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Congeler ses ovocytes, un progrès pour les femmes ?

Aux États Unis, Facebook et Apple pourraient proposer à leurs employées de congeler leurs ovocytes, leur permettant de décaler leurs projets de grossesses, et ainsi poursuivre leurs carrières (si tel est leur souhait). Progrès, faux débat, ou WTF ?!

Le saviez-vous ? Du 10 au 17 octobre, en France, c’était la semaine de l’égalité professionnelle, instaurée par Najat Vallaud-Belkacem alors qu’elle était ministre des Droits des Femmes. Elle vise à attirer l’attention des entreprises sur la nécessité de s’attaquer aux freins à l’intégration des femmes dans les entreprises.

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Découvrez notre magnifique dossier consacré à l’égalité professionnelle

Les écarts de salaires restent importants entre hommes et femmes à postes et compétences égaux, et l’une des causes est la plus grande proportion de femmes qui prennent des congés parentaux entre 28 et 35 ans, soit pile au moment où les carrières décollent.

Aux États-Unis, voilà déjà plusieurs décennies que les entreprises se sont saisies de la mixité comme d’un enjeu de compétitivité. En effet, dans un environnement concurrentiel, chaque entreprise a intérêt à attirer et à fidéliser les meilleurs talents. Et elles ont compris depuis un petit moment déjà que le talent n’a pas de sexe.

Or si elles ne font aucun effort pour intégrer les femmes, les ambiances à la Mad Men colorées des 60-70’s risquent de prospérer. Et si à l’époque, Peggy pouvait s’estimer chanceuse d’être la protégée d’un mentor paternaliste, aujourd’hui, d’autres options s’offrent aux carriéristes féminines.

Les meilleures n’hésiteront pas à aller voir la concurrence si l’ambiance de travail ou les politiques managériales de l’entreprises sentent un peu trop fort la naphtaline.

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La présomption de grossesse

Ne comparons pas trop vite France et États-Unis, car les situations diffèrent notamment sur un point crucial pour l’avancée de l’égalité professionnelle : la gestion des congés parentaux.

La France est l’un des pays les plus généreux au monde en termes de congés maternité, ce qui est une excellente chose pour les femmes, qui peuvent sans souci songer à fonder un foyer, sans renoncer à leur travail. Et de retour de congé, elles peuvent également reprendre une activité à temps partiel uniquement, si tel est leur souhait.

Alors qu’aux États Unis, peu réputés pour leur protection sociale, il est parfois plus rentable pour le foyer que le parent qui a le salaire le plus faible s’arrête de travailler.

Le problème, c’est qu’une « présomption de grossesse » frappe alors toutes les jeunes femmes dans les processus de sélection, qu’il s’agisse d’une embauche ou d’une promotion à l’avancement de carrière. Mise en concurrence face à un homme à âge, postes, compétences et mérites égaux, la jeune femme part avec un handicap : et si elle décidait de faire des enfants ?

Tous les chefs d’entreprise ne sont pas nécessairement misogynes dans l’âme, mais ils évaluent constamment leurs risques. Et le risque pour qu’un•e employé•e décide de faire des enfants est le même selon qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme, au même âge. Sauf que le risque d’absences prolongées pour raisons médicales concerne quand même essentiellement celles qui accouchent effectivement !

C’est vrai qu’une grossesse entraîne une absence prolongée de la femme. C’est vrai que cette absence pose plus ou moins de problèmes à l’entreprise selon sa taille, sa configuration, le poste occupé par la future mère, le degré d’autonomie de ses équipes, etc…

De plus, beaucoup de femmes, de retour d’un premier congé maternité, ont envie de lever le pied niveau boulot. Oui « beaucoup », ce n’est ni statistique, ni scientifique, et pourtant, ça suffit à faire peser une présomption de grossesse et de désengagement professionnel sur toutes les jeunes femmes.

D’autant plus qu’en France, il est interdit, pour un employeur, de questionner un•e employé•e sur ses projets familiaux (ce que certains ne se privent pas de faire malgré tout). Pour éviter de discriminer celles qui ont des projets de famille, toutes doivent supporter cette présomption de grossesse.

À lire aussi : Moi, mes compétences, et… mon utérus — Témoignage

Ainsi, qu’elles aient un enfant ou non, les jeunes femmes risquent d’être mises à l’écart parce qu’on présuppose qu’elles auront envie de lever le pied (ou de mettre le deuxième en route), ou qu’elles auront nécessairement envie d’avoir un enfant à un moment de leur vie.

Mais d’une part, la grossesse n’est pas un frein insurmontable dans une carrière, et par ailleurs (et surtout !) c’est un choix personnel !

Soyons bien clair sur un point : le problème avec « la présomption de grossesse », ce n’est pas qu’effectivement, c’est relou pour les entreprises. Non. Le problème avec la présomption de grossesse, c’est que les entreprises (et globalement, la société) continuent de considérer qu’une femme qui travaille devient moins productive dès lors qu’elle a des enfants, comme le pointe très justement Nadia Daam sur Slate :

« dans l’esprit des employeurs, une femme qui devient mère sera toujours un boulet. Un homme qui devient père au cours de son contrat ne souffrira en aucun cas de ce changement. Pire, avoir un enfant quand on est un homme est toujours bon pour une carrière. »

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Alors que chacun sait que les femmes qui ont choisi de mener de front famille et carrière sont multitâches à (presque) toute épreuve

Accomplissement maternel ou professionnel, il faut choisir ?

Cette présomption de grossesse, ou l’absence due à un accouchement et ses suites, survient en moyenne entre 28 et 40 ans, soit précisément pendant la période où les jeunes cadres vont avoir les meilleures opportunités d’évolution (généralement vers 30-35 ans).

C’est souvent parce qu’elles passent à côté de ces tremplins de carrières que les femmes finissent par avoir des salaires moins élevés que leurs homologues.

Une solution pourrait être de repousser ses projets d’enfants (quand on en a), pour sécuriser l’avancement de carrière qu’on poursuit, et prendre son congé maternité une fois atteint un niveau hiérarchique et salarial confortable.

Sauf que Dame Nature se contrefiche pas mal de vos projets professionnels, et la fameuse « horloge biologique » peut compliquer la conception lorsque les années passent…

C’est pourquoi aux États Unis, Facebook et Apple réfléchissent à proposer à leurs employées un nouvel « avantage » : payer pour la congélation de leurs ovocytes, leur permettant ainsi de planifier leur grossesse quelques années plus tard (et donc profiter du pic de carrière professionnelle à l’âge « normal » des premières grossesses).

Ainsi, les femmes qui le désirent pourraient bénéficier de procréation médicalement assistée, afin de concevoir un enfant plus tard.

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Dans « Knocked up », Katherine Heigl tombe eincente mais ce n’est pas vraiment le bon moment…

Remettre la grossesse à plus tard, un progrès ?

Personnellement, cette nouvelle me laisse perplexe. J’en vois bien l’intérêt pour les entreprises et pour les concernées :

  • côté entreprises, elles ne laissent pas filer leurs talents féminins à haut potentiel
  • côté femmes, elles n’ont pas à faire le choix cornélien de privilégier leur projet d’enfants sans compromettre leurs ambitions professionnelles

Mais est-ce que cette « solution » résout vraiment le problème ?

Est-ce que le problème ne serait pas plutôt qu’on continue de faire peser exclusivement sur les femmes la responsabilité (réelle ou présumée) du foyer ?

Est-ce véritablement offrir davantage de choix et de confort aux femmes, ou ne serait-ce pas plutôt une hypocrisie ?

Qu’on soit enceinte à 30 ou à 40 ans ne devrait pas faire de différence : une femme qui entend poursuivre sa carrière et continuer à s’investir autant qu’avant de devenir mère peut tout à fait s’organiser (au cas par cas, la grossesse peut avoir plus ou moins d’impact sur l’entreprise et sur la carrière de la personne).

On peut même imaginer que plus la grossesse survient tardivement, plus les risques de complications (et donc d’absences prolongées) sont importants. pregnant-bella-grossesse-complication

Un exemple de complications pendant une grossesse

Où sont les pères ?

Mais où sont les pères dans cette équation ? Et je voudrais qu’on m’explique une fois pour toutes pourquoi seules les mères auraient envie/besoin de moduler leurs horaires ou tout simplement, de s’investir davantage dans le foyer après la naissance des enfants.

Peut-être que du temps des Mad Men, devenir père n’était qu’une bonne raison de rester plus tard au bureau (évitant ainsi les braillements du nourrisson). Mais les jeunes pères d’aujourd’hui sont de plus en plus nombreux à vouloir s’investir dans la vie de famille.

On ne parle pas ici uniquement de contrainte (garder ou faire garder les enfants), mais tout simplement de l’envie de passer du temps en famille.

Les femmes seront toujours celles qui devront prendre un congé pour mener la grossesse à terme et accoucher. Mais selon la taille et la configuration de l’entreprise, cette absence, si elle est bien planifiée et organisée, ne devrait pas pénaliser l’avancement de carrière d’une femme qui souhaite continuer à s’investir (bien sûr, si elle souhaite lever le pied, c’est son choix !)

Et le projet d’enfant n’est pas nécessairement porté uniquement par la femme, le père aussi peut vouloir s’impliquer.

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Facebook et Apple entendent offrir « un avantage » à leurs salariées américaines, j’ai plutôt l’impression qu’ils se contentent de rallonger un peu la chaîne de leur boulet. Aujourd’hui, la présomption de grossesse tend à s’estomper quand on approche de la quarantaine.

La congélation des ovocytes pourrait rallonger encore cette période de suspicion, pendant laquelle la femme peut, à tout moment, devenir mère (et donc nécessairement, une moins bonne employée ?!)

Et toi, qu’en penses-tu ? Viens en débattre sur le forum !

On propose bien des crèches d’entreprises, est-ce que la congélation des ovocytes ne serait pas la même logique, poussée à l’extrême ?

Est-ce que ton « horloge biologique » te stresse, et est-ce que la « solution » proposée par Apple et Facebook te séduirait ?

Est-ce que tu es plutôt réservée à l’idée de repousser toujours plus loin l’âge des grossesses (mais bon, cette nouvelle risquant de filer un ulcère à Christine Boutin, l’idée t’amuse quand même un peu) ?

Qu’est-ce que tu en penses ?

D’autres avis sur la question :


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Les Commentaires

41
Avatar de Aesma
1 novembre 2014 à 14h11
Aesma
@MorganeGirly
Oulàlà je savais que je m'étais très mal exprimée, pardon pardon.

Par rapport à la GPA, j'ai bien conscience que c'est une minorité de personnes qui seraient prêtes à y avoir recours alors-même qu'elles n'en ont pas besoin -Pourquoi se compliquer la vie et celle d'une tierce personne ? Y a quand même de longues démarches, un temps d'attente qui doit être assez important, plusieurs passages dans des laboratoires, recueillir les gamètes des futurs parents puis procéder à la FIV etc- mais je reste sur ma position que ce type de cas est assez limite car irrespectueux envers la mère porteuse mais aussi envers les familles qui ne peuvent pas concevoir d'enfant naturellement et ne peuvent que recourir à une GPA.ou adopter (tous les pays n'acceptant pas l'adoption par un couple homosexuel).

Si je suis parti sur le sujet de la GPA, c'est suite à l'article posté par Antha qui parlait effectivement d'y avoir recours suite à la cryogénisation des ovocytes, une grossesse peut mettre à mal ta santé d'autant plus si tu as dépassé la quarantaine.

Ce n'est pas à nous d'évaluer voire de "juger à vie" que telle femme ne veut pas vraiment son enfant parce qu'elle ne passe pas par le "fardeau" de la grossesse et refuse d'en souffrir. Les femmes qui ne veulent pas tomber enceinte et préfèrent adopter, tu estimes qu'elles ne sont pas "des vraies mères" non plus, que l'enfant est "une facilité"? Moi, je ne suis pas d'accord avec ça!

Sur ce point tu prends mon axe de réflexion totalement à l'envers justement. Qu'une femme ne veuille pas subir une grossesse et tous les désagréments qui vont avec, je comprends très bien, mais qu'elle recours à une GPA imposant donc à une autre une grossesse qu'elle refuse ça me dépasse. Si une femme ne veut pas d'une grossesse ça me paraît plus logique qu'elle adopte. Des parents adoptifs ne sont en rien des "sous-parents" puisqu'ils se chargent de l'éducation et de l'épanouissement d'un enfant déconnecté de ses parents biologiques.

Mon parallèle avec le tatouage, c'était pas forcément la douleur qui importait mais le fait qu'il y ait quelque chose entre "Je veux un bébé" et "J'ai un bébé", j'ai l'impression avec cette histoire de GPA pour des personnes qui n'en ont pas forcément besoin qu'elles ne s'impliquent presque plus, elles délèguent et puis c'est tout. C'est ça qui me dérange.

Contenu spoiler caché.
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