Cet article a été écrit dans le cadre d’un partenariat avec Bac Films. Conformément à notre Manifeste, on y a écrit ce qu’on voulait.
La partie du cerveau grâce à laquelle nous sommes capables de prendre des décisions est encore en développement pendant l’adolescence.
Et si nous pouvions parler à l’adolescente que nous étions ?
Ceci est sans doute la seule explication scientifique valide permettant de comprendre pourquoi, bien des années plus tard, il peut nous arriver de nous demander « mais qu’est-ce qui m’a pris ? » en repensant à certains de nos choix ou comportements.
Du coup, si nous pouvions remonter le temps pour parler à l’adolescente que nous étions à cette époque, quels conseils voudrait-on lui donner ?
La rédac s’est essayée à l’exercice, et si quelques-uns de ces conseils visent effectivement à éviter certaines erreurs, avec le recul de l’expérience, on se rend compte qu’on n’était pas tant à côté de la plaque que ça, parfois !
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Conseils à l’ado que j’étais : amour & relations
Au palmarès des conseils qu’on se donnerait, on commencerait par relativiser ces drames qui, avec le recul de l’âge, n’étaient pas si graves que ça. Ainsi témoigne Virginie :
« Non, ta vie ne s’arrête pas quand ton premier véritable amour te largue. J’ai cru que mon cœur allait s’arrêter de battre, que je ne serais plus jamais amoureuse, etc. Bah non.
Donc je conseillerais à mon moi adolescent de mettre une petite robe et d’aller draguer le chaland tant qu’elle le peut encore. Et d’avoir plus confiance en elle : c’est fou le nombre d’échanges de salive que j’ai ratés parce que je n’y croyais pas ! »
Expérimenter, c’est bien, mais seulement si on en a envie. Mircéa Austen enverrait volontiers bouler la pression sociale :
« Arrête de sortir avec des mecs juste parce qu’ils te le proposent et que tu crois que c’est un passage obligé que de sortir avec des mecs, bordel !
On sort avec quelqu’un quand on le connait et qu’on l’aime bien, pas juste parce qu’il est grand et qu’il fait plus vieux, c’est une erreur, ne fais pas ça ! En même temps, si t’avais pas fait toutes ces erreurs, on se serait pas autant amusées, hein ! »
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Sophie aurait moins peur de la solitude :
« Ne reste pas en couple avec des mecs que tu n’aimes pas simplement parce que tu as peur d’être seule. Ne te mets pas en couple avec un mec simplement parce que tu trouves ça cool d’être aimée, alors que c’est le seul truc positif que tu ressens pour eux. »
Cy. serait beaucoup plus cash avec elle-même :
« Ce con va te larguer, mais continue à vivre ta vie, ces soucis vont t’apprendre la vie mille fois plus vite ! »
Conseils à moi-même en coaching & développement personnel
À propos « d’apprendre la vie », plusieurs d’entre nous se donneraient bien des conseils portant sur « le développement personnel ». On nous a peut-être beaucoup rabâché qu’il fallait « qu’on grandisse un peu », qu’on devienne « responsable », et même (horreur !) « adulte ». Mais concrètement, qu’est-ce qui nous aurait aidées à faire ce chemin ?
Célia se conseille un recentrage sur elle-même.
« Donner une image de toi que le monde extérieur aime ne te permettra pas de savoir qui tu es, alors arrête d’essayer de plaire à tout le monde, de répondre aux codes ou d’être populaire.
Essaie plutôt d’apprendre à te connaitre, et de te sentir bien dans ta peau plutôt que bien dans ta carapace. L’assurance s’acquiert avec la confiance en soi.
Apprends à vivre avec toi-même avant d’essayer de vivre avec les autres et prends ton temps, ne te précipite pas, les choses te tomberont dessus assez vite alors ne fonce pas tête baissée. »
Pour Hawley aussi, être attentive et ouverte au monde extérieur c’est bien, mais s’écouter soi-même est encore mieux pour pouvoir forger sa personnalité :
« Avant d’adopter une mode ou une passion, demande-toi si tu le fais pour toi ou pour les autres. Tout apprendre sur le snowboard parce que ça te passionne, c’est super ! Mais si dès qu’il n’y a plus personne pour être témoin de ta passion, ça ne t’intéresse plus, c’est que tu perds ton temps avec ça.
Avoir des points communs avec des gens c’est cool, mais si tu n’es pas sincère, les autres finiront par s’en rendre compte et tu passes à côté d’autres choses qui paraissent peut-être moins swag, mais qui te rendraient plus heureuse. Genre le point de croix. »
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Sophie s’aiderait à gagner en maturité, en dépassant sa jalousie et certaines angoisses :
« Oh, et ne sois pas jalouse. N’envie pas ceux et surtout celles qui réussissent a priori mieux que toi. N’envie pas celles que tu trouves plus jolies que toi. Ça fait de toi une personne acide, presque méchante, et t’apprendras dans quelques années que la méchanceté, ça bouffe pas mal d’énergie. Et ça rend con.
Tu vois les filles que tu insultes dans ton esprit parce qu’elles portent des jupes courtes ? Bah ça, c’est con. C’est pas parce que toi t’arrives pas à assumer ton physique pour le moment que tu dois basher celles qui s’aiment bien. C’est du slut-shaming, troudbal, et tu vivras ça de l’autre côté un jour, j’peux te dire que ça fera pas plaisir.
Justement, ça me permet une transition : t’inquiète pas, tu perdras ta virginité bientôt, arrête d’angoisser, t’es con, c’est rien tout ça. »
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Cy. semblait avoir des objectifs bien précis :
« Cesse de t’en faire pour ton futur, cesse d’écouter les vieux qui radotent sur le plein emploi et le malheur que tu as de naître dans un monde ou tu n’auras pas de travail. Dessine encore plus ET APPRENDS À FAIRE LES MAINS BORDEL C’EST IMPORTANT. »
LadyDandy n’a pas trop de regrets, alors si elle avait un message à se faire passer, ce serait celui-ci :
« T’inquiète, ce sera bientôt fini. Bientôt tu rencontreras des gens avec qui tu ne seras plus en si gros décalage, bientôt tu pourras assumer qui tu es parce que les claques que tu te prends mine de rien ça fait une sacrée carapace, bientôt tu commenceras (commenceras seulement) à lâcher du lest et à vivre.
T’inquiète pas Coco. C’est qu’un mauvais moment à passer.
Après, sois peut-être un peu plus indulgente. Tout le monde ne grandit pas au même rythme et tu ne vaux pas mieux que les autres parce que tu as eu la chance d’être encouragée à faire des trucs culturels approuvés par les élites. »
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Léa S. aussi apprendrait à « lâcher du lest », avec un peu de recul.
« Profite un peu plus de la vie et SOURIS. Ne fais pas la gueule au collège pour te donner un genre parce que t’es pas assez badass, ça ne sert à rien et ça n’attire pas les autres.
Tu travailles en cours, c’est bien, continue, mais apprends à être moins sérieuse et à lâcher du lest. Ne sois pas aussi casanière, tu vas virer dans l’autre sens. N’en veux pas à ta mère : plus tard, tu vas comprendre beaucoup de choses et tu regretteras.
Tu vas perdre de vue celle que tu appelles ta meilleure amie. C’est pas grave, c’est la vie, vous aurez juste changé et tu vas rencontrer un tas de personnes chouettes par la suite. Oh, et t’as de la chance : tu viens de faire la connaissance d’une autre nana fantastique. »
Léa B. serait un peu plus patiente avec ses parents, mais aussi avec elle-même :
« Sois gentille avec ta mère et ton père et cesse de voler toutes les sapes de ta grande sœur. Prends ton temps, tu es bien jeune, ne précipite pas les choses pour te faire remarquer et faire la grande comme les autres alors que tu es encore trop jeune (en plus t’as un an de moins parce que t’as sauté une classe !).
Tu peux fumer mais t’arrêteras à 20 ans parce que tu te rendras compte que c’est con. Arrête de te comparer et te rabaisser par rapport à ta soeur.
Aie confiance en toi et chéris tes amis qui seront toujours tes meilleurs amis dix ans plus tard. »
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Nique tes complexes !
Ah, l’adolescence, cette période de découvertes, et notamment celle de l’étendue infinie des complexes que l’on peut développer par rapport à son corps ! Sur ce point, la rédac est unanime : niquons les complexes, vraiment.
« Cesse de pleurer sur ton poids, ça va passer, tu vas en chier un peu mais ça va passer. Ton orthodontiste TE MENT, tu vas en tirer pendant encore un an chérie. » – Cy.
« Arrête de croire que tu es moche et que tu plairas jamais, parce que c’est faux. Cesse de complexer comme une malade sur tes cheveux et de vouloir les lisser pour plaire à tout le monde. Tu fais ce que TU veux, et dans quelques années, on te couvrira de compliments sur tes foutues boucles.
N’hésite pas à te mettre en short, plus tard tu le feras sans problème alors que tu auras des cuissots bien plus gros. Continue à t’habiller comme un clown même si on te critique, l’adolescence est faite pour tenter des trucs. » – Léa S.
« Profite de tes cuisses, bientôt tu auras de la cellulite. Et non, ni le sport ni la bouffe n’y changeront jamais rien. ENJOY tant qu’il est teeeeeeemps ! » – Mircéa Austen
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« Arrête de te croire grosse alors que tu auras 10 kilos de plus après ! Arrête de te croire grosse parce que les meufs à la danse sont maigres ! Prépare-toi à avoir 10 ans d’acné ma vieille, je sais que c’est chaud, mais c’est la vie. » – Léa B, et l’art de relativiser.
Co… Comment ça 10 ans d’acné ?!
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Si je pouvais parler au moi ado, je lui dirais de se faire confiance
C’est un peu paradoxal : l’adolescence est l’âge des expériences, des tentatives, des hésitations, et souvent, de bien belles claques. Et pourtant, même avec le recul, nous serions plusieurs à nous donner ce conseil : fais-toi confiance. Étonnant, non ?
Pour Léa S., c’est un moyen de relativiser les épreuves du présent :
« D’une manière générale, essaye de prendre confiance en toi. Ces gens qui te pourrissent l’existence ? Ne te laisse pas atteindre : dans 10 ans, tu les auras presque oubliés.
Cesse de les envier tout en les détestant, ta vie te rendra assez heureuse pour que tu n’aies pas à te comparer à eux. »
Moi, je pense que j’irais plutôt dire à tout mon entourage : « taisez-vous tous ! J’ai raison, et je le sais, car je viens du futur ! ».
Je me rends compte avec le recul qu’énormément de mes intuitions d’adolescente étaient les bonnes. J’avais envie de faire du théâtre, j’avais envie d’écrire, j’avais envie de faire quelque chose qui ait du sens.
J’avais envie de m’engager dans l’associatif, l’humanitaire, tout en sachant pertinemment que je n’y ferais jamais fortune. Je me disais que l’argent ne serait pas ma priorité.
Mais j’ai laissé les adultes, mon entourage, et cette autre partie de moi-même ranger ces aspirations au placard de mes rêves adolescents. Parce que je n’étais pas encore adulte justement, je n’avais pas cette sacro-sainte expérience de « la vraie vie », j’ai suivi d’autres voies, plus « raisonnables », plus convenables.
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Mais dix ans plus tard au final, je suis revenue à mes premières intuitions : l’écriture, l’engagement, le sens.
Si je pouvais revenir en arrière pour donner un conseil à moi-ado, je me mettrais en garde : tout le monde n’a pas la chance de pouvoir se planter aussi royalement, pour si peu de conséquences.
J’en profiterais pour tenter plus de trucs, en foirer davantage, prendre plus de risques, avec toujours le même fil conducteur : faire confiance à mes intuitions, à mes envies. Me faire confiance.
Mircéa Austen aussi suivrait davantage ses propres intuitions :
« Ne cherche pas à faire la plus grande, à faire la plus gamine, méfie-toi de ceux qui pensent te connaître mieux que toi-même et suis ton intuition. »
Sophie non plus ne laisserait plus les autres l’influencer dans ses choix :
« Ne perds pas ton temps. Franchement, arrête de t’enfoncer dans des études qui ne te plaisent pas, qui te dépriment et qui te rendent molle de la motivation et de l’envie de vivre parce que tu as peur de décevoir tes parents.
Fais-toi confiance : si tu n’es pas bien là où tu es, c’est que tu seras forcément mieux ailleurs. En gros, fie-toi plus à ce que TOI tu ressens plutôt qu’à ce que les autres ressentent.
Ce ne sont pas les autres qui vont vivre ta vie, dans ta peau et dans ton quotidien, alors ne les laisse pas décider pour toi (aussi bonnes leurs intentions soient-elles). »
Niveau maquillage, tu peux tout de même faire confiance aux bons conseils de Virgine
Suivre ses instincts, ses passions, nous serions plusieurs à nous le conseiller, n’est-ce pas Léa S. ?
« Oh, et surtout, continue à écrire tes poèmes à la con, à créer des blogs et à traîner sur Internet. Ça pourrait bien te mener quelque part ! »
« Ouvre un PEL ! », et autres conseils pragmatiques à l’ado que j’étais
Et pour le mot de la fin, je cite Sophie avec ce conseil qui s’applique à toute notre génération, nous, génération trompée par Friends, qui se voyait déjà vivre en coloc dans de grands appartements, à passer nos après-midi dans le même café, avec nos potes.
« Ah, et enfin : cesse tout de suite de penser que tu vivras seule dans 35m² à Paris, dans le quartier lâââtin, quand tu seras étudiante. Ça n’arrivera pas, espèce de zozo, la vie, c’est cher. »
Un conseil à coupler avec cette autre excellente suggestion de Léa B :
« OUVRE UN PEL DÈS MAINTENANT LOL »
Et oui, nous avons sans doute toutes appris bien assez tôt que Friends nous avait menti, et qu’au vu du marché immobilier, nous serons peut-être propriétaires en 2075… si tout va bien.
Il n’est jamais trop tôt pour ouvrir un PEL.
Et toi, quels sont les conseils que tu donnerais à l’adolescente que tu étais ? Viens les partager dans les commentaires !
Tu es en plein dans l’adolescence ? Alors, que penses-tu de tous ces conseils ?
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Les Commentaires
1) "Ne te laisse pas bouffer la vie par ces gens et ces soucis qui n'en valent pas la peine. Ne perds pas trois ans à tenter de te faire accepter par ces crétins parce que de toute façon dès que tu arriveras au lycée tu ne les verras plus jamais. Garde tes amies, celles qui t'ont été fidèles, celles desquelles tu t'es coupée pour les protéger, parce que tête de con, si elles sont restées avec toi c'est parce qu'elles voulaient subir ça avec toi, bordel."
2) "Ne sors pas avec des mecs parce que c'est cool. Ton premier vrai copain tu l'auras en première ma grande. Eh ouais. Le reste, avant, ce sera juste du foutage de gueule pour montrer que t'es une grande et le pire c'est que tu leur feras du mal et que t'agiras comme une vraie connasse."
3) "LARGUE CE CONNARD. Ne le laisse pas passer plus d'un an à te bouffer la vie. Dépêche toi de te libérer de son emprise sinon bah t'es mal barrée, je suis bien placée pour te le dire."
4) "Fais ce que t'as envie de faire. C'est bien t'as eu ton bac mais c'est pas pour autant que tu dois faire un doctorat ensuite. Fais ce que tu veux dans la limite du raisonnable et de la morale. Et aime ta mère. Ton père c'est un trou du cul, mais ta mère c'est la meilleure de toutes les mamans, j'en connais quelque chose, alors aide la, elle en a besoin."
5) "Bon courage gamine."