Dernièrement, je parlais avec une copine de #MeToo, la vague de témoignages autour des violences sexuelles. Elle m’a avoué avoir très peur de rencontrer des mecs, parce qu’elle craignait d’être violée.
Pas dans le sens « couteau sous la gorge », non… Elle a peur de ne pas réagir si un mec lui met la pression, va jusqu’à la forcer.
C’est vrai que de nombreux témoignages d’agressions parlent de sidération, le réflexe de protection du cerveau qui « sort » la victime de son corps, l’immobilise, la coupe totalement de la réalité et l’empêche de se débattre.
Mon amie se rend bien compte qu’elle se met une pression énorme en allant jusqu’à refuser d’envisager une relation de séduction avec un homme. Si on part du principe que chaque mec est un agresseur potentiel, les rencontres positives deviennent impossibles.
En même temps, je la comprends. J’ai souvent fait semblant d’être à l’aise au moment où j’arrivais chez un mec, que la porte claquait sur nos talons… alors qu’en mon for intérieur, je me disais :
« S’il voulait m’agresser, là, maintenant, ça serait tellement simple. »
Pour me sentir plus en sécurité, j’ai élaboré quelques techniques visant à tester les mecs lors du premier rendez-vous.
Scanner le monde, ma passion.
Le but est de voir si on s’accorde sur mes valeurs féministes et surtout si j’ai l’impression de courir un danger en côtoyant tel ou tel homme. Ces techniques, je les ai filées à ma copine. Les voici.
Important !
Cet article n’est pas un tuto « comment ne pas être victime de viol ». Il s’agit simplement de conseils pour tester les bases lors d’une première discussion.
Ça ne permet pas d’éviter un viol, vu que SEUL LE VIOLEUR PEUT ÉVITER DE VIOLER.
Faites (beaucoup) parler le mec au premier rendez-vous
Je me vois assez mal demander cash à quelqu’un s’il pense que violer c’est mal.
Déjà parce que globalement, tout le monde va être d’accord sur le fait que le viol c’est mal, mais aussi parce que le consentement, le sexe, le désir, ce n’est pas tout blanc ou tout noir.
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Certain•es pensent très sincèrement que le viol, c’est mal… tout en estimant qu’un mari ne peut pas violer sa femme, car elle lui doit des relations sexuelles de toute façon.
Et puis, sans parler de sujets aussi graves que le viol, je n’ai pas envie qu’on juge ma sexualité, ou qu’on me dise que si ma copine a été emmerdée dans la rue, c’est peut-être parce qu’elle l’avait bien cherché.
Elle n’avait qu’à ne pas exister si elle voulait être tranquille
Mon truc, c’est d’aborder ces sujets par le prisme de l’actualité.
Par exemple, #MeToo en ce moment est très parlant : qu’est-ce que votre interlocuteur en pense comédie ? Estime-t-il que certaines victimes en font « trop » ? Est-ce qu’il se concerné, attristé, ou plutôt agressé par ces témoignages ?
Si aucun sujet d’actualité ne vous vient en tête, vous pouvez vous appuyer sur des personnalités, comme Miley Cyrus. Cette meuf est un bon moyen de découvrir subtilement ce que l’autre pense des meufs qui se trémoussent le cucul à l’air.
Est-ce que le rencard estime plutôt qu’elle est « vulgaire » ou bien qu’elle fait ce qu’elle veut de son corps ?
Évidemment, je ne dis pas qu’un gars qui trouve Miley Cyrus vulgaire est un violeur ! Mais ça peut indiquer une façon de pensée qui pourrait, par la suite, se retourner contre moi et me heurter.
À vous de voir si, en cas de désaccord, il ne s’agit que d’un manque de sensibilisation sur le sujet ou carrément d’un rejet total. Et ça nous mène au conseil numéro 2…
Demandez des précisions au mec si une remarque vous titille
Avant, quand une personne disait un truc qui me faisait sourciller, du style :
— Nan mais attends, elle cherche la merde aussi cette meuf à draguer des mecs puis à leur foutre des râteaux !
Alors je la cataloguais directement comme sexiste. Aujourd’hui, je préfère d’abord lui demander pourquoi elle a dit ça. Je creuse.
Magie magie, certaines personnes reviennent sur leur propos, les font évoluer, les expliquent… Et d’autres confirment les intentions que je prêtais.
Je ne vois pas ça comme un échec, je me dis qu’au moins je suis certaine de leurs opinions, que je ne juge pas sur un simple pressentiment !
Testez la réaction du mec au « non », et son respect du consentement
Pour finir, voici un test que j’utilise quand j’ai l’impression que l’autre a un fort potentiel relou (voir dangereux).
Je lui demande quelque chose (qui, au fond, n’a pas vraiment d’importance pour moi)… avant de me rétracter. Le but est de voir s’il écoute mes « non ».
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Par exemple, je peux lui proposer un autre verre avant de dire que finalement, je n’ai plus soif, ou que je suis claquée, que je vais rentrer.
Comment la personne réagit-elle ? Cherche-t-elle à m’encourager gentiment ? Ou me force-t-elle carrément la main ?
Dans la même idée, si on commence à s’embrasser, il peut m’arriver de lui demander d’arrêter.
Au fond, je m’en fous d’un bisou. Mais si je vois qu’il cherche absolument à continuer alors que je viens de lui dire d’arrêter, ça ne me donne pas confiance DU TOUT pour la suite.
J’ai connu un mec qui s’est mis à bouder après ce stop. Bouder, tout à fait !
Est-ce que montrer sa langue donne plus envie d’embrasser ? Non.
Quand j’ai l’impression que l’autre ne prend pas en compte mes « non », même pour une situation qui peut sembler aussi superficielle, j’essaye de recadrer.
J’explique que je sais ce que je veux, je rappelle que je suis une personne autonome, avec mes propres envies et désirs que je suis tout à fait capable d’exprimer.
Si ce recadrement ne marche pas, je me casse. Ce comportement ne voulait assurément pas dire qu’une fois au pieu, le mec allait forcément m’agresser sexuellement, mais il a suffi à m’inquiéter.
On ne peut pas se protéger à 100% d’une agression, mais on peut tenter des choses
Il est impossible de prévenir à coup sûr des viols, et la faute n’est jamais celle de la victime. C’est celle des agresseurs.
Cependant, j’ai envie que mon amie s’amuse et surtout qu’elle rencontre des gens bien (parce qu’il y en a des tas). Alors si ces petites astuces peuvent l’aider à prendre confiance, je suis super heureuse !
Il faut aussi prendre en compte que tout le monde n’a pas les mêmes limites. Un comportement pourra me sembler très normal mais faire flipper ma pote, par exemple.
Le tout est de savoir poser ses propres limites pour être à l’aise. Vous avez des astuces pour repérer les relous, vous ?
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