne pas se noyer dans le cholestérol ou manquer de nutriments. C’est un apprentissage sur plusieurs années pour trouver un équilibre entre « me faire tout le temps plaisir » et « faire gaffe à ne pas transformer mon sang en gras ».

Alors pour ne pas me tromper ou pour régler de petits soucis, j’ai demandé des conseils. Mais comme j’étais un peu neuneu, on ne peut pas dire que j’allais forcément m’adresser aux bonnes personnes. Ou, quand je le faisais, je comprenais mal leurs conseils et faisais donc n’importe quoi. J’te jure, quand j’étais petite, franchement, j’avais pas inventé la poudre à couper le beurre. Ça me mettait dans des situations gênantes, voire catastrophiques.

Voici les pires conseils qu’on m’a donnés autour de la nutrition.

« Manger des carottes, ça donne de belles fesses roses »

Il existe une sorte de légende qui voudrait que les carottes donnent de belles fesses roses. Je sais pas pourquoi.

Oh, attends, j’ai peut-être une explication avec cette scène de La Secrétaire, film dans lequel Maggie Gyllenhaal se prend des fessées. Je l’ai pas vu, mais vu que là, elle mange des carottes et que son partenaire est au niveau de ses fesses, peut-être s’apprête-t-il à la fesser, laissant une empreinte rose sur les blanches fesses de la zouz.

carottesOu peut-être faut-il se la mettre dedans, la carotte, pour qu’elle pimpe les fesses.

Mais à part ça, j’ai beau manger plein de carottes (désormais plus par goût que par envie de voir mon fondement revêtir les couleurs d’un coucher de soleil), mon séant est toujours la partie la plus claire de mon anatomie.

« En cas de constipation, mange des pruneaux »

Quand j’étais à la fac, j’ai eu (eh, salut, bonsoir, parlons étron pour améliorer mon capital sexy) une gastro. Pour que ça passe plus vite, je me suis gavée de carottes cuites et de riz, afin de consolider ce qui n’était plus que geyser. Le problème, c’est que j’en ai tellement mangé qu’à la fin, j’ai eu l’effet inverse : j’ai connu la constipation. Un drame fort handicapant : mon ventre était tellement gonflé que je risquais de blesser des gens quand j’essayais de me faufiler dans le bus blindé.

Je n’étais plus malade et je pouvais donc retourner en cours, mais j’étais vraiment pas bien. Alors en attendant le bus avec une amie, je lui ai parlé de mon inconfort intestinal et elle m’a dit : « Moi quand je suis constipée, je mange plein de pruneaux et ça marche vachement bien ».

Ça tombait bien : il y avait une supérette juste derrière l’abribus et mon transport était en retard. J’ai couru choper un paquet de pruneaux, je l’ai payé, et sur le chemin j’en ai mangé. Plein. Vraiment vraiment beaucoup. Le paquet, en fait. Le paquet format économique.

Pendant quelques heures, rien ne s’est passé. Et au milieu de la matinée, soudain, l’angoisse :

mon ventre a commencé à grouiller. Fort. Très fort. Bien sûr, j’aurais pu sortir de l’amphi et me rendre aux commodités, si je n’avais pas un léger problème : une incapacité à aller aux toilettes ailleurs que chez moi.

Toute la journée, j’ai souffert. J’ai toussé très fort pour faire du bruit au-dessus de mes bruits de ventre. Je me courbée sur ma chaise, de la sueur perlant constamment sur mon front. La violence des images que j’avais en tête me revient, maintenant que j’y repense. Des images principalement composées d’explosion.

« Pour maigrir, ma mère mange des substituts de repas, tu devrais faire pareil »

Quand j’étais petite, il y a eu une période pendant laquelle j’étais en léger surpoids parce que je passais ma vie à manger des bonbons en cachette. L’école primaire étant un nid à insultes, je m’en prenais plein la face par mes camarades de classe et j’ai développé des complexes qui ont mis plus d’une décennie à s’atténuer (parce que les complexes, c’est un peu comme les suçons : ça va vite à choper mais alors pour s’en débarrasser, BONJOUR).

Un jour que j’étais vraiment pas bien du tout parce que Jean-Xavier avait dit qu’il faudrait au moins deux semaines pour faire le tour de moi en marchant, « tellement t’es grosse », je me suis mise à pleurer et j’ai demandé à une copine venue me réconforter ce que je pouvais faire pour maigrir. J’avais 8 ans. Chercher à faire un régime à 8 ans, oui. Niveau cruauté, les enfants sont les pires des sadiques. Elle m’a donc répondu, avec la meilleure des volontés, que sa maman prenait des substituts de repas.

Alors j’ai accompagné ma mamie faire des courses et j’ai caché ça dans son caddie, puis dans son frigo. Le problème, c’est que je savais pas ce que ça voulait dire, « substitut ». Je les mangeais donc en dessert, après un bon gros repas.

Manger un substitut de repas hyper-protéiné censé caler une personne normalement constituée APRÈS un repas conséquent, comment te dire… Le résultat n’a pas vraiment été flagrant. En tout cas, pas dans le sens que j’espérais. JeanXavier était toujours obligé de se séparer pendant deux semaines de ses parents pour faire le tour de ma personne.

butter carbRegina George, mon nouvel animal totem.

J’ai très vite arrêté les substituts de repas et mis ça sur le compte de « mon métanonisme ».

« C’est meilleur pour la santé de manger très peu le soir »

L’adolescence est pour certain-e-s une période où on s’échange des conseils nutritionnels en pensant détenir la clé de la minceur. Quand j’étais ado, j’avais un boule assez conséquent que j’aime beaucoup quand je retombe sur des photos, mais qui me rendait malade quand j’avais le malheur de me regarder de dos dans une glace.

Puisque j’avais tout de même une certaine logique dans mes complexes, j’étais allée demander à mes copines les plus fines comment elles faisaient pour avoir le corps comme une liane. La réponse était « Rien ». Soit très sportives, soit pourvues d’un métabolisme mangeur de graisses, elles ne faisaient pas attention à leur alimentation. L’une d’entre elles m’a quand même dit « j’ai lu qu’il y avait des gens qui mangeaient très peu le soir, j’sais pas ce que ça vaut ».

Tu devineras jamais ce que j’ai fait, hein ? Le suspense est, il faut bien l’avouer, insoutenable.

J’ai évidemment décidé de très peu manger le soir, sans qu’aucune réprimande, dispute ou leçon de mes parents ne me fasse changer d’avis. Pendant plusieurs mois, j’ai pris ce rythme-là, et ça m’a rendue folle. Moi qui aimais par-dessus tout (ou presque) l’heure du repas, je connaissais tous les soirs un ascenseur émotionnel quand je sentais les bonnes odeurs de cuisine et que je me rappelais m’être promis de ne manger que la moitié de mon assiette. Avant de passer une bonne partie de la nuit éveillée, incapable de trouver le sommeil tellement j’avais faim. 

Heureusement, au bout d’environ une année scolaire, l’amour de la nourriture a été plus fort et j’ai fini, après de longs, longs mois à aller d’extrême en extrême, à retrouver un rapport sain à la bouffe.

C’est vrai qu’aujourd’hui, j’essaie de manger un peu moins le soir que le midi, parce que si je me blinde trop le bide je passe la nuit à faire des cauchemars et à me réveiller avec des douleurs, comme tout le monde. Mais clairement, j’ai manqué de jugeotte et ce n’est pas un conseil mauvais qu’on m’a donné, mais une réflexion en l’air que j’ai suivi bêtement. Au lieu d’écouter mon corps et mes besoins, j’ai écouté mes complexes et l’envie de ressembler à un idéal physique que je m’étais inventé.

Autant te dire que si je croisais l’ado que j’étais à l’époque à un dîner, j’aurais deux ou trois trucs à lui spoiler sur la continuité de sa vie et l’estime de soi en général…

Et toi, c’est quoi les pires conseils qu’on t’a donnés, et surtout que tu n’as pas su ne pas suivre ?


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

26
Avatar de Raimonde
2 janvier 2015 à 13h01
Raimonde
Salut les Madz' !
Je suis nouvelle sur le forum j'espère que je ne poste pas au mauvais endroit !
Je suis étudiante en DUT de diététique et je cherche des Madz' diététiciennes pour discuter un peu des débuts dans le métier, des poursuites d'études envisageables etc.Y'a t-il une diet dans le coin?
Bonne année à toutes au passage !
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