L’éducation à la citoyenneté, ce n’est pas facile. On est tou•tes passé•es par les cours d’éducation civique ennuyeux à mourir, et souvent ce qu’on a appris en cinquième, on ne s’en souvient plus très bien aujourd’hui.
Mais il existe des moyens pour pratiquer une éducation à la citoyenneté plus ludique, surtout plus concrète et plus efficace. Et pour ça, il y a de super outils. Aujourd’hui à l’honneur : les conseils municipaux des jeunes (CMJ).
Alors pendant la période de Noël, revenue dans ma campagne natale, je suis allée à la rencontre d’une petite dizaine de jeunes. Dans leur commune d’environ 1000 habitant•es, à Saint-Léger-de-la-Martinière (Deux-Sèvres), ils font vivre leur CMJ avec deux conseillères municipales !
Un conseil municipal des jeunes, c’est quoi ?
À Saint-Léger-de-la-Martinière, ils sont neuf jeunes à se réunir régulièrement en conseil.
Un CMJ peut prendre des formes variables selon les communes, puisqu’il n’existe pas de règles établies au niveau national. L’association Anacej les réunit. Mais l’idée, en général, c’est de permettre à des jeunes de donner leur avis sur les actions du conseil municipal « des grands ».
À Saint-Léger-de-la-Martinière, ils sont neuf jeunes et enthousiastes conseillers municipaux, entre 7 et 11 ans (mais les règles qu’ils ont définies ensemble étaient en fait plus larges, jusqu’à 17 ans).
« On se voit à peu près une fois tous les deux mois ! »
En tout cas, s’ils sont là, c’est parce qu’ils étaient curieux et voulaient découvrir le fonctionnement du conseil municipal, comme Maiwen :
« Je voulais voir comment ça se passait, les réunions. »
Et pour faire quoi, alors ? C’est assez varié… « Le premier truc c’était faire le logo du CMJ ! ». Et depuis, pendant les réunions, ils discutent des projets qu’ils veulent mettre en place. À les entendre, ils n’ont pas manqué d’idées, notamment pour animer la commune :
« On a organisé un concours photo », explique Malou.
« On veut organiser des activités pour les jeunes comme aller à la pêche », renchérit Jérémy.
Et le projet est expliqué plus précisément par Françoise Butré, la conseillère municipale en charge de la Jeunesse :
« C’est un projet qui concerne un terrain que la commune a acheté, dont il faut décider quoi faire. Donc on les associe à la réflexion, et effectivement il y a une mare sur ce terrain, dans laquelle il y a une surpopulation de poissons, donc on va sans doute pêcher.
Mais il y a eu plein d’autres belles idées, c’est en réflexion pour voir ce qu’on peut mettre en place entre les pédalos, les nichoirs, les cabanes dans les arbres ! »
Lorsqu’on demande à Victor d’expliquer l’idée du moment, celle qui les motive depuis la création du CMJ il y a un peu plus d’un an et qui suscite un enthousiasme palpable, il fait un peu son timide avant de se lancer :
– On veut organiser une course de vélo ! – Mais il faut encore réfléchir parce qu’il faudrait mettre une interdiction de passer aux voitures. – On pourrait le faire sur le terrain de BMX sinon !
Le conseil municipal des jeunes : un enjeu d’éducation (intergénérationnelle)
Outre les décisions qu’ils prennent en conseil, les jeunes conseillers et conseillères se rendent à un certain nombre d’événements :
« On a participé à des cérémonies comme pour le 8 mai et le 11 novembre, et on a aussi fait les Journées du Patrimoine, les vœux du maire et puis le Téléthon. »
« Pour le 11 novembre, on avait lu des lettres, en rapport avec la Première Guerre mondiale. »
Ils apprennent la citoyenneté « par le faire ».
Dans ce contexte, comme à l’occasion des Journées du Patrimoine, le conseil avait fait intervenir une association, Pays d’Art et d’Histoire :
« Deux intervenantes sont venues échanger avec les jeunes, leur poser des questions, leur faire découvrir les symboles de la République qu’ils ont à leur tour fait découvrir aux visiteurs. »
– Moi je faisais la Marianne ! – Moi la Marseillaise. – Je faisais la devise !
À lire aussi : Cyrus North te parle élections, abstention… et ça vaut (vraiment) le détour
Derrière tout ça, il y a un vrai enjeu citoyen :
« L’idée c’était de les faire participer, de les intéresser à ces sujets là. Qu’ils se sentent concernés, consultés et qu’ils comprennent que leur avis est légitime. »
Et visiblement, s’exprimer ça leur plaît, vu la réaction de Jérémy et Sokhna :
« C’est un petit peu comme si on avait une heure de plus en classe sauf qu’on a le droit de parler fort ! »
« On sert à quelque chose. »
Et l’éducation, ce n’est pas que dans un sens. Le travail intergénérationnel, ça marche aussi très bien :
« On a fait la « matinée binette », on arrachait les mauvaises herbes avec les mains. »
« C’était une façon pour qu’ils participent à la sensibilisation des adultes sur le sujet des produits phyto-sanitaires, qui ne peuvent plus être utilisés par les mairies. Donc ils font de l’éducation, du jeune vers l’adulte, et ça aussi c’est important ! »
Comment mettre en place un conseil municipal des jeunes ?
Les CMJ existent dans beaucoup de communes. Et si ce n’est pas le cas chez toi, ça peut être intéressant à initier. Si tu es conseiller•e municipale (c’est possible dès 18 ans, pour info), tu peux faire germer l’idée !
À Saint-Léger, l’idée est partie de la commune, qui a en général une politique tournée vers la jeunesse importante, et les enfants ont été recrutés notamment à travers l’école et le bouche à oreille.
Chacun peut faire germer l’idée d’un conseil municipal des jeunes.
Mais dans d’autres cas, les jeunes eux-mêmes peuvent demander la parole. Et il n’est pas nécessaire d’avoir moins de 12 ans : comme dit au départ, le CMJ est ouvert jusqu’à 17 ans et les règles ne sont pas fixées au niveau national.
Pour se lancer, il suffit par exemple de rendre visite au maire de ta commune, et de venir défendre ton idée. Ça existe dans les villages comme le prouve cet exemple, mais aussi dans les plus grandes villes : il y en a par exemple un à Paris.
Il faut juste une bonne dose de volonté, mais c’est très formateur pour tout le monde !
Et toi, tu fais ou a fait partie d’un CMJ ? Qu’est-ce que tu en as appris ? Sinon, ça te tente ?
À lire aussi : Politique, société, démocratie… et si, plutôt que de se résigner, on se retroussait les manches ?
Les Commentaires
Il n'y a pas encore de commentaire sur cet article.