Je m’appelle Constance, j’ai 30 ans et je suis journaliste indépendante. Depuis plusieurs mois, j’essaie en vain de trouver un rendez-vous pour congeler mes ovocytes.
Je suis dans un parcours particulier ; il y a cinq ans, on m’a diagnostiqué de l’endométriose et des ovaires micropolykystiques. Parce que la loi bioéthique de 2021 a ouvert la congélation ovocytaire et la préservation ovocytaire à toutes les femmes cis (avant, ce parcours était réservé aux couples hétérosexuels, ndlr. ), je me suis dit que cela m’apaiserait de mettre de côté des ovocytes pour pouvoir poursuivre ma carrière.
Il y a une grosse charge mentale qui pèse sur les femmes passé la trentaine, autour du pseudo tic tac de l’horloge biologique. C’est vrai que j’y pense beaucoup. Et, même si je sais que seules 10 % des femmes qui congèlent leurs ovocytes vont les utiliser, je sais aussi que c’est une charge mentale en moins quand on est une femme trentenaire et qu’on a envie de bosser.
Une grande solidarité face à un « parcours du combattant »
J’ai donc commencé à me renseigner il y a quelques mois à ce sujet. Je vis en région parisienne et on m’avait prévenu que ça serait un parcours du combattant, mais, en réalité, c’est bien pire. Le premier centre que j’ai contacté, c’était il y a plusieurs mois. Ils m’ont demandée de rappeler en mai pour un rendez-vous en 2025. C’est ce que j’ai fait. On m’a alors dit de rappeler en septembre pour un premier rendez-vous fin 2025. En sachant que ce premier rendez-vous qu’on nous propose, c’est un premier rendez-vous pour nous expliquer ce que c’est la congélation des ovocytes et comment fonctionne notre corps… Alors que, normalement, on est à peu près déjà au courant quand on entame ce parcours-là.
Ce qui est intéressant, c’est que j’ai mis une story Instagram à ce sujet qui a trouvé un large écho. Comme d’habitude, la santé des femmes est négligée, donc des réseaux de solidarité se mettent en place. J’ai lancé un appel à témoin pour demander où d’autres femmes avaient réussi à obtenir un rendez-vous assez rapidement. J’ai eu énormément de réponses. Tout le monde se donne des conseils, il y a même des listes qui ont été mises en place avec plusieurs adresses de CECOS (Centres d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains), ces unités spécialisées dans l’infertilité implantées dans les CHU, et qui s’occupent de la conservation ovocytaire.
Je trouve ça génial que la conservation des ovocytes soit ouverte à toutes depuis quelques années, mais rien n’a été prévu. Le dispositif n’est pas prêt, on a l’impression que les hôpitaux sont surchargés de demandes et qu’ils opèrent une hiérarchisation des patientes, ce qui est normal. Plus vous avez une pathologie grave, plus vous être prioritaire, évidemment. Mais il y a aussi l’enjeu de l’âge, puisque c’est ouvert aux femmes jusqu’à 37 ans. Là, des jeunes femmes qui ont 36 ans, n’auront jamais le temps d’avoir un premier rendez-vous avant leurs 37 ans. Donc rien ne va dans cet imbroglio qui partait pourtant d’une belle idée.
À nouveau, comme dans tout parcours médical lié aux femmes, les patientes se sentent complètement abandonnées et perdent énormément de temps à trouver des centres de soin adéquats.
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