Vous aussi vous en avez gros sur la patate ? Les jours qui raccourcissent, le confinement, l’avenir flou et incertain, le retour du beaujolais nouveau…
On n’est pas les seules à avoir un petit coup de mou si l’on en croit notre ministre de la santé, Olivier Véran. D’ailleurs, le nombre de Français et Françaises en état dépressif a été multiplié par deux entre fin septembre et début novembre, selon Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé.
Coup de mou, déprime, dépression : comment faire la distinction ?
Il faut dire qu’avec la peur de la maladie pour soi et pour ses proches, la crainte de perdre son emploi, les difficultés financières, l’éloignement et l’isolement lié au confinement… Tous les ingrédients sont réunis pour qu’on passe une année 2020 bien nulle. Sans oublier bien sûr la pénurie possible de fromage à raclette !
Mais comment savoir si la déprime que vous ressentez n’est qu’un coup de mou ou si elle révèle une détresse plus profonde à prendre au sérieux ? Nous avons demandé à la psychologue Marie Lafond
de nous donner quelques conseils.
« C’est normal d’être déstabilisée et pas hyper épanouie en ce moment étant donné le contexte. Mais si ça me déstabilise à un point où je sens que je ne sais pas gérer ma souffrance et que ça me dépasse, cela doit m’alerter.
La dépression, ça vient souvent de plein de facteurs différents, c’est profond et on n’arrive pas à dire ce qui nous met mal. Alors qu’un coup de mou, c’est temporaire et on sait dire pourquoi on se sent comme ça. »
Confinement et santé mentale : grosse fatigue et troubles du sommeil
Le sentiment d’être submergée est un bon indicateur de l’état dépressif, mais il n’est pas le seul. Une grande fatigue sans cause identifiée est aussi à surveiller, comme l’explique Marie Lafond.
« Quand l’équilibre psychique s’effondre, par exemple parce qu’on ne peut pas voir les personnes dont on est proche ou pratiquer des activités qui nous font du bien, on peut ressentir une grosse fatigue qu’on ne peut pas expliquer.
Cela prend beaucoup d’énergie mentale d’essayer de retrouver un équilibre et c’est pour ça que l’aide d’un professionnel peut être utile à ce stade. »
Les troubles du sommeil sont souvent une composante de l’état dépressif. Le fait d’avoir du mal à dormir la nuit parce que le cerveau tourne en boucle et d’avoir du coup sommeil pendant la journée est par exemple assez caractéristique.
Confinement, anxiété et irritabilité
L’incertitude dans laquelle la période nous plonge peut devenir invivable pour certaines personnes qui se mettent alors à ressentir beaucoup d’anxiété et ont une humeur changeante, comme l’analyse Marie Lafond.
« C’est très insécurisant de sentir qu’on peut basculer facilement et que notre humeur est instable. On se met à angoisser pour des trucs qui ne nous angoissaient pas du tout avant.
Quand on traverse un état dépressif, on peut aussi se renfermer sur soi-même. On est moins tournée vers les autres parce qu’on est trop préoccupée par sa propre anxiété. »
Selon les personnes, l’état dépressif peut s’accompagner de troubles du comportement alimentaire ou de TOC (Troubles Obsessionnels Compulsifs). Des problèmes que l’on pensait régler ou sous contrôle peuvent ressurgir pendant cette période compliquée.
Confinement et santé malade : où trouver de l’aide ?
Si en lisant cet article, vous vous reconnaissez (ou s’il vous fait penser à une personne de votre entourage), Marie Lafond conseille d’en parler à des personnes de confiance et bienveillantes autour de vous, puis de vous tourner vers un·e psychologue ou thérapeute qui pourra vous aider.
« Même si on a l’impression que le mal être est lié au Covid et que ça va passer, ça peut valoir le coup de se faire aider. Ce n’est pas parce que c’est passager qu’on n’a pas besoin d’aide sur le moment. »
Pour trouver la bonne personne avec qui entamer un suivi, vous pouvez vous adresser à votre médecin généraliste qui connaît souvent les professionnels de confiance dans le secteur.
Et si on n’a pas le budget pour payer les consultations, on peut pousser la porte d’un Centre Médico-Psychologique (CMP) où l’on peut rencontrer gratuitement des thérapeutes, même si en ce moment, ils sont vraiment débordés et que vous risquez de devoir attendre longtemps pour obtenir un rendez-vous.
Il existe aussi dans pas mal de départements des Maisons départementales des solidarités qui proposent des consultations psychologiques gratuites, ça vaut le coup de se renseigner.
Enfin, si jamais on pense que la situation est inquiétante, avec des idées suicidaires par exemple, on peut aller voir un psychiatre directement. La consultation est remboursée par l’assurance maladie.
« Je dis souvent que le psychiatre c’est une solution pour un moment de crise, pas forcément sur du long terme. Pour gérer des émotions très fortes qui nous submergent, il n’y a parfois pas d’autres solutions que de passer par les médicaments », précise Marie Lafond.
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