En matière de relation amoureuse, j’ai toujours eu beaucoup de peine à savoir ce que je voulais exactement, ou en tout cas à accepter ce que je voulais.
Des idées préconçues handicapantes
J’avais vraiment peur que ma définition de l’amour et des relations ne soit qu’influencée par la société et tout le contenu que j’avais avalé depuis ma tendre enfance, entre Disney et les idéaux de magazines féminins lambda.
En gros, à l’intérieur j’avais vraiment envie d’être aimée pour ce que j’étais par quelqu’un et lui renvoyer la pareille, mais à l’extérieur je ne supportais pas l’idée que mon bonheur ne dépendait que de ça.
Je voulais prouver que je pouvais m’en sortir sans un homme et que je deviendrais parfaite toute seule.
Je voulais me prouver à moi-même et à la société entière (oui oui, c’était un chouia mégalo, que veux-tu, l’adolescence ne nous épargne pas) que je pouvais m’en sortir sans un homme et que je deviendrais parfaite toute seule, et complètement heureuse sans rien ni personne.
Avec ça, j’étais aussi convaincue d’être pleine de défauts tout à fait rédhibitoires et que de toute façon personne ne voudrait être avec moi à cause de toutes ces imperfections.
On mélange tout ça et ça donne une jeune fille persuadée que tant qu’elle n’a pas fait un gigantesque travail sur elle pour éliminer tous ses défauts et qu’elle n’a pas atteint une perfection ultime, elle ne pourra jamais trouver quelqu’un ainsi qu’être heureuse avec ce quelqu’un.
Des années d’errance sentimentale
Donc vu que je n’étais pas parfaite, je ne pouvais pas trouver quelqu’un de parfait, non ? Je me suis employée à me le prouver pendant bien cinq ans en enchaînant les conquêtes qui me correspondaient plus ou moins (surtout moins).
J’avais plus d’exigences concernant ma personnalité que celle de l’autre.
Je voulais être en couple donc je cherchais. Activement. Fêtes, bars, sites de rencontre. Partout, tout le temps. C’était tuant. Surtout quand tu n’arrives jamais à tes fins ou que ça s’avère ne pas être la bonne personne.
Je visais toujours des mecs qui n’en avaient rien à faire de moi. Ou alors qui me trouvaient mignonne, mais visiblement pas assez pour construire une relation avec moi.
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Ou bien je tombais sur de charmants jeunes hommes qui semblaient me dire que j’étais tout ce dont ils rêvaient mais qui me faisaient fuir très très loin.
Longtemps je me suis culpabilisée en mode « je suis une connasse cruelle qui ne sait pas ce qu’elle veut » parce qu’en théorie, ces garçons semblaient me donner exactement ce que je voulais. Sauf que ce n’était pas avec eux que je le voulais. La logique.
Je me suis bien endurcie pendant ces années et ça a aussi beaucoup contribué à savoir ce que je voulais ou pas, ça m’a permis d’affiner ma propre définition de ma « perfection » relationnelle.
Vers l’acceptation de soi… et sa valorisation
J’ai compris que ça devait être réciproque, mais genre vraiment réciproque. Qu’on devait se plaire sur plusieurs plans, émotionnel, physique et intellectuel, en plus de vouloir faire du chemin ensemble (et d’être dans le bon timing, ça joue aussi).
J’avais enfin établi une recette.
Une recette m’empêchant de culpabiliser devant des garçons qui m’offraient beaucoup mais dont je ne voulais pas à mes côtés, ou de me sentir nulle face à ceux qui n’avaient pas envie de me voir débarquer dans leur vie.
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Avec les premiers, je comprenais que l’étincelle (de celle qui te fait glousser et qui fait tout chaud dedans) était importante et avec les deuxièmes, j’ai compris que quand l’autre ne semble pas vouloir donner autant que toi, tu te barres, loin. Et vite (à moins que ce soit exactement ce que tu veux, je juge pas).
Pendant cinq ans donc, j’ai expérimenté, travaillé sur moi, changé (beaucoup) ; je me suis fait mal, je suis tombée de haut, j’ai fait du mal mais surtout j’ai avancé, coûte que coûte.
Je me suis enfin acceptée, j’ai enfin valorisé mon caractère.
J’en suis arrivée au stade où j’ai compris que je n’étais qu’une humaine avec ses défauts et ses qualités et je me suis enfin acceptée, j’ai enfin valorisé mon caractère (dans ses plus beaux et ses pires moments).
Et putain, ça m’a fait du bien, une belle grosse bouffée d’air frais alors que j’essayais depuis longtemps d’atteindre un objectif, une personnalité qui n’était pas la mienne.
Ça m’a enfin permis d’avancer — même si LA rencontre n’a pas non plus été immédiate.
Un garçon peut en cacher un autre
J’ai cru en début d’année 2016 que j’avais rencontré LA personne. L’étincelle, la connexion physique, émotionnelle, intellectuelle, tout y était. Trop beau pour être vrai. Je suis tombée follement amoureuse et en même temps dans une merveilleuse illusion.
Ce jeune homme habitait sur un autre continent (tu la sens la lose pointer le bout de son nez ?). Et malgré notre belle entente, il ne semblait pas vouloir continuer ça à distance.
Mais même quand on a dû se séparer parce que je devais retourner dans mon pays, j’ai continué à espérer — aussi parce qu’il me donnait matière à y croire. Un peu par-ci, un peu par là, juste assez pour rester accrochée.
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Il m’a fait miroiter l’espoir qu’il viendrait plus près de moi et qu’on pourrait vraiment essayer. Alors j’ai espéré. Longuement.
Même quand il a commencé à sortir avec une autre (tu sais, le truc qui d’habitude te met la puce à l’oreille) parce que je savais qu’avec elle c’était temporaire, c’était en attendant de déménager et de venir près de moi.
Et il a fini par déménager. J’étais très excitée par l’idée de notre potentielle future relation.
Mais avant tout ça, lors d’un joli week-end de mai, je suis allée faire un stage de méditation dans la campagne. Trois jours de silence, concentrée sur moi-même.
C’est à la fin du cours, juste avant de quitter les lieux, que j’ai entendu l’un des participants parler anglais avec un accent américain. Le cours se passait au fond de la campagne suisse profonde, autant dire pas le genre d’endroit où l’on croise un Américain ! Intriguée, je suis allée lui parler.
Andrew voyageait en Europe depuis quelques mois et était dans ce centre depuis environ six semaines, il cherchait à découvrir un peu plus la Suisse.
Venant d’emménager dans un nouvel appartement, et sachant combien il est difficile de trouver des logements même temporaires pas chers dans ce pays, j’ai spontanément offert de l’héberger pendant quelques jours afin qu’il puisse découvrir une autre région à moindre frais.
On a donc prévu de se revoir une semaine plus tard.
Comme une évidence
Et l’autre monsieur ? Eh bien je le sentais assez distant depuis un moment. Suite à ce cours, j’ai fait un rêve très réaliste où il rejetait symboliquement toute ma personnalité. Je me suis réveillée en pleurs et j’ai essayé de prendre contact avec lui.
Plus aucune réponse.
Il m’a complètement ghostée (et à ce jour je n’ai toujours pas de nouvelles de lui ni d’explications). J’étais extrêmement en colère et très triste : c’est difficile de comprendre quoi que ce soit quand l’autre refuse toute communication, même si, d’une certaine manière, le silence est une forme de déclaration.
Alors tout ce qu’il y avait à faire, c’était de passer à autre chose (en pleurant, méditant et en dessinant pour ma part).
Et puis Andrew est arrivé chez moi. Lorsque je suis allée le chercher à la gare, je me suis immédiatement dit : « Merde… en fait il est vraiment très très mignon celui-là ».
J’avais surtout pas envie qu’il pense que je lui avais offert le gîte juste pour le pécho, je voulais vraiment qu’il puisse passer un séjour agréable sans dépenser trop. Sans compter que la peur de me faire juger et de passer pour une fille facile était forte (merci le sexisme).
Alors j’ai juste été moi-même. Complètement moi-même. J’ai lâché prise ; qu’il se passe quelque chose ou pas n’avait plus aucune importance.
On a passé la journée à rire, à parler de tout et de rien, à se découvrir plein de points communs et à parler de nos vies. On se rapprochait de plus en plus.
Mais je ne tentais toujours rien, même si j’en avais terriblement envie ! Il a cependant fini par me signifier qu’il y avait une attirance bien réciproque en m’embrassant pour me dire bonne nuit.
S’en sont suivies des journées toujours plus merveilleuses où nous continuions à nous découvrir, à rire (beaucoup) et à faire joyeusement l’amour. Tout en sachant qu’il avait déjà son billet de retour pour les États-Unis.
On en a parlé et on était assez réalistes quant à la difficulté d’une relation longue distance. Du coup on a décidé de profiter de ces quelques semaines qui nous étaient offertes.
Une relation parfaite
On restait assez distants au début et on a fini par ne plus du tout l’être, en tombant carrément amoureux et en se déclarant notre flamme un matin au coin de l’oreiller. Cinq jours avant son départ.
Je suis consciente que de savoir qu’il y avait une date de « fin » nous a aidés à nous dévoiler rapidement l’un à l’autre et à développer des sentiments aussi vite. Plus son départ approchait, plus je me disais que ce n’était pas possible de devoir me séparer de lui.
Tout était juste… parfait. Parfait parce que simple, doux, beau. Tout coulait de source.
Malgré la barrière de la langue (heureusement, je maîtrise suffisamment bien l’anglais) qui peut parfois amener à des quiproquos, nous nous accordions parfaitement. Physiquement. Intellectuellement. Et émotionnellement.
Je n’en revenais pas d’être tombée sur quelqu’un qui semblait m’aimer moi, pour tout ce que je suis, défauts compris. Et que je ressente exactement la même chose pour lui.
Il est parfait parce qu’il me valorise et qu’il m’aime d’une façon simple et pure. On peut passer des heures à parler de n’importe quoi tout comme on peut rester dans le silence sans aucune tension et en appréciant ces moments calmes.
Au fil de nos discussions et du temps passé ensemble, j’ai découvert toutes ses qualités. Il a le même humour délirant que moi. Il est généreux, extrêmement gentil et il fait preuve d’une très belle empathie ainsi que d’une grande écoute.
Puis il a bien fallu qu’il rentre chez lui… Ça a été très dur pour moi, je l’ai vécu comme une rupture. On s’était dit qu’on continuerait à s’écrire et on verrait où ça nous mènerait tout en se disant que ce n’était pas réaliste de construire notre vie à distance.
Un lien très fort malgré la distance
J’ai eu très mal en le quittant mais on a effectivement continué à s’écrire. Absolument tous les jours. Et à se Skyper aussi souvent qu’on le pouvait. Tout en répétant que si on trouvait quelqu’un d’autre de notre côté, on en informerait l’autre.
Sauf que moi, je n’avais pas envie de quelqu’un d’autre, d’aller draguer, flirter, rencontrer d’autres mecs. Je voulais continuer à lui parler et à entretenir ce lien. Et c’était réciproque.
Au bout d’un mois, sans avoir vraiment défini notre relation mais en voulant toujours plus communiquer, j’ai proposé de venir le voir.
On a décidé de se lancer, que ce serait notre projet à court terme et qu’on verrait ce qu’il en adviendrait mais que désormais, on mettait des mots sur cette relation et qu’on était d’accord pour être exclusifs — de toute façon ni l’un ni l’autre n’avions eu envie d’aller voir ailleurs même quand ce n’était pas encore clair.
Depuis on s’est encore moins lâchés, encore plus dévoilés et nous avons créé un lien très fort malgré la distance. Lorsque je suis allée le voir, tout était évident, simple.
Je veux être avec lui, il veut être avec moi, et même si on habite à des milliers de kilomètres l’un de l’autre, on trouvera un moyen (une solution qui fait rougir ma taxe carbone).
Grâce aux technologies modernes, nous pouvons toujours communiquer : entre les messages, les appels vocaux ou vidéo, on trouve une façon d’entretenir notre relation. Et ça marche parce qu’on le veut tous les deux et qu’on s’investit autant chacun de notre côté.
On a basé notre relation sur une communication claire : si quelque chose ne va pas on en parle, même si c’est difficile. On est conscients que toute émotion peut changer et si quelque chose ne nous convient plus, on s’est promis de se le dire.
On espère qu’à long terme on pourra se rejoindre ou en tout cas être plus près l’un de l’autre, et on organise nos futurs plans dans ce sens.
La personne parfaite, c’est d’abord soi
C’est la première fois que je vis un amour si fort et si épanouissant. Et tout au fond de moi, j’ai toujours su qu’il arriverait à un moment ou à un autre.
Je suis consciente que le fait d’avoir une relation à distance en dit beaucoup sur moi et sur mes peurs, je sais que ce n’est pas non plus pour rien que je suis amoureuse de quelqu’un qui habite si loin de moi.
Ça fait aussi partie du chemin que je fais sur moi et dans mes relations de tout type. Ce que je sais, c’est que là ça me convient et je sens que j’ai peut-être besoin d’une distance afin de ne pas trop dépendre de l’autre et continuer à grandir intérieurement.
Je construis quelque chose de beau avec cette belle personne. Malgré mes peurs, mes défauts, mes angoisses, mes mécanismes de défense, malgré toutes ces choses qui me faisaient penser que je n’étais pas digne d’être aimée.
J’ai envie de conclure en disant que le plus important, c’est vraiment (mais vraiment !) de s’aimer et s’accepter soi d’abord — et pas qu’en amour.
Et putain que ce n’est pas simple. C’est du boulot, ça ne vient pas en deux minutes, c’est de la réflexion, des prises de conscience, c’est avoir du recul sur ses actes et sur soi-même. C’est constant, c’est quotidien, ce n’est jamais fini.
Mais au bout d’un moment, les résultats se font toujours sentir. La confiance en soi, c’est l’outil le plus dingue que j’ai utilisé.
On pourrait penser qu’on en devient complètement narcissique, mais non, c’est ça qui est fou : plus on s’occupe de soi, plus on a envie d’aider les autres, plus on s’ouvre aux autres, plus on ressent un amour fort et profond. En tout cas, c’est ce que j’ai expérimenté.
Et cette confiance en soi aide dans les relations amoureuses. Il n’y a pas de recette parfaite à appliquer non plus, même si je pense qu’une bonne connexion sur plusieurs plans et une envie commune de construire quelque chose peut vraiment donner un peu projet.
C’est toi qui crées ta recette au fil de tes expériences, de tes découvertes et du chemin intérieur que tu fais avec toi-même.
J’ai trouvé une personne qui me convient et une relation qui fait sens pour moi, maintenant, au stade où j’en suis dans ma vie et j’espère faire un bon bout de chemin avec lui.
Mais avant tout, j’ai compris que la personne parfaite est d’abord à l’intérieur de moi et qu’il faut aussi penser à la chérir et à lui donner l’amour qu’elle mérite.
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